Certains d’entre vous connaissent sûrement déjà le film de Haneke avec Isabelle Huppert et Benoît Magimel : La pianiste / Die Klavierspielerin. Le bouquin est encore mieux ! L’auteur autrichien s’appelle Elfriede Jelinek, elle est assez spéciale dans son genre. Féministe et dramaturge, elle a obtenu le prix nobel de litérature en 2004. Ses bouquins ne dévoielent que peu d’émotion, sont mécaniques et le style est très dur. La pianiste, à ne pas confondre avec Le pianiste, serait en partie autobiographique (oui, oui, cela fait froid dans le dos !)
Synopsis et critique
Erika est professeur de piano à Vienne, faute d’être devenue une musicienne de talent. Elle entretient une relation amourt/haine avec sa mère et une relation sado-masochiste avec l’un de ses élèves. L’autodestruction est au coeur du récit, les personnages sont des caricatures déformées de la société. Dans cette société masochiste, la femme est constamment rabaissée par rapport à l’homme, elle est la voiture cassée que l’homme, le mécanicien, répare. Les relations amoureuses et familiales sont ici déconstruites et mécaniques, sans émotions aucune. La musique est vue comme un acte de dressage. La destruction du corps féminin est des plus malsaines. Bref, pas joyeux joyeux, mais hyper intéressant au niveau du style et au niveau de la position de l’auteur par rapport à l’homme et la femme, à la mère et à la fille. Je dois dire que la lecture tout comme le visionnage du film réveillent un certain malaise, mais le style est tout simplement brillant.
Merci pour ta très belle contribution!!! Je n’ai pas vu le film , car j’ai du mal avec le cinéma de Haneke, qui ces derniers temps consiste surtout à faire jouer des grosses pointures du cinéma français.
Pour moi aussi beau son cinéma soit-il, ce genre de cinéma n’est pas germanique, mais une transposition dans un univers bien français ou il s’agit d’un cinéaste autrichien qui fait du cinéma français à partir d’œuvres germaniques.
Pour en revenir à la « pianiste » ou plus exactement « die Klavierspielerin » me concernant, j’ai acheté le bouquin car le parcours de l’écrivaine, fémininiste autrichienne, le titre et le résumé de l’histoire m’avait séduit.
hélas en version numérique cette année, par la filiale allemande de l’enseigne étasunienne mais je n’avais pas encore trouver le temps de lire vraiment. Heureusement j’ai pu aussi me procurer le livre audio lors de mon séjour autrichien…Tant que possible je profite de mes séjours dans des pays germaniques pour éviter cet enseigne.
Ta contribution m’a donné envie de lire et d’écouter le livre et de vite livrer mon impression … Disons, quelques semaines
De rien, cela me fait plaisir ! Tu as vu « Der weiße Band » de Haneke ? Si non je te le recommande Eh bien donne moi ton avis lorsque tu auras fini le bouquin, ca m’intéresse ! En allemand ou en francais ? Bon, je te préviens quand même, le style est hyper difficile, faut s’accrocher un peu !
Oui, merci du conseil de film, cela tombe d’autant bien que le mois prochain, je repars à Vienne pour quelque jours .
Pour la Klavierspielerin, je le lirai en allemand, puisque je ne l’ai qu’en allemand, livre numérique et livre audio… Autant que possible je préfère toujours lire en langue originale, et je m’accompagne de la musicalité de la voix pour aider la lecture en langue étrangère…Lire uniquement en français des livres allemands serait pour moi, un peu comme regarder un film allemand doublé, c’est tout simplement insupportable.
Sauf justement pour les films qu’Haneke a tourné avec des grands acteurs français, où il me serait justement insupportable de les voir en allemand.
Et bien sûr ce n’est que la perception que j’ai maintenant de la lecture, après plus de 40 ans de passion pour la langue et la culture allemande, ….Evidement il vaut mieux lire les auteurs étrangers rien qu’ en français que de ne pas les lire du tout!!!. De plus ce n’est pas parcequ’un livre est traduit qu’il est forcément plus facile à lire
… Quant aux films, même enfant j’ai toujours préféré les films sous-titrés en langue française aux films doublés, maintenant je suis très heureuse qu’il existe aussi les sous-titres dans la langue originale pour malentendants.
Je reviens un peu sur le roman.
voici ici un extrait du livre en français:
C’est court mais les commentaires des lecteurs ne manquent pas sur internet
Pour la version allemande, on rajoute Leseprobe au nom de l’auteur et au tire en allemand, et le tour est joué… Et là l’éditeur a été plus généreux : 15 pages
En fait j’ai pas le livre audio, dommage d’ailleurs, sinon je l’aurais déjà fini , mais j’ai juste le e-book
Oui, je me souvenais qu’il s’agissait de rapports mère-fille dominatrice-dominée, une fille inhibée à la sexualité pour le moins perturbée mais je ne me souvenais pas du tout que le ton du livre était si violent. . Bon voilà j’ai préparé le terrain. Et Schnuffi, je te donne RDV dans 10 jours dans cette rubrique
Tu as de la chance d’aller à Vienne, il paraît que c’est une ville magnifique et culturellement parlant intéressante. Concernant la traduction, cela dépend apparemment - mon bouquiniste préféré à Berlin me dit toujours que parfois les traductions sont meilleures que les textes d’origine Perso j’ai lu le bouquin dans les deux langues et j’ai remarqué que j’avais manqué pleins de détails importants de l’histoire en allemand. Mais bon c’était sûrement dû à mon niveau d’allemand et de vocabulaire qui était moindre à l’époque ! C’est vrai que sinon certaines subtilités de la langue tendent en général à disparaitre avec la traduction. Et 40 ans de passion pour la langue allemande pour toi, je dis chapeau ! Moi ca fait 10 ans, j’ai encore beaucoup à apprendre
Merci pour l’extrait, il s’agit du début alors oui j’attends ton avis dans 10 jours - c’est un sacré challenge de le lire en si peu de temps, j’ai hâte d’avoir ton avis
Ta démarche est encore mieux!!! Je l’ai fait dernièrement pour Darm mit Charme|Le charme discret de l’intestin de Giulia Enders.
En fait une réduction me permettait d’acheter à la fois le livre audio et l’e-book allemands, mais c’était trop dur de bien comprendre avec tous les termes un peu techniques puis ce n’est pas un lecteur pro qui lit mais la jeune auteure. Alors, je me suis rachetée le bouquin papier en français.
L’allemand je l’ai appris au collège à l’âge de 10 ans et je n’ai jamais arrêté depuis, mais tout comme toi, j’ai encore beaucoup à apprendre et j’apprendrai toute ma vie et je détesterais l’idée de n’avoir plus à le faire.
Les 10 jours, c’est un défi pour m’empêcher de chercher trop les mots manquants dans le dictionnaire, puisque je ne pourrai pas me laisser guider par le livre audio. Mais j’ai déjà bien préparé ma lecture (déjà commencée) grâce à ta rubrique
Oui j’ai hâte de retrouver Vienne. Mais tu as bien de la chance de vivre, j’y ai vécu vraiment toute petite, y ai fait des séjours réguliers pour mon ancien travail et j’ai encore l’occasion d’y retourner. Maintenant cela fait presque 4 ans, et je dois dire que cette ville me manque beaucoup…
Je n’ai pas lu Darm mit Charm, mais j’ai vu quelques vidéos de cette jeune auteur et slameuse, c’était raconté avec beaucoup d’humour . Perso j’ai commencé l’allemand à 14 ans et pareil cela ne m’a pas quitté ! je ne remercierai jamais assez ma première prof d’allemand qui m’a donné la fièvre d’apprendre cette langue Quel a été ton déclic ?
Quelle ville te manque ? Berlin ? J’avoue adorer cette ville pour sa diversité culturelle !
Oui j’avoue, Berlin me manque. Cependant c’est une ville où j’adore retourner mais plus la ville allemande où j’aimerais vivre le plus.
Concernant Darm mit Charme
Clique : ICI pour la rubrique sur le livre sur notre forum
et ICI
pour l’échantillon de lecture en allemand
Quant « à la pianiste » je pense que tu avais raison, j’ai sous-estimé le temps de lecture. Les rapports entre la mère et la fille sont très complexes… Pas si sûr que la fille soit toujours si soumise, et que la mère soit toujours le tyran…Donc mes impressions de lecture viendront plus tard, mais elles viendront
J’avais promis de vous faire part de mon ressenti sur ce livre donc je m’acquitte… J’ai longtemps hésité car il est difficile de dire qu’un livre on l’a aimé et détesté à la fois . A la lecture de ce livre je me suis demandée si Elfriede Jelinek n’était pas quelque part une misogyne refoulée à tendance lesbique, mes mots se contredisent n’est-ce pas ???..Les mots allemands je les ai aimé grâce à la distance linguistique, mais pas pour l’histoire dont je connaissais déjà l’aspect malsain montré par la présentation du film.
Je suis contente d’avoir lu le roman en allemand, car en français, je ne sais pas si j’aurais pu lire un tel roman… Je salue d’ailleurs la pudeur de l’interprétation d’Isabelle Hupert, et d’Annie Girardot au cinéma.
Ceci dit cela n’empêche pas les talents de cet écrivain(que je n’oserais qualifier d’écrivaine) à décrire l’innommable, mais tout de même un peu trop scatologique.
Le film entre temps je l’ai vu (un emprunt de bibliothèque), et aussi bizarre que cela puisse paraître j’ai préféré le voir en allemand…
J’ai préféré rapprocher les personnages de la démarche de Jelinek, un univers autrichien, plutôt qu’à celle de Haneke d’y faire jouer des acteurs français…
« une misogyne refoulée à tendance lesbique » ahahahaah, j’aime beaucoup ! C’est vrai que l’auteur est totalement contradictoire, on dirait qu’elle prend un malin plaisir a torturer les personnages féminins et à réduire les homems à leur instinct les plus grégaires… Donc féministeet hyper fataliste - elle n’aime décidément pas les hommes non plus !
Innomable est effectivement le mot, mais je ne le trouve pas scatologique (ou alors je ai refoulé cette partie de ma mémoire )
Par contre j’adore les acteurs francais, et Isabelle Hupeprt est juste parfaite dans ce rôle.
Scatologique est sans doute exagéré mais ce n’est que mon impression, les fellations de l’héroïne Erika envers son jeune amant je les trouve plus de l’ordre d’une invitation à un rapport masoschiste et scatologique qu’à une relation amoureuse, de même son rapport à la sexualité. Le sang est aussi pour moi une vision scatologique même si elle est indirect.
Pour ce qui est des acteurs français, de toute façon M. Haneke ne sait que s’entourer que d’acteurs français prestigieux… Le jeu des acteurs n’est pas l’objet de ma remise en question.
J’apprécie Isabelle Hupert depuis « les Valseuses », et en plus elle a la sensibilité des langues, ayant elle-même étudié les langues slaves.Quant à Madame Girardot, énorme oui mais cela dépend des films.
Mais bon, pour avoir le total plaisir d’écouter ce film avec le dialogue réel des acteurs, j’aurais préféré un scénario réécrit plus adapté à un monde un peu plus français… Mais là n’était pas ma démarche, je cherchais surtout à découvrir la transposition à l’écran faite par un cinéaste autrichien d’un roman se passant en Autriche d’une romancière autrichienne . De toute façon même en allemand, le jeu et la présence des deux actrices principales et même de celui jouant l’amant étudiant y sont…
Hélas, force de constater que des situations de tortures physiques ou mentales des parents envers les enfants utilisant le piano comme objet central, font hélas aussi partie d’une réalite de faits en France