6h30. Seul le ronronnement de l’aspirateur vient troubler l’ambiance feutrée d’Artemis, le plus grand bordel de Berlin. « 4 000 mètres carrés de détente et de plaisir » ouverts de 11 heures à 5 heures du matin.
Marina Ludwig, 45 ans, attaque son service matinal d’entretien. « C’est sûr, au début, il faut s’habituer, ne pas trop penser à ce qu’on nettoie », souligne-t-elle sans rire. « Mais les filles sont sympas. Et puis le salaire est très bien. »
Pas un bordel, mais un club de « culture du corps libre »
Ouvert en 2005 par un entrepreneur turc avisé, Haki Simsek, l’immeuble gris en contreplaqué, aux faux airs de centre commercial, se niche en bordure d’autoroute dans la banlieue ouest de la capitale allemande, qui compte quelque 700 bordels.
A l’intérieur, l’ambiance est davantage parties fines que poids lourds : lumière tamisée, peintures Renaissance italienne et double vitrage. Sans oublier les deux cinémas et « l’espace wellness » offrant aux habitués hammam, massage ou saunas.
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En Allemagne, les prostituées payent une taxe de trottoir.
A Bonn, les parcmètres pour filles de joie rapportent 250.000 euros par an à la municipalité de l’ancienne capitale allemande.
Les efforts de rigueur visant à assainir les finances de l’État n’épargnent personne outre-Rhin. Ainsi, l’ancienne capitale d’Allemagne de l’ouest, Bonn, a décidé de pérenniser ses «parcmètres» mis en place dans le cadre d’une taxe municipale sur la prostitution. Grâce à la «Vergnügunssteuer», la «taxe sur le divertissement», la municipalité a engrangé 250.000 euros en 2011.
La ville avait introduit cette taxe, début 2011, pour combler partiellement le manque à gagner résultant le baisse de la TVA sur les nuits d’hôtels. Et elle avait justifié la mise en place d’automates par le fait que les prostituées faisant le trottoir étaient plus difficiles à imposer que celles exerçant dans des maisons closes. La prostitution est une activité professionnelle légale en Allemagne et ses revenus sont donc imposables. Pour exercer leur profession en toute légalité dans la rue, les péripatéticiennes de Bonn sont tenues de payer six euros par nuit de travail… peu importe le nombre de clients. Le ticket est valable de 20 heures à 6 heures du matin. En cas de fraude, elles peuvent être sanctionnées par une amende allant jusqu’à 100 euros.
Bonn n’a fait qu’imiter Francfort et Cologne, où une taxe sur la prostitution de rue avait déjà été adoptée. Mais l’ancienne capitale a innové en bricolant un parcmètre pour le transformer en automate à distribuer le ticket fiscal. Avant la mise en place de la taxe municipale sur la prostitution, le service des impôts de la ville tablait sur 300.000 euros de recettes par an, mais cet objectif avait été revu à la baisse en mars à 200.000. Avec 250.000 euros, «nous sommes satisfaits et nous allons donc poursuivre avec cette taxe», se félicite la municipalité. La mairie estime à environ 200 le nombre de femmes travaillant occasionnellement dans les rues de Bonn et à une vingtaine, en moyenne, les prostituées régulières.[/i]