J’ai changé en grande partie cette contribution, car j’ai voulu y ajouter une note d’humour…
Certes beaucoup d’entre nous partent en Allemagne pour améliorer leur allemand… Mais on peut aussi profiter de ce séjour pour découvrir la langue des pays frontaliers de l’Allemagne (je pense au polonais) et de ceux plus proches de l’Allemagne que nous (je pense notamment au russe et à l’ukranien)… Et là je voudrais selon mon expérience comparer l’apprentissage des langues étrangères dans une université allemande (dans mon cas Viadrina Francfort/Oder) avec celui d’une université française (Paris Nanterre).
A Viadrina, les classes sont plus petites, les supports d’apprentissage du dernier cri, et le nombre d’heure supérieur (3 heures contre 1 heure 30 à Nanterre), certains profs centrent totalement leur enseignement sur l’étudiant, ce sont là des points extrêmement positifs.
Par contre le rythme de travail est très accéléré car le programme est très chargé, et l’étudiant a en fait peu de temps pour assimiler le vocabulaire et les notions nouvelles de grammaire (certes mes camarades ukrainiens apprenant le polonais ou mes camarades polonais apprenant le russe n’ont pas ce problème, mais mes camarades allemands ou italiens ont les mêmes que moi).
De plus l’enseignement entièrement dans la langue étrangère est un leurre, car la plupart des étudiants recherchent le vocabulaire nouveau sur leur smart-phone. Puis des points grammaticaux spécifiques aux langues slaves méritent que l’on s’y attarde un peu plus dans la langue de départ et non la langue cible.
En russe, ce que nous apprenons en classe de niveau A2 correspondrait à ce qu’apprennent les B1 en France. En A1, nous devions à la fin de 3 heures de cours (la première semaine) maitriser l’alphabet cyrillique, écriture cursive inclus, car la professeure n’écrivait les mots au tableau qu’en écriture cursive. Par contre à Paris Nanterre, même à la fin du premier semestre le professeur nous écrivait encore les caractères cyrilliques en lettres capitales. Certes les cours sont plus attrayants à Viadrina car la professeure peut utiliser et maitrise parfaitement l’outil moodle et nous envoie beaucoup de support d’autoapprentissage… Le problème reste le temps disponible pour exploiter ces moyens. En 1 mois à Viadrina, j’avais absorbé plus que les trois de russe faits à Nanterre auparavant… Sauf que tout ce que j’avais appris à Nanterre, je m’en souvenais parfaitement et ce n’est hélas pas le cas de tout ce que je dois apprendre ici en russe.
En polonais, le rythme était un peu plus lent et c’était plus ludique en A1… Je ne sais pas s’il vous est arrivé de demander à votre prof de langue, dans mon cas un charmant monsieur, son numéro de téléphone et son adresse, son plat préféré dans le cadre d’un exercice de jeu de rôle… Moi si .!!!. Enfin tous les cours de polonais avaient une note ludique et humouristique en A1. Heureusement, sinon tous les étudiants auraient fui, sauf les Ukrainiens bien sûr.
Ah ce lectorat de polonais, ils nous soignent bien!!! il ont même organisé des stages intensifs l’été pour que l’on puisse sauter un niveau (les stages intensifs gratuits n’existent pas à Paris Nanterre, bon l’enseignement du polonais non plus de toute façon). Ce stage était très intensif, mais je n’avais que cela à faire et c’était aussi très ludique, un vrai plaisir de pouvoir consacrer tout son temps à l’apprentissage d’une langue, en plus des chansons, poésies, jeu de rôle, missions à accomplir dans la ville polonaise jumelle. Maitenant .je me retrouve maintenant en classe B1 (je précise …pour atteindre le niveau B1)… J’aurai presque mérité une médaille en tant que première étudiante Erasmus non slave (sans mentionner le fait que je suis la seule étudiante française et noire )a avoir atteint un niveau aussi haut en polonais en si peu de temps, plaisanterie de la part de mon ex-prof, je précise pendant le jeu de rôle il ne m’a ni donné son adresse ni son numéro de téléphone .
Et là ce semestre nous avons un nouveau professeur cette fois ci une jolie jeune femme tout aussi charmante et souriante et professionnelle que l’ancien prof - en polonais ils sont tous comme ça, une vraie famille où profs et étudiants se tutoyent, et que d’opérations séduction. Mais le hic c’est que le programme est tout aussi chargé qu’en russe, voire même plus. Et c’est trop tard, on ne peut plus fuire, la prof c’est un vrai coeur et ils nous ont eu!!!
Le programme est tellement chargé que même l’étudiante qui est ma tutrice en polonais et mon amie m’a dit en souriant qu’à la fin, si je réussis le test de passage, j’aurais franchi l’une des étapes pour demander la nationalité polonaise. Des fois, je me demande si ce n’est pas le but recherché ou du moins plus sérieusement inciter les étrangers parlant le polonais et connaissant la culture polonaise à s’installer dans leur pays… Mais c’est un autre débat.
Le livre est extrêment bien fait et coloré et aborde aussi la culture et la géographie de la Pologne, il mériterait soit que l’étudiant ne se consacre qu’à l’apprentissage de cette langue pour que tous les points qu’il couvre soit assimilé en un semestre, soit d’être étudié sur 2 semestre comme c’est le cas ici mais avec 6 heures de langues par semaine et pour parler en langage estudiant (9 ECTS).
Bon heureusement en polonais il y a cette possibilité d’être tout de suite confrontée à la langue polonaise en traversant un pont. Puis entretenir le moral des « troupes » étudiantines, ils organisent une soirée détente où on apprend à cuisiner les pirogi…
Que de bonnes nouvelles, si je réussis l’examen, je pourrais m’installer en Pologne pour travailler comme cuisto et trois ans après demander la nationalité … Comme vous l’aurez compris c’est de l’humour.
Je parle certes ici du russe et du polonais, mais d’après les dires de mes camarades c’est encore pire en anglais … Sauf qu’ils n’ont pas de cours pour apprendre à faire un pudding. … Pour les étudiants apprenant l’allemand, je ne sais pas, car tous mes amis non allemands sont germanophones, mais j’imagine bien qu’ils ont les mêmes stratégies que pour les cours de polonais, ils ont aussi des stages intensifs gratuits l’été, des visites de Berlin spéciales apprenants… Et la ville de Francfort fait tout pour retenir les étudiants - une prime de 100 euros si l’on vient étudier plus d’un an dans cette ville… et je ne plaisante pas.
Pour conclure je dirais que l’on apprend sans doute plus de choses , puisque plus de choses sont injectées et que l’aspect ludique a aussi son importance. Mais en respectant les proportions, je ne pense pas que la méthode allemande telle qu’elle m’est présentée à Europa/Viadrina Francfort/Oder soit meilleure. L’idéal serait peut-être un juste milieu entre les deux façons d’enseigner… Un programme moins chargé côté allemand, plus ludique et plus d’heures de cours et d’ouverture sur l’auto-apprentissage du côté français.