La nouvelle gloire du cirque maudit de l'ex-RDA

[i] Le cirque Probst, dépossédé et persécuté par le régime de la République démocratique allemande, a eu bien du mal à élever de nouveau son chapiteau après la réunification. Son apparition au festival de Monte Carlo le ramène dans la lumière.

Poneys, chèvres, cochons et poules ont donné toute satisfaction sous les yeux du prince Albert II de Monaco et de sa femme Charlène. Guidés doucement par Mercedes, la fille de Rudolf Probst, fondateur du cirque, et Alexandra, sa petite-fille, les minichevaux ont marché en formation et les chèvres se sont dressées sur leurs pattes arrière. Rudolf Probst n’était pas là : il est tellement malade qu’il était hors de question qu’il fasse le déplacement jusqu’à la principauté de la Côte d’Azur.

Cette invitation au Festival international du cirque de Monte Carlo [qui s’est déroulé du 19 au 29 janvier] représentait pour les Probst une sorte de distinction après les persécutions qu’ils ont subies à l’époque de la République démocratique allemande (RDA). Fondé en 1945, le cirque Probst, originaire de Stassfurt, près de Magdebourg, était l’un des trois cirques privés de la RDA. Le régime a cherché pendant des dizaines d’années à le détruire. « Probst était meilleur que le cirque d’Etat », se souvient Monika Probst, 69 ans, la directrice, qui a épousé Rudolf en 1959. Celui-ci est arrêté une première fois en 1953. Monika ne sait ce qui s’est passé que par ouï-dire. Rudolf Probst est alors mis en détention pour fraude fiscale – un chef d’accusation monté de toutes pièces – et son cirque confisqué. Monika était là lors de sa deuxième arrestation en 1973. Les sbires du régime emmènent son mari, il est condamné pour trafic de devises et plusieurs délits douaniers. Il ne sera libéré que vingt-huit mois plus tard. Les autorités dépouillent la famille de ses biens.

Le n°1 d’Allemagne de l’Est

Monika Probst se retrouve seule pour s’occuper de leurs trois enfants et des cinq chevaux. Les éléphants que Rudolf avait achetés lors d’une tournée en Hongrie et dont l’introduction dans le pays avait été considérée comme un délit, sont confiés par les autorités au zoo de Magdebourg, les loups sont abattus. Les Probst n’ont jamais récupéré les sommes qu’ils avaient à la banque de Stassfurt. « J’étais millionnaire », se souvient Monika qui dirigeait l’établissement pendant les belles années d’avant 1973. Pourquoi Rudolf Probst n’a-t-il pas renoncé après le traumatisme de la prison ? « Le cirque était sa vie, il ne savait rien faire d’autre », confie Monika. En 1981, le cirque renaît des ruines de l’expropriation et repart pour la première fois en tournée.

« Le n°1 d’Allemagne de l’Est ». C’est ainsi que le cirque Probst se qualifie aujourd’hui. Avant, à l’époque socialiste, époque où le cirque était officiellement considéré comme une forme d’art et soutenu par l’Etat, Probst devait faire face à la concurrence du cirque d’Etat subventionné. Des cirques Busch, Aeros et Berolina, qui furent réunis en 1960 sous le nom d’Entreprise populaire du cirque central, lequel fut rebaptisé cirque d’Etat de la RDA en 1981, il ne reste que le nom. Le cirque Probst a en revanche survécu non seulement aux persécutions des fonctionnaires du ministère de la Culture mais aussi à la réunification. Peu après la chute du Mur, les Probst ont occupé leur ancien terrain de Stassfurt qui a fini par leur être officiellement restitué après des années de procédure. [/i]

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J’aime le cirque. :smiley: :top:

Très mal vu, les rares entreprises privées en RDA, qui avaient résisté à la vague de regroupement en VEB (entreprise nationalisée) dans les années 60 et 70. Il fallait avoir les reins très solides, et aussi de solides accointances avec des personnalités influentes. Sinon…

Intéressant autant pour ce qu’ils font maintenant, que pour leur histoire.
Une entreprise privée en RDA, c’est déjà un exploit (qui renvoie à la manière dont les entreprises ont été nationalisées pas tout d’un coup mais dans le temps, au début des années 50 il restait encore des dizaines de milliers de PME en RDA).