Un phénomène assez incroyable se développe en Allemagne depuis 8 à 9 ans.Alors que , dans les pays latins, tels que la France et l’Italie, l’enseignement du latin subit depuis longtemps un mouvement général de désaffection, dans le même temps, le nombre des élèves apprenant cette langue a augmenté de 30 % en Allemagne, au point que , dans certains länder, les profs de latin deviennent une denrée très recherchée.
" Latein ist tot, es lebe Latein ! Kleine Geschichte einer großen Sprache (Le
latin est mort, vive le latin ! Petite histoire d’une grande langue), de Wilfried Stroh est un best-seller qui, dès l’année de sa parution (2007), a connu quatre rééditions !!!
3sat a diffusé , en 2008, à une heure de grande écoute, des magazines entièrement en latin :cliquez sur video : habemus latinum, vous y verrez une charmante journaliste, présenter, en latin, son magazine sous-titré en allemand.Comme j’aurais aimé, jadis, l’avoir pour prof ! Très interessant.
Deux musiciens : Clemens Liedtke & Annika Gerstenberg rappent même en latin :"Intrate" Vandenhoeck & Ruprecht - YouTube!!!
Quelques chansons latines du groupe Latein üben mit In Extremo - "In Taberna Gloria" - YouTube In Extremo sont reprises dans des vidéos avec paroles en latin et traduction en allemand.
Et même les sympathiques « Wise guys » nous font dans une chanson intitulée (on s’en serait douté) Latein, le portrait d’un lycéen ni beau, ni bien habillé, ni bien coiffé, mais qui attire toutes les filles de sa classe par sa connaissance poussée du latin !
Il semble que beaucoup de parents prennent de plus en plus conscience du rôle eminemment formateur de cette langue.Et c’est à mon sens une excellente chose.
Bien entendu, la phalange des « utilitaristes » linguistiques (ceux pour qui seul comptent les langues dont l’apprentissage peut « rapporter » quelque chose dans la vie professionnelle ) poussent les hauts cris :« Apprenez-leur plutôt l’espagnol ! »
Quelques articles de presse (en Allemand) à propos de cette tendance:
Schulfach Latein: Es lebe die tote Sprache! | Bildung | DW | 20.09.2012
Latein im Aufwind | deutschlandfunk.de
Une très interessante étude de Marie-Pierre Harder (Paris Sorbonne IV) sur le sujet
http://www.revue-silene.com/images/30/article_107.pdf
Il faut avouer que « cunnilinctus » ou « coitus interruptus », ça a autrement plus de gueule !
Je ne sais pas si je l’avais déjà raconté… En première année de fac d’allemand, on avait un prof allemand, assez jeune d’ailleurs. Un jour, il a dû dire un truc du genre « comme vous le savez, ça vient du latin… … … » et face à l’absence de réponse et de réaction, il a creusé le sujet, certains ont dit qu’ils n’avaient pas fait de latin, alors il nous a demandé de lever la main si on avait fait du latin (il y en avait très peu, peut-être 1/5e de la classe) et là il était totalement déconfit : mais comment peut-on envisager des études d’allemand sans avoir fait de latin, comment peut-on seulement vous laisser y entrer, etc etc etc !
C’est vrai qu’on s’en sort aussi sans, mais c’est vrai aussi qu’il y aurait là une certaine cohérence !
Marrant, j’ai fait du latin jusqu’au bac…et j’ai été bien content de laisser tomber par la suite.Curieusement, après mes études, j’ai sérieusement éprouvé l’envie de m’y remettre, mais autrement, comme pour une langue vivante, qu’on apprend à parler jusqu’à ce qu’elle nous devienne familière dans laquelle on arrive à s’exprimer sans avoir à chercher quel cas ou quelle personne de tel ou tel temps ou mode on va devoir employer.
L’idée avait paru saugrenue à une jeune prof de latin avec qui j’en avais parlé.« Ca ne sert à rien d’apprendre à le parler, puisque c’est une langue morte , » disait-elle. Et pourtant , il me semble bien que Montaigne, qui était un excellent latiniste, en plus de l’excellent penseur que nous connaissons, avait appris le latin en parlant cette langue avec son précepteur. J’ai l’impression que c’est, en partie, une tendance que l’on retrouve en Allemagne (d’après ce que j’ai pu en lire.)
Information très interessante. Il y a quelques semaines Le Monde proposait un article qui fait écho avec le sujet, je met le lien :
Je ne comprendrai jamais pourquoi bon nombre d’Allemands préfèrent prendre latin comme LV2 à la place du français (qui est la plupart du temps l’autre langue proposée). Ce sont d’ailleurs les mêmes gens qui viennent avec l’argument qui tuuuue contre le français « Französisch spricht man doch nur in Frankreich »…
J’ai du respect pour le latin et les latinistes, hein, c’est une ancienne hélleniste qui vous parle, mais là ça me choque.
Pareil… Et je suis ancienne latiniste aussi, donc rien contre le latin. Chez nous, le latin est « mal vendu » auprès des élèves. Je me souviens que le seul argument à l’époque, c’était « ça fait des points en plus au bac ».
je comprends très bien vos positions à vous tous… bien que n’ayant fait que 3 mois d’initiation au latin
en… 5ème !!!
je comprends vos positions… parce qu’il est très difficile d’apprendre l’étymologie des mots médicaux… sans avoir
fait de latin (et du grec d’ailleurs aussi !! )…
aussi, j’ai toujours pensé qu’il était fort dommage que les élèves, de n’importe quel niveau scolaire, n’est pas un moyen
d’apprendre au travers de tel ou tel cours, des notions de latin… Je ne parle pas forcément des Rosa, Rosam, Rosae… mais
plutôt des racines latines dont on se sert dans la vie de tous les jours… cela m’aurait permis de ne pas considérer le latin
comme une langue morte (à quoi l’apprendre puisque personne ne l’apprend ?? ) mais comme une langue qui sert de base à
énormément de mots dans la langue française…
Pour l’anecdote… l’une des cousines de mon amie allemande est infirmière, quand nous discutons ensemble, nous arrivons toujours à nous comprendre si nous parlons « boulot/médical »… au lieu d’employer les mots allemands/français se rapportant au médical, nous cherchons à employer les base grecques et latines des mots… et on se comprend de suite !!
Alors OUI pour le latin (en évitant toutefois, en Allemagne, que ce soit au détriment du Français ! )
L’explication est simple: L’espagnol et le latin sont cools, le français et gay (Je cite mes anciens condisciples).
Tout est une question de l’image. On pense toujours que le latin doit être choisi par les élèves intelligents parce que c’est une langue qui est difficile à apprendre et la grammaire ressemble aux formules mathématiques ( ) tandis que le français soit choisi par les filles et les faibles.
Je me souviens d’une de mes profs de sport qui comme matière principale enseignait le latin. Dans ma classe on était deux tiers élèves du français et l’autre tiers du latin. Dans une heure de cours de sport elle disait vraiment que les « français » courraient beaucoup plus gnangnan que les « latins ». Une raison de plus de la détester.
J’observe souvent un certain manque de sens de la langue chez les personnes qui font le latin à l’école. Ils savent lire Cicero, Caesar et Ovid, mais ils ne savent pas vraiment comme on écrit une bonne phrase en allemand ou en anglais. Pour moi la partie la plus difficile d’apprendre une langue étrangère, c’est définitivement de l’utiliser. Et que fait on dans les cours de latin? On traduit du latin à l’allemand. C’est uniquement grâce à ce fait que j’ai marqué une 1,0 dans mon cours de latin, personne n’a remarqué que je ne savais pas vraiment faire la déclinaison correctement. Comme les autres, d’ailleurs. Apprendre le latin peut être beaucoup plus « Pi mal Daumen » que les langues modernes. Je n’aime pas cette passivité.
Pareil en Autriche. Le latin arrive en 3e place des langues les plus apprises après l’anglais et le français. Devant l’italien et l’espagnol, donc.
J’en avais parlé à une prof de français qui m’avait donné une explication : en Autriche, pour la plupart des cursus universitaires, il faut avoir fait du latin pour obtenir le diplôme. Les profs de latin jouent donc la carte de l’avenir des enfants auprès des parents : « si vos enfants ne font pas de latin, il se fermeront plein de portes à la fac ! » C’est un argument qui ne tient pas, puisque les universités proposent justement des cours de latin de base uniquement à ceux qui en ont besoin pour avoir leur diplôme. Mais les parents de collégiens ne se renseignent pas si tôt sur le système universitaire…
C’est vrai, dans pas mal d’universités pour faire des études de français, il faut avoir fait le kleines Latinum. Dans mon université, pour le Bachelor Französisch: « Gefordert werden Kenntnisse in Latein und einer zweiten Fremdsprache. Fehlende Lateinkenntnisse können innerhalb des ersten Studienjahres nachgeholt werden. » Pour au final des cours sur la littérature française qui se font en allemand, c’est assez inutile…
Par contre comme le dit Kissou, le latin est un gros avantage pour des études de bio par exemple, une amie a pris le latin parce qu’elle savait qu’elle étudierait ça. Mais sauf ça, l’utilité du latin est très limitée…
c’est peut-être là que se trouve la différence entre Allemagne et France non ?? dans le « Fremdsprache »…
Si l’on s’en tient à ta phrase, Dresden, l’allemand considère le latin comme une 2ème langue étrangère…
ce qui n’est pas le cas en France si ??? en tout cas pas de mon temps ! Si l’on voulait faire latin, il fallait
avoir 2 langues étrangères (allemand / Anglais ) et EN PLUS le latin…
cela aussi… a du décourager pas mal d’élèves… si déjà on a un peu de mal au collège avec l’Allemand (comme
moi), on n’a pas envie de se coltiner 2 ou 3 heures de cours en plus par semaine pour replonger… dans les déclinaisons
latines…
Si l’Allemagne considère le latin comme une deuxième langue étrangère (donc à part égale avec le français, l’italien etc etc), il est peut-être plus logique que les allemands s’y intéressent non ??
(nb et presque HS : le latin est-il maintenant enseigné en France comme une langue étrangère ?? ou bien est-ce toujours optionnel ? )
Je ne suis pas sûr que ce soit considéré comme « Fremdsprache », étant donné qu’il s’agit d’un licence de francais, je crois que la première langue étrangère en question est le francais. Et puis si le latin était enseigné comme une langue étrangère les étudiants de latin feraient autre chose que du thème et de la version.
autrefois on faisait du latin pour être dans une bonne classe.
certains aiment les langues mortes parce qu’ils ne seront pas confrontés à la pratique de la langue au quotidien avec des natifs.
d’autres considèrent le latin comme une base pour comprendre le mécanisme des autres langues romanes, mais avouons-le, ces dissèqueurs de pattes de moucheron ne font pas légion.
Ben, zut alors, je n’y avais pas pensé à ça ; c’est pourtant vrai que la Civitas latina ne possède pas de Cicero Institute habilité à délivrer des A1, A2, B1, B2, C1, C2, …(D1, D2… and so on ?) sanctionnant les « compétences » en latin parlé . Quel dommage !
Je n’irais pas , personnellement,chercher les « dissèqueurs de pattes de moucherons » chez les défenseurs des langues mortes.
Au fait, pour uniquement échanger des informations et faire du commerce, pas besoin d’une langue (fut-elle morte ou vivante), un simple pidgin suffit (voir océan indien, Antilles, etc…)
Le latin comme formation linguistique de base, ça se défend. Mais si on faisait de la vraie grammaire dans chacune des autres langues de son cursus scolaire, cela serait tout aussi efficace, surtout que la grammaire allemande n’a pas grand chose à envier au latin. Mais non, la grammaire, c’est caca, alors le latin joue ce rôle, et le joue très bien. Personne ne se rend compte cependant que ce rôle n’est pas une fatalité.