uelle est la différence entre une jeune fille et l’Allemagne ? Une jeune fille ne restera pas toujours une jeune fille, mais l’Allemagne restera l’Allemagne, un peuple reste un peuple.
Je suis Alsacien, Germain et Français. Cette appartenance me permet de dire : si la France continue de suivre l’Allemagne, en voulant ainsi sauver l’Europe, nous porterons la lourde responsabilité de la fin du projet européen. Il revient à la France, avec l’appui de l’Espagne et l’Italie, et d’autres pays de l’Europe du Sud, de contenir l’Allemagne. A défaut, l’Europe n’aura aucune chance de survie.
Nous sommes, en effet, en train d’aller vers une Europe allemande, c’est-à-dire vers plus d’Europe du tout !
Le refus de tout achat direct de la dette ou le refus statutaire de la monétisation par la BCE, voulu par l’Allemagne, est suicidaire pour l’Europe, car ils ne tient pas compte du contexte mondial de guerre monétaire et de la pratique des autres Banques centrales.
L’Europe ne peut enfin aboutir à une dictature au nom de l’impératif économique, lui-même résultat de la guerre économique imposée par un libéralisme libertaire devenu fou. L’Europe, c’est la main tendue d’une famille, ça ne peut être le bras tendu d’une Nation sur les autres.
Le modèle économique allemand est un passager clandestin à l’export
Le modèle économique allemand n’est pas viable pour l’Europe, car il est un modèle de passager clandestin à l’export : les excédents allemands dans les pays européens font les déficits européens. Si toute l’Europe pratiquait ce modèle, en diminuant sa consommation intérieure pour augmenter son exportation vers ses voisins européens, l’Europe aurait une croissance encore plus faible, alors qu’elle a déjà une croissance faible, plus faible que les autres pays de l’OCDE, en raison notamment de cette politique de la fausse locomotive allemande. L’Allemagne serait d’ailleurs la première à en souffrir. Elle ne ferait plus d’excédents commerciaux en Europe et serait confronté à ses déficits face aux pays émergents.
Le modèle allemand du tout à l’export est récent. Il a changé en quinze ans, d’une moyenne européenne autour de 25 à 30% à l’export, il dépasse désormais largement 40%. Mais l’Allemagne fait 85% de ses excédents commerciaux en Europe ; nos déficits, à commencer, par celui colossal de la France, font ses excédents. L’Allemagne fait deux fois moins d’excédents commerciaux aux États-Unis qu’en France (près de 14 milliards pour les États-Unis pour un peu plus de 27 milliards en France), ce qui est quand même étrange pour un compétiteur qui se prétend global. Enfin, l’Allemagne enregistre 19 milliards de déficit commercial avec la Chine en 2009, soit un niveau proche du déficit français avec les Chinois, plafonnant à 22 milliards.
Le modèle salarial et social allemand est surestimé
Si l’Allemagne est si compétitive, c’est parce qu’elle a su maintenir une croissance de ses salaires en dessous de ses gains de compétitivité, par une politique de déflation salariale, même si cette tendance tend, aujourd’hui, à s’infléchir. L’Allemagne achète en Europe centrale et en Chine plus de productions intermédiaires qu’elle assemble sur son sol, sous des marques de qualité ; elle est ainsi compétitive, mais en Europe uniquement et particulièrement dans la zone Euro.