C’est un objectif ambitieux, encore supérieur aux engagements européens, que le ministre allemand de l’Environnement Sigmar Gabriel vient de fixer à son pays. D’ici à 2020, l’Allemagne entend réduire ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 40% par rapport à l’année de référence 1990. « Protéger le climat signifie rien moins que transformer la société industrielle », a insisté M. Gabriel jeudi, en présentant aux députés du Bundestag un plan en ce sens. Au programme : réduction massive de la consommation énergétique, construction de centrales plus efficientes et développement à grande échelle des énergies renouvelables.
Au niveau européen, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont accordés en mars sur une réduction de 20% des émissions de CO2 de l’Union européenne (UE). Un chiffre susceptible d’être relevé à 30% si l’Europe est suivie par d’autres. Mais au sein de cet engagement collectif, l’Allemagne, elle, peut atteindre 40%, estime M. Gabriel. Si elle est ambitieuse et s’en donne les moyens. Le ministre rapporte que, selon les premières études commandées par son ministère, « l’on peut réduire les émissions de CO2 de 270 millions de tonnes par rapport à aujourd’hui à l’horizon 2020 si l’on pose les bons jalons ». Dans le cadre du protocole de Kyoto, l’Allemagne a déjà baissé ses émissions de 18 % par rapport à 1990 (sur les 21% prévus d’ici à 2012). Ce résultat la place devant beaucoup de pays industrialisés occidentaux.
La stratégie allemande est aussi une réaction aux récents rapports confirmant les dangers du réchauffement. « Les derniers mois nous ont à tous mis sous les yeux les dangers du changement climatique. Nous devons maintenant tirer les conclusions adéquates de faits scientifiquement avérés.[.] Nous le savons depuis longtemps : nous ne pouvons pas nous permettre de ne rien faire, y compris d’un point de vue économique. L’[institut allemand] DIW a calculé que les dommages économiques induits par un réchauffement sans frein s’élèveraient à 137 milliards d’euros pour l’Allemagne ». Et M. Gabriel de conclure : « Débloquer les investissements nécessaires pour protéger le climat ne représente, d’ici à 2010, que quelque trois milliards d’euros ».
Concrètement, le plan allemand prévoit de réduire la consommation d’électricité de 11% grâce à une plus grande efficacité énergétique. Cela représente 40 millions de tonnes de dioxyde de carbone en moins. Deuxièmement, il s’agit de renforcer l’efficacité des centrales, c’est-à-dire les rendre plus performantes. Économie de CO2: 30 millions de tonnes. La troisième mesure est l’augmentation à plus de 27% de la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité. Soit une économie de CO2 de 55 millions de tonnes.
Le plan comporte aussi, en quatrième lieu, la poursuite du développement des technologies de cogénération (production combinée de chaleur et d’électricité), respectueuses de l’environnement pour qu’elles atteignent les 25%. L’économie de CO2 est de 20 millions de tonnes.
Cinquièmement, M. Gabriel entend diminuer la consommation d’énergie grâce à la modernisation des bâtiments et à de meilleures installations de chauffage. Économie : 41 millions de tonnes de CO2. Sixièmement, le ministre veut augmenter la part des énergies renouvelables dans la production de chaleur par les centrales, pour économiser 14 millions de tonnes de CO2. Septièmement, il souhaite accroître l’efficacité dans les transports, et utiliser davantage les biocarburants. Économie : 30 millions de tonnes de CO2. Enfin, il entend réduire les émissions des autres gaz à effet de serre comme le méthane, afin d’économiser 40 millions de tonnes de CO2.
M. Gabriel a invité le monde économique à développer de nouvelles technologies et à utiliser plus efficacement les sources d’énergie existantes. « Tout cela offre également d’importantes perspectives économiques, surtout pour un pays orienté vers l’exportation comme l’Allemagne », a-t-il fait remarquer.
« Nous pouvons tous contribuer de manière tout à fait considérable à la protection climatique par notre comportement au quotidien », a-t-il ajouté. Faire des économies d’énergie commence par des choses très simples comme débrancher son téléviseur la nuit afin de désactiver le mode veille. Mais lors de l’achat de nouveaux produits aussi, la consommation d’électricité devrait être prise en compte.
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Source: www.amb-allemagne.fr