Vienne va verser 135.000 euros à des victimes du nazisme pour « régulariser » 8.363 ouvrages de la Bibliothèque nationale (ONB), issus de vols nazis et dont les propriétaires ou leurs héritiers n’ont pu être retrouvés, a indiqué mardi la directrice de l’ONB Johanna Rachinger.
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Sous toute réserve je crois savoir que la culture juive considère les livres comme vivants. On ne jette pas un livre, on enterre ses pages. http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=7769
Lorsque les nazis commencèrent à piller et à détruire les bibliothèques juives, le responsable de la bibliothèque Sholem-Aleichem à Biala Podlaska décida de sauver les livres et, jour après jour, lui et un collègue en emportèrent autant qu’ils pouvaient en charrier, en dépit de sa conviction que très bientôt « il ne resterait pas un lecteur ». Deux semaines plus tard, le fonds avait été déménagé en secret dans un grenier où le redécouvrit, longtemps après la fin de la guerre, l’historien Tuvia Borzykowski. A propos de l’action du bibliothécaire, Tuvia Borzykowski écrivit qu’elle avait été menée « sans même envisager l’éventualité que quelqu’un puisse un jour avoir besoin des livres sauvés » : c’était un acte de sauvetage de la mémoire en soi. L’univers, pensaient les anciens kabbalistes, ne dépend pas de notre lecture; seulement de la possibilité que nous le lisions.
A la même époque, les nazis décidèrent d’épargner certains livres pour des raisons commerciales et afin de constituer des archives. En 1938, Alfred Rosenberg, l’un des principaux théoriciens nazis, proposa que les collections juives de littératures séculaire et religieuse fussent conservées dans un institut fondé pour étudier « la question juive ». Deux ans plus tard s’ouvrait à Francfort-sur-le-Main l’Institut zur Erforschung der Judenfrage. Afin d’assurer l’approvisionnement nécessaire, Hitler en personne autorisa Rosenberg à créer un groupe de travail composé de bibliothécaires experts allemands, le tristement célèbre ERR, Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg.
La lecture, avec ses rituels, devint un acte de résistance; ainsi que l’a observé le psychologue italien Andrea Devoto, « tout pouvait être considéré comme de la résistance puisque tout était interdit ».
Dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, les détenus se passaient un exemplaire de La Montagne magique , de Thomas Mann.
Alberto Manguel La Bibliothèque, la nuit (Actes Sud, 2006)
La Bibliothèque engloutie (Die versunkene Bibliothek) de Micha Ullman.
Denkmal zur Erinnerung an die Bücherverbrennung nachts auf dem Bebelplatz in Berlin.