L'Allemagne à la conquête linguistique de l'Autriche

L’Autriche est sur la défensive: l’allemand d’Allemagne, le « Bundesdeutsch », se répand en Autriche comme la vérole sur le bas-clergé, en particulier au sein de la jeunesse. La faute à qui ? Aux médias, bien sûr: chaînes de télé allemandes, notamment privées, mais aussi et surtout internet et ses blogueurs à l’influence non négligeables auprès des ados, de même que dès le plus jeune âge les livres audios édités essentiellement en Allemagne.
Alors, adieu les Marillen, Obers et Grüss Gott ? Adieu les dialectes et leurs prononciations pièges qui permettent de séparer le bon grain de l’ivraie en identifiant tout de suite l’autochtone et l’étranger…?

dasbiber.at/content/hilfe-me … ht-deutsch

Mouais… les Autrichiens n’ont jamais été mauvais en allemand non plus. S’ils trouvent leur dialects réduits à du folklore, c’est un peu leur faute depuis qu’ils en font des masses dans le style « on copie les Allemands et les Suisses dans un proportion de 50/50 ». Ils feraient bien d’arrêter de porter leur obsession sur leurs voisins et cultiver leur diglossie habituelle qui les distingue justement des retardés et rustres helvétiques.
La meilleure façon d’empêcher vos enfants de regarder des blogs étrangers dans un idiome qui vous ne sied point, c’est d’en avoir un à leur proposer dans un idiome qui les emballe eux. Pour une fois que ce n’est pas l’anglais, je trouve très mal venu de reprocher aux jeunes Autrichiens de maitriser le Hochdeutsch. Car ce glissement lexical Hochdeutsch=>Bundesdeutsch, ce n’est rien d’autre que du régiono-nationalisme chauvin de la pire espèce, église catholique et néonazis compris, pour remplacer ce qui est la langue du pays, le haut-allemand, par un mythe nationalisto-délirant à l’huile de courge et au cumin.
Je dis bravo aux jeunes Autrichiens pour leur maitrise du Hochdeutsch et cela donne une bonne leçon à leurs ainés.

Quelle est la différence entre parler allemand et autrichien?
Est elle la même entre les chtis et les marseillais ou est elle plus importante?

Les dialectes autrichiens sont essentiellement bavarois. La proximité est grande avec les parlers de la moitié sud de la Bavière. Evidemment, il y a des différences lexicales renforcées par l’histoire qui sépare ses régions politiquement depuis longtemps. Mais linguistiquement, c’est une continuité et une proximité intense. Il faut tout de même remarquer que le dialecte de Carinthie, au sud de l’Autriche, est assez exotique à l’oreille, au point que même un Bavarois aurait besoin de faire un effort de concentration pour comprendre.

Il y a aussi des parlers alémaniques dans la pointe ouest de l’Autriche, donc proches du suisse allemand de l’est (Osthochalemanisch) et des parlers alémaniques souabes de l’est du lac de Constance (Bodensee). Il faut s’habituer, on ne peut pas dire qu’on comprend tout du premier coup…

Par contre, la différence entre ce domaine bavarois étendu sur les deux pays et le reste de l’Allemagne, les différences sont très grandes. Très. Plus on va au nord, plus on s’approche de deux langues distinctes. C’est un peu comme le ch’ti d’un côté et le provençal de l’autre… Les différences régionales actuelles en France ne sont rien comparées aux dialectes en allemand.