La Ruhr surendettée ne veut plus payer pour l'ex-RDA

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Deux décennies après la réunification des deux Allemagnes, le pacte de solidarité est remis en question.

Au lendemain de la chute du mur de Berlin, le chancelier Helmut Kohl avait promis des «paysages florissants» aux citoyens d’Allemagne de l’Est. En échange de leur rattachement à la République fédérale, les cinq nouveaux Länder d’ex-RDA devaient bénéficier d’investissements massifs pour effacer les stigmates de cinquante ans de communisme. Deux décennies après la réunification, cet élan de solidarité n’est plus qu’un lointain souvenir: les villes surendettées de la Ruhr ne veulent plus payer pour des Länder d’ex-RDA.

Le deuxième volet du pacte de solidarité prévoit le paiement de 156 milliards d’euros entre 2005 et 2019, pour financer la reconstruction de l’Est. L’État fédéral, les Länder et les communes d’Allemagne de l’Ouest se partagent ce fardeau indépendamment de leur propre situation financière. Et, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (NRW), cela peut conduire à des situations dramatiques. Seules 8 communes sur 400 dans la Ruhr, frappée par la désindustrialisation, affichent des finances à l’équilibre.

Des prêts à hauteur de 500 millions

«Le pacte de solidarité est un système pervers, qui n’a plus aucune justification aujourd’hui», s’emporte Ullrich Sierau, le maire de Dortmund. Et, ajoute-t-il, «les villes de l’Est ont tellement profité du système qu’elles ne savent plus quoi faire des fonds». Un tiers des 2,1 milliards de dettes de la ville d’Essen sont à mettre au compte de la solidarité. Duisbourg a dû contracter des prêts à hauteur de 500 millions pour payer son écot. Le budget d’Oberhausen, la ville la plus endettée d’Allemagne, est plombé par les 270 millions de crédits contractés pour cette solidarité. Grâce aux investissements massifs de l’Ouest, des villes entières d’ex-RDA, plongées dans la grisaille par le chauffage au charbon ont retrouvé des couleurs. Les routes défoncées y ont été bitumées ou soigneusement pavées. Les infrastructures délabrées ont été réhabilitées. La nature polluée par les déchets industriels est de nouveau verdoyante. [/i]

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