Ca s’agite dans le topic musique!
J’en profite pour vous faire part de mon projet.
Je vais commencer l’étude du mouvement romantique avec mes élèves de Seconde. Pour bien leur montrer ce qu’est un mouvement culturel, j’ai l’intention de leur présenter des textes appartenent à tous les genres, la peinture romantique (Friedrich que j’aime beaucoup), des textes d’auteurs européens romantiques (anglais et allemands) et je voudrais aller plus loin en leur faisant découvrir la musique romantique.
(Gros) problème: je ne m’y connais pas des masses!
Je ne voudrais donc pas leur faire une séance complète sur le sujet, je risquerais de m’y perdre moi-même et je n’aime pas parler de ce que je ne maîtrise pas, mais leur faire écouter un extrait caractéristique de la musique romantique qui pourrait me permettre de faire un rapprochement avec les textes (l’élan lyrique en littérature / l’élan lyrique en musique par exemple, c’est ce qui me semble le plus simple).
Je fais donc appel à votre culture musicale: quel est, selon vous, le morceau le plus caractéristique de la musique romantique?
bon j’y connais pas grand chose en musique classique mais je pense que Schubert a fait de la musique romantique…du genre « Moments musicaux » de Schubert…qu’en pense les spécialistes ???
ah ben oui, je l’avais oublié ce cher Wagner !! J’adore son oeuvre « Le Hollandais Volant » (Das Fliegende Holländer, en allemand (dsl pour les éventuels fautes mais je suis débutant ! )
J’ai lu plusieurs articles sur le sujet, je connais donc les noms des compositeurs romantiques.
Je cherche en particulier un morceau, un extrait caractéristique de ce courant, quelque chose de très bref.
Il ne faut pas que tu aies peur de ça. N’oublie pas deux choses qui me semblent importantes : 1. tes élèves sont des adolescents, ce ne sont pas des enfants en bas âge, donc ils savent très bien que ni leurs parents ni leurs professeurs ne peuvent avoir réponse à tout. 2. Tous les parents traversent ce genre de situation quand leurs enfants leurs posent des tas de questions auxquelles ils n’ont pas toujours de réponse : « Papa/Maman, pourquoi le ciel est bleu? » ; « Papa/Maman, pourquoi l’herbe est verte? » ; « Papa/Maman, pourquoi les chats ont une queue? ». Tous les jours, des milliers et des milliers de parents se retrouvent dans cette situation. Ne rigole pas , tu verras quand tu auras des enfants.
Surtout les enfants à partir de 3 ou 4 ans, car à cet âge-là ils sont dévoré par la curiosité, ils veulent comprendre tout ce qu’ils voient, ils ont une imagination fertile, ils réfléchissent intensément et tirent des conclusions personnelles.
Il est donc tout à fait normal que tu ressentes du tracas, mais il ne faut pas que tu t’en fasses. Tes élèves sont des adolescents, et les adolescents savent différencier plein de choses. Ils ont appris, quand ils étaient petits, que leurs parents n’ont pas réponse à tout. De même ils savent que les profs, non plus, n’ont pas réponse à tout. Les adolescents agissent d’ailleurs pendant la plus grande partie du temps de façon raisonnable. Ce fait, à lui seul, est déjà remarquable si l’on tient compte des tempêtes émotionnelles intérieures que traversent tous les adolescents…
Je te conseille donc d’avancer pas à pas dans tes explications. Essaies de te montrer tout aussi à l’aise à des questions difficiles qu’à des questions auxquelles tu peux leur présenter quasiment sur-le-champ des réponses simples que tu as préparé. Le plus important c’est que tu restes naturelle.
Ton idée d’aborder avec eux un sujet d’une autre manière me semble une très bonne idée car ça peut être très utile pour rendre le travail scolaire vivant et intéressant.
Je me souviens que quand ma fille a étudié les indiens à l’école avec une prof. qui a voulu, un peu comme toi, leur présenter le sujet de façon vivante et captivante, plus elle découvrait de choses sur les indiens, plus elle voulait en savoir ! Dans les livres qui racontaient l’histoire des indiens, elle ne se faisait pas prier pour la lecture ! et elle demandait elle-même la signification des termes qu’elle ne comprenait pas. Elle apprenait avec intérêt la façon dont vivaient les indiens, quelles monnaies ils utilisaient, etc. Le calcul et les mathématiques cessaient d’être un cours distinct, pour devenir partie intégrante d’un sujet vivant. Le cours de géographie changeait d’aspect, le cours de sciences aussi, etc… car, comme la plupart des élèves de sa classe, elle voulait apprendre comment les indiens vivaient dans les plaines ou les forêts, quels pays ils ont traversé, comment ils faisaient pour teindre les tissus, etc.
Avec des adolescents on pense souvent que c’est délicat parce que beaucoup d’adultes ont du mal à saisir les raisons du caractère rebelle de leurs enfants adolescents. Surtout que cette rivalité vis-à-vis des parents, est souvent très intense parce que les émotions des adolescents sont des émotions très intenses, voire violentes, parce qu’un adolescent se sent prêt à entrer en compétition avec ses parents sur ce qu’on pourrait appeler son propre terrain. C’est maintenant à lui de défier le monde, de fasciner le sexe opposé, de devenir le chef de famille…
Or, et c’est là je pense que cela devient intéressant pour toi.
En effet, il ne faut pas oublier une chose : si les jeunes adolescents n’étaient pas mus par cet esprit de rébellion, il leur manquerait la motivation nécessaire pour quitter la maison familiale et faire leur propre chemin dans la vie !
C’est également cette rivalité qui peut fournir une prodigieuse puissance motrice nécessaire aux jeunes qui ont envie d’améliorer le monde, de trouver de nouvelles méthodes en perfectionnant les anciennes, de faire des découvertes, de créer de nouvelles formes d’art, etc.
Un nombre surprenant de progrès ont été réalisés, et des chefs d’oeuvre créés dans différentes disciplines artistiques juste au seuil de l’âge adulte ! Ils n’étaient ni plus intelligents ni plus capables, et manifestement moins expérimentés, que les gens plus âgés dans leur branche ! Mais ils faisaient preuve d’esprit critique à l’égard des méthodes traditionnelles, avaient un faible pour les procédés nouveaux, non encore éprouvés, et il se fait que cela suffisait souvent pour réussir. C’est ainsi que le monde progresse…
Tu pourrais, par exemple, leur raconter ce qu’ont accompli les musiciens de l’époque romantique lorsqu’ils étaient adolescents !
Ce n’est pas si facile que ça en a l’air, mais je vais faire quelques recherches dans nos disques/CDs et dans nos bouquins pour essayer de te répondre.
Bon, je viens de jeter un coup d’oeil… et après avoir mis le désordre dans nos vieux disques (ce qui devrait surement ravir mon épouse quand elle rentrera ce soir ), et m’être cassé la tête en survolant rapidement nos vieux 33 et 45 tours et CDs, je dois t’avouer ne pas trop savoir quoi te répondre , car je ne crois pas qu’il existe véritablement le morceau de musique caractéristique de la période romantique.
Je vais donc te donner une liste des morceaux qui me semblent (avis personnel - je peux faire erreur) caractéristiques de cette époque. Je pencherai pour les morceaux suivants (j’ai essayé de te faciliter le choix en ne prenant qu’un seul morceau par musicien) :
Chez Beethoven je dirai : Adagio aus der Mondschein Sonate (je crois qu’en français c’est la « Sonate au clair de lune » - j’espère que tu m’en voudras pas, mais je connais les noms en allemand, voire parfois en anglais, mais rarement les noms en français )
Chez Schubert : die unvollendete Sinfonie Nr. 7 (avant c’était la 8, maintenant c’est la 7, donc des fois ça peut prêter à confusion…)
Chez Mendelssohn : Violinkonzert op. 64
Tiens, d’ailleurs : la musique - que tes élèves ont certainement déjà entendu - que l’on passe lors des cérémonies de mariage est de lui (elle est tiré de : Sommernachtstraum op. 61 => Hochzeitsmarsch) Je suis sûr que 99% des élèves (voire même 99% des parents qui se sont mariés !.. ) ne le savent pas.
Chez Chopin (pour prendre un français) : Fantaisie Impromptu op. 66 (ou bien Concerto pour piano Nr. 2 op. 21 - le choix est difficile !!!)
Chez Liszt je ne sais pas trop quoi te conseiller car je ne sais pas si tes élèves aimeront, même si Liszt était un véritable magicien du clavier quand il jouait au piano… mais c’est un peu comme Chopin : on aime ou on aime pas, donc je ne sais pas si je dois te le conseiller.
Chez Tchaikovsky : der Schwanensee (par exemple le morceau d’introduction) ou bien der Nußknacker (par exemple le Blumenwalzer)
J’en ai oublié beaucoup malheureusement… Wagner, Verdi, Offenbach, Bizet, Fauré et j’en passe… Tiens chez Offenbach il y a la Barcarole des Hoffmanns Erzählungen, mais c’est peut-être un peu trop classique… je ne sais pas… je ne sais plus maintenant !
Je crois que je vais arrêter de chercher, car je n’ai plus vraiment d’inspiration pour le moment… mais c’est vrai qu’un morceau de piano par exemple ce serait surement une bon choix car c’était un instrument de prédilection chez les romantiques. Mais, bon dieu que le choix est cornélien !!! Surtout que tu sembles chercher un morceau pas trop long et caractéristique en plus… mmhhh…
Bon, peut-être que j’aurai d’autres Einfälle plus tard. A+!
Y a-t-il des aspects que tu souhaites privilégier ? Car, si ton idée me paraît excellente (j’avais un prof de lettres qui essayait, comme toi, de nous accompagner dans des incursions dans les autres modes d’expressions - musique, peinture, etc. - et c’était génial), je trouve aussi qu’elle est ambitieuse. Dans ce domaine, chosir un morceau veut dire en même temps exclure bien des choses.
Je m’explique (tout en sachant que tu connais beaucoup mieux que moi ce terrain, sur lequel je m’aventure). La musique romantique est un courant qui s’étale sur presque un siècle, en conséquence il rassemble plusieurs générations d’artistes, confrontées à une réalité historique chaque fois différente. Qui plus est, c’est un mouvement à caractère national prononcé.
En littérature, l’oeuvre de Novalis et celle de E.T.A. Hoffmann sont romantiques, mais très différentes. Chacune est représentative d’une génération d’artistes et d’une aire géographique particulières (en rajoutant des noms comme Coleridge ou Châteaubriand, l’on introduirait encore d’autres variables). Je doute que pour la production musicale l’on puisse dire de même. À mon avis il y a une distance énorme entre Wagner et Beethoven ou entre Chopin et Berlioz.
Je trouve néanmoins qu’on ait déjà eu de très bonnes idées de titres au cours de ce fil. J’y rajouterais quelques Lieder. Le Lied, qui est souvent une composition assez brève, est un genre qui a connu son essor à l’époque romantique. Schubert a écrit des cycles de Lieder merveilleux (comme la Winterreise). Il y en a aussi un de Brahms, Gestillte Sehnsucht, qui pourrait faire l’affaire.
Si ton choix devait tomber sur Liszt, tu pourrais éventuellement leur proposer la Méphisto-Valse (on peut la mettre en relation avec le Faust, mythe emblématique du Romantisme) ou Carnaval à Pest , la 6è des rhapsodies hongroises, qui bien illustre un aspect du Romantisme, notamment la recherche de l’inspiration dans la culture populaire.
Je suis bien consciente de la difficulté de faire un choix, je rencontre le même problème en choisissant mes textes. On pourrait passer un trimestre, un an à parler du Romantisme, mais, les programmes scolaires étant ce qu’ils sont, je ne peux y consacrer que 3 semaines et 2 jours.
Si, après la séquence, mes élèves connaissent les principaux thèmes romantiques, connaissent des noms de plusieurs auteurs, ce sera un succès pour moi! Je ne peux pas faire un cours exhaustif, de toute façon, les élèves se lasseraient. Même si le mouvement est très complexe, les choix sont nécéssaires (j’essaie tout de même de dépasser les lieux communs).
Je pense que le morceau pourrait les marquer encore plus que les textes ou les tableaux, voila pourquoi j’aimerais qu’il soit caractéristique, tout en étant bien consciente que ce n’est pas possible.
Je vais relire et imprimer vos messages et je reviens vous dire bientôt ce qu’il en est de mon projet!
@Pottasleikir: J’aimerais faire un parallèle avec la littérature, l’idée de leur présenter une adaptation de Goethe ou d’Hoffmann pourrait être une bonne idée. Sinon, j’avais pensé à l’élan lyrique, dont on va parler en poésie, et qu’on doit retrouver en musique.
Bien que je ne connaisse pas beaucoup de choses en la matière, moi aussi, c’est spontanément aux Lieder de Schubert que j’ai pensé en voyant ta question.
Après avoir longuement réfléchi, j’hésite encore entre un extrait d’Etude revolutionnaire de Chopin et un poème symphonique de Liszt, d’après Victor Hugo.
Je penche plutôt pour le 2e, je vais aller demain à la FNAC pour voir si je le trouve en cd.