Après être tombée des nues pour les voyages (pour moi c’était zéro sauf à être membre (haut placé) du parti, quelle surprise qu’en réalité les Allemands de l’Est pouvaient aller voir leur famille à l’Ouest avec certaines précautions de la part des autorités), j’aimerais savoir quelles étaient les réalités des communications : courrier, téléphone,… entre les familles.
le discours officiel : pas de téléphone par exemple entre Berlin Est et Berlin Ouest. mais dans la réalité ? coups de téléphones possibles mais avec écoute et censure ?
et le courrier ? jusqu’à quel point le mur gardait-il une certaines porosité ?
j’ai trouvé dans des archives, des plans de métro de Berlin, un édité à l’est (la partie ouest est tout simplement inexistante) et un à l’ouest (les 2 parties sont bien indiquées).
merci pour toutes les personnes qui ont une expérience perso.
On pouvait très bien téléphoner de Berlin-Est à Berlin-Ouest, avec un indicatif spécial (849) en automatique. L’indicatif pour Berlin-Est depuis l’étranger et Berlin-Ouest était le 00372.
Effectivement, il n’y avait pas de liaison téléphonique entre les deux parties de la ville entre 1961 et 1971, date du traité sur les bases des relations. Seule la Reichsbahn avait un réseau téléphonique interne, puisque ses trains desservaient toute la ville. Au début, après 1971, les communications téléphoniques entre Berlin-Est et Berlin-Ouest se faisaient encore manuellement.
Il y avait bien entendu très peu de lignes disponibles. Quand on téléphonait à l’étranger (l’indicatif au départ de la RDA était le 06, ou 849 pour Berlin-Ouest), on entendait distinctement un petit « clic » qui indiquait une mise sur écoute. On savait donc à quoi s’attendre.
Le courrier passait sans problème. Naturellement intercepté et lu, puis recollé. Il allait plus vite dans le sens Ouest-Est que dans le sens Est-Ouest. La Stasi était donc au courant de tous les contacts, y compris la correspondance très suivie du « Concert des auditeurs » sur RIAS.
merci.
voilà encore un truc pour lesquels il faut se méfier d’Internet où l’on lit « les lignes téléphoniques entre Berlin Ouest et Berlin Est étaient coupées et ne furent rétablies qu’après 1989 » et plein d’autres choses comme cela qui interfèrent avec le témoignage de personnes qui viennent de l’Est. encore qu’à l’heure actuelle, plus de 20 ans après la chute du mur, je peux tout de suite deviner si mes interlocuteurs ou les parents de mes interlocuteurs étaient plutôt des gens du Parti (cela ne préjuge en rien ce qu’ils font aujourd’hui, mais parfois il y a une grande capacité à entrer dans le système quel qu’il soit) ou des dissidents, rien qu’à leur perception des choses (parfois diamètralement opposés pour un même pays et même la même ville).
Curieux.
Cela impliquerait une forme de déterminisme et l’impossibilité pour les individus de se soustraire à l’endoctrinement vingt ans après.
Je suis septique.
Comme une fosse, fifititi.
Tu dis ça à cause de la dernière phrase de LALILOU ? Je ne l’ai pas du tout compris comme toi. J’ai compris qu’elle déduisait des conditions relatées par une personnes (bonnes ou mauvaises) si cette personne avait été du Parti (= condition favorisées) ou dissidente (= conditions défavorisées).
Ceci dit LALILOU, même si ça peut jouer un rôle, il ne faut pas tomber dans une opposition trop simpliste : il n’y avait pas que des membres du parti et des dissidents, dans le bloc de l’Est. Je crois même pouvoir dire que ces gens là étaient une minuscule minorité. La plupart étaient juste des gens comme tout le monde, qui s’intéressaient plus à leur assiette ou à leurs vacances qu’à la politique. Et parmi ces gens-là aussi les témoignages sont très disparates. Ma belle-famille, ce sont des ouvriers tout ce qu’il y a de plus simple, ni encartés ni dissidents, et pourtant ils ont très bien vécu sous le communisme et en sont bien entendu quelque peu nostalgiques. Les paramètres sont variés et il n’y a pas que la sociologie, mais aussi l’époque et la géographie (après je ne sais pas si ces deux facteurs entraînent autant de variations en RDA qu’en URSS). En URSS, il me semble évident que les dernières années ont été bien bien meilleures que les premières (ou même les intermédiaires). Et ma belle-famille a connu très peu de restrictions, mais sur la même époque, des amis de Moscou en ont connu de très importantes : ma belle-famille habitait dans la province ukrainienne, mais une région très « riche » et importante économiquement. Alors on peut supposer que certaines régions étaient privilégiées par rapport à d’autres, mieux approvisionnées. Mais je n’ai pas suffisamment creusé le sujet pour pouvoir être formelle !
Oui, c’est exactement cela auquel je pensais Sonka.
Je pense comme toi. Il n’y avait pas d’un côté que des membres du Parti et de l’autre des dissidents.
L’histoire de l’URSS puisque tu en parles ici, a largement démontré la fausseté de telles affirmations puisque le NKVD devait remplir des « quotas » d’arrestations pour atteindre les « objectifs » fixés par Staline (lire le très instructif « Archipel du Goulag » d’Alexandre Soljenitsyne lui-même victime d’une arrestation arbitraire en 1945 etc…)
Gardons-nous aussi de tout angélisme. Même si nous avons pu éprouver de l’empathie (qui est je le répète une grande qualité humaine) pour l’agent de la Stasi Gerd Wiesler dans le film « La vie des autres » la réalité était autrement moins romantique et aussi beaucoup plus complexe comme pourra nous le confirmer Andergassen.
Ainsi je suis très septique à l’idée que nous pourrions reconnaitre un dissident ou un membre du parti « au nez » en quelque sorte.
Et puis n’est pas dissident qui veut.
J’exprime bien sûr ici une opinion strictement personnelle.
les réalités sont complexes aussi selon les pays du bloc de l’Est (et pas que selon la partie de l’URSS).
bien sûr qu’il n’y a pas eu que des membres du Parti ou des dissidents (mais ceux qui avaient certains « avantages » (voiture, possibilité de voyages à l’étranger ou simplement … boulot fixe) ont souvent une vision plus nostalgique, parce que la levée du rideau de fer n’a pas eu que des avantages pour tout le monde, notamment pour les ouvriers qui ont découvert le chômage (en réalité depuis un peu avant la chute, déjà du temps de la Perestroïka) ou pour ceux qui avaient besoin de soins (l’ultra-liberalisme qui a suivi n’arrange pas ceux qui ont une santé fragile et dont les assurances privées ne veulent pas).
je ne crois pas qu’il y ait un « déterminisme ». ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.
mais la manière dont cette époque a été véçue est déterminante pour l’émergeance d’une certaine nostalgie ou pas.
je ne me fie qu’à des expériences personnelles, des discussions eues avec des gens qui ont véçu là-bas et ont eu des parcours très différents, donc je ne prétends pas avoir une vision exhaustive.
cet intérêt a commencé même avant la chute du mur, puisque j’ai bossé dans une boite qui a décroché un contrat avec l’URSS pendant la période de la perestroïka. par contre je n’ai jamais été à l’est avant la levée du rideau de fer (j’avais de très jeunes enfants et on n’en a dissuadé à tort ou à raison pour des raisons logistiques). je connais d’ailleurs mieux les pays « périphériques » que l’ex-URSS.
La chute du mur a mis a nu la réalité du chômage en RDA : que l’on travaille ou pas, on était payé. Un emploi, quel qu’il soit, était garanti par la Constitution.
Le chômage pouvait avoir aussi une cause technique : un fournisseur en amont qui avait des problèmes de production et de livraison, et c’était toute la production d’un combinat qui s’arrêtait.
L’absentéisme touchait surtout les femmes. Si sur le papier 85 % des femmes étaient actives, elles restaient souvent à la maison si leurs gosses qui allaient à la crèche étaient malades, pour éviter la contamination. Et les gosses étaient souvent malades, à cause des courants d’air entre des salles surchauffées (on ignorait le thermostat en RDA, et pour baisser la température d’appareils vétustes chauffant à tout berzingue, il n’y avait qu’une solution : ouvrir les fenêtres et faire des courants d’air).
L’alcoolisme, la paresse, le manque d’intérêt pour le travail : à quoi bon se fatiguer si on était payé, de toute façon ? Et dans le bâtiment, fer de lance de la propagande (la RDA manquait de logements), les ouvriers étaient très bien payés, et c’était pour certains la possibilité d’obtenir un logement à Berlin, qui était privilégiée en termes d’approvisionnement et de réception des médias occidentaux. Dans les cités périphériques de Berlin-Est, les rues portaient (et portent toujours) le nom des villes d’où était originaire la brigade, en formant ainsi des quartiers « provinciaux ».
Sans compter, dans les bureaux et les administrations, la pléthore d’employés aux fonctions mal définies.
Après le démantèlement des combinats et le rachat par la Treuhand (administration fiduciaire transitoire) des unités de production viables, la cause était entendue. Ceux qui voulaient vraiment travailler et évoluer avaient de toute façon trouvé à temps le filon à l’ouest, dès la chute du mur, par le biais de connaissance ou de la famille. Le reste…
le chômage non-rémunéré et la fuite à l’ouest des cerveaux (ou des petits malins) n’ont pas attendu le 9 novembre (le premier pour cause de caisses vides et de lourdeur administrative, le second à cause des « fissures » dans l’étanchéité du mur dès le printemps 1989).
au départ, la manière de travailler des techniciens en URSS, je l’ai surtout vu par le témoignage de mes collègues qui rentraient de mission complètement démoralisés par les inerties.
mais j’ai moi-même dû travailler avec un photographe « transfuge » (donc quelqu’un qui était volontairement venu à l’ouest pour « échapper au système ») : toute une rééducation au travail et aux objectifs à atteindre, même s’il était assez doué artistiquement parlant (même souci avec une collaboratrice slovaque quelques années plus tard qui voulait être libre de travailler comme elle l’entendait : à force de répéter « liberté » on en oublie qu’elle a aussi ses contraintes, même en Occident).
c’est comme pour cette histoire du 9 novembre. nous qui avons (pour la plupart) vécu tout cela en direct, est-ce que le 9 novembre quelqu’un s’est dit « c’est le jour où tout change ». c’est un moment clef dont après on a fait tout un plat, parce qu’il était sans doute visuellement plus symbolique qu’un autre. mais cela a commencé bien avant et au 10 novembre et même fin décembre, il y avait tout de même encore 2 Allemagne avec 2 systèmes très différents.
Sur le plan des infrastructures, la réunification ne serait terminée qu’il y a quelques années (routes,…), juste au moment où les ossies et les wessies commencent à s’envoyer des insultes à propos de qui est responsable du grand chamboulement de ces 20 dernières années (la chute du mur, l’euro, la guerre du golfe en vrac dans la vindicte populaire).
Pour quelqu’un qui comme moi aime à ce point travailler la RDA aurait été un paradis.
La nostagie n’est plus ce qu’elle était.
Simone Signoret.
Ou l’enfer. Pavé de bonnes intentions. Parce que ton « amour » du travail t’aurait mis dans la situation de ne pas refuser certaines offres. Si tu n’étais pas une pointure dans ton domaine, on t’aurait affecté à une besogne quelconque, confusément définie, sans trop te casser la nénette, avec juste l’obligation de rapports réguliers (R.A.S. pouvait suffire) aux responsables de ton affectation.
Ah oui d’accord je comprend mieux ce que tu veux dire.
Pour les nostalgiques, venez des prendre des cours à la VHS-Überwasser de Münster, succès garanti !
même en France il doit y avoir alors des équipements qui viennent de l’Est . dans les écoles construites dans les années 50-60 notamment (25° en plein hiver, 35° en plein été grace aux larges baies vitrées).