Afin d’éviter le off-topic, j’ai déplacé cette intéressante discussion dans le forum adéquat. Vous pouvez lire le reste par ici. Bonne discussion!
Dresden
Il faut dire que Dresden est en Valais où la frontière linguistique est quasiment un rideau de fer. Une ville bilingue en Valais ? Vraiment ? Je n’y crois pas une seconde.
Sur le plateau central, la situation est assez tendue mais autour de Fribourg et de Bienne, les gens sont assez bilingues au niveau compréhension. A Berne, ville comme canton, il est assez difficile de trouver un travail un peu communicatif sans avoir à pouvoir faire ses preuves dans les deux langues, même si ça fait un peu mal aux oreilles quand même. Cet état de fait est bien accepté à Berne encore aujourd’hui.
Entre le Jura et Bâle, personne ne se parle, donc on ne sait pas qui est bilingue et qui ne l’est pas. Mystère. Mais comme tout le monde s’en fout, on ne peut pas vraiment appeler ça un problème non plus…
A Zürich et autour (Thurgovie comprise, Dresden), le français est aussi exotique que le Swahili. Pas sûr qu’ils sachent qu’il y a des Suisses francophones. Ils ont tellement bourré leur école de conneries nationalisto-cantonalo-patriotiques qu’il vaut mieux faire la vache à Zürich que de parler français. A noter que le français est toujours un peu chic chez les riches. Mais bon, ils ne vivent qu’entre eux donc on ne les rencontre jamais.
Et encore parfois je me demande si pour certains germanophones, le français ne serait pas plus exotique, disons plus inattendu que le swahili ou le wolof, surtout si ce français est parlé naturellement par un(e) noir(e)… Bon, parlant de la Suisse alémanique ou du moins de Zürick, j’ai constaté qu’il était effectivement difficile de s’avouer germanophile lorsque l’on rencontrait des Suisses romands. Juste un petit constat d’une touriste de passage. Après, Zürick est la grande ville de référence où l’on sent l’omniprésence de l’argent… En tant qu’étrangère, aussi d’ailleurs aux particularités de la confédération suisse, particulièrement extrovertie, parlant le français et l’allemand ainsi que l’italien, les causettes avec les Suisses ont toujours été facilitées. Sans que je n’ai eu à engager moi-même la conversation, effet de curiosité envers le singe savant? Je ne saurais dire, et ne voudrais pas me contenter d’une aproche aussi négative quoiqu’envisageable.
J’ai trouvé les quelques habitants de Fribourg ayant croisé mon chemin plus aptes à accepter des propos germanophiles et francophiles même si eux de leur côté insistaient sur les points de discorde entre leur deux communautés au sein de la même ville. Et là j’ai bien senti chez les rencontres germanophones ou francophones un désir de partager une francophilie ou une germanophilie consciente de la réalité de terrain.
Si si, sur le papier, y’en a bien une, la mienne: Sierre/Siders… mais nous sommes d’accord. Dans les faits, le bilinguisme n’y est pas vécu, la plupart des gens ici ne sont pas capables de tenir une vraie discussion en allemand, un grand nombre du personnel étatique ne parle que français et on n’entend guère du haut-valaisan que dans les couloirs de la haute école et à la Migros le samedi matin…
Ce n’est pas à Sierre qu’il y a un pont qui marque la frontière linguistique ? Evidemment qu’on peut passer un pont pour aller faire les courses, mais chacun rentre chez soi sans décrocher un mot quand même. Ceci dit, je soupçonne les haut-valaisans de ne pas se parler entre eux non plus.
C’est un pont qui sert de frontière linguistique, la Raspille. Le village voisin, Salgesch, est germanophone mais on y parle de plus en plus français (et les Salgeschois parlent un très bon français en général). Sierre était uniquement germanophone jusqu’à la Première guerre mondiale, puis, comme pour quasi toutes les régions bilingues, le français y’a gagné en importance. On retrouve un certain flair haut-valaisan dans le quartier de Glarey, mais ça devient du folklore…
Y’a très peu d’échanges entre Haut- et Bas-Valais, les haut-valaisans (entre Salgesch et Leuk) viennent ici que pour faire leurs courses ou des études supérieures. Les germanophones de Sierre doivent aller à Brigue pour l’école secondaire. Même à la haute école, ils restent pas mal entre eux. Il y a encore une forte mentalité de « vallée » encrée, un Vispois n’est pas un Briguois, totalement inimaginable pour un Français, de voir des gens éloignées d’à peine 10km se considérer autant différents…et c’est pas les jeunes qui changeront ça: le Bas-Valaisan part à Genève ou Lausanne, un Haut-Valaisan à Zurich ou Berne. Du coup, ils se croisent pas vraiment…