[i] Avec plus de 450 000 exemplaires vendus depuis le début de l’année, Empört Euch ! (« Indignez-vous ! ») fait un tabac en Allemagne et son éditeur, Ullstein, a déjà mis en place 100 000 exemplaires d’Engagiert Euch ! (« Engagez-vous ! »). Tous les journaux ont parlé de Stéphane Hessel, beaucoup l’ont interviewé. Les conférences auxquelles il a participé ont affiché complet, comme la discussion organisée à Francfort par Daniel Cohn-Bendit entre l’ancien ambassadeur et Joschka Fischer sur le thème : le diplomate devenu militant face au militant devenu diplomate.
Alors qu’on chercherait en vain un mouvement d’« indignés » en Allemagne, pays où le chômage des jeunes est l’un des plus bas d’Europe, ce succès est a priori surprenant. Pour Christine Heinrich, porte-parole de l’éditeur, le livre répond néanmoins aux attentes de nombre d’Allemands, jeunes et moins jeunes. « Il s’inscrit pleinement dans le débat public », dit-elle.[/i]
L’Allemagne peu rebelle, mais « hesselienne » ? Où est le paradoxe ? Du cliché à la réalité, il y a un pas de géant : les Allemands sont tout aussi rebelles que d’autres. Quelques exemples parmi de nombreux autres : Stuttgart 21, les défilés de rue avec la chute de la DDR, la première rébellion anticommuniste dans les années 50 avant la Hongrie, les batailles de rue avant la dictature nazie (près de 200 000 anti-nazis syndicalistes, socialistes, communistes, chrétiens morts durant cette dictature et dès les premières années), la révolution spartakiste, les milices républicaines du XIXe (les milices d’extrême droite aussi de l’après-grande-guerre), les milices anti-napoléonniennes, le premier soulèvement populaire européen de très grande envergure, en 1524-25, avec près de 300 000 paysans, bourgeois et nobles, armés et organisés en armées, face à l’Empire, aux princes et à Rome… les Allemands ont un passé révolutionnaire et de rébellions aussi riche que d’autres, sans compter la révolution américaine où Allemands et Néerlandais sont aussi virulents que les Britanniques, voire plus. Mais les Allemands sont aussi les premiers à faire leurs des clichés dont il faut signaler qu’ils sont très fréquents et tenaces en France. Regrettable oubli de l’histoire, image tordue de l’Allemagne ! Attention, à force d’oublier l’histoire, on finira par en redonner le monopole à l’extrême droite. On a déjà donné. Est-ce une raison pour recommencer ?
[edit modo kissou : merci de passer par la case présentation]
Cependant, les allemands sont beaucoup plus sages que d’autres nations. Ce n’est pas un cliché. Essayez-donc d’instaurer des Studiengebühren en France, et on verra la différence de réaction…
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