Le cercle vicieux de l’intérim

[i]
Voulue par Schröder, la flexibilité du marché du travail a généré près de 1 million de salariés précaires.
Le secteur automobile s’empresse de s’en débarrasser.

Kai Fullone a rendez-vous en salle 258 avec Mme Spancken, conseillère en recherche d’emploi. Kai, qui a perdu son travail en octobre, est bien préparé à cela. Il travaillait chez Honsel, un fabricant de pièces détachées automobiles de Meschede, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, sous-traitant d’Opel entre autres. Opel étant frappé par la crise de l’automobile, Honsel a été touché aussi et Kai Fullone, 29 ans, qui avait été recruté via une société de travail temporaire, a appris le 15 octobre que trois jours plus tard on n’aurait plus besoin de lui.

Renvoyé dans ses foyers. L’horreur, pour Fullone, qui espérait une embauche. Pis encore : “L’agence d’intérim m’a immédiatement licencié. Jeté comme une vieille paire de chaussettes dont on n’a plus besoin.” Renvoyé, jeté, chômeur. Un schéma que connaissent actuellement nombre d’intérimaires. C’est eux que la crise économique frappe en premier, au fur et à mesure qu’elle gagne du terrain. Et il apparaît que les belles promesses ne tiennent guère – et que les procédés ne sont pas toujours jolis jolis.

Les plus touchés sont actuellement les salariés de l’industrie automobile. Des entreprises comme BMW, Ford ou Continental renvoient vers les agences d’intérim des milliers de travailleurs temporaires plus tôt que prévu ou ne prolongent pas les contrats : 750 personnes sont concernées chez Volkswagen, 200 chez le fabricant de phares Hella et 5 000 chez BMW. Et chaque jour apporte son lot d’annonces similaires. En un sens, le système suit sa logique. Car c’est exactement cette flexibilité que l’ancien chancelier Gerhard Schröder et son ministre de l’Economie Wolfgang Clement avaient en tête quand ils ont lancé, en 2003, la réforme du marché du travail [réformes “Hartz I”] ; celle-ci était destinée à doper le travail temporaire ; les entreprises devaient pouvoir embaucher et débaucher en fonction de leurs besoins.

“Usines élastiques” et production en temps réel grâce à une main-d’œuvre fixe restreinte et à une armée de travailleurs temporaires devaient permettre aux entreprises allemandes de tirer leur épingle du jeu dans la concurrence mondiale. La protection contre le licenciement et autres dispositions gênantes ne devaient plus constituer un obstacle, pensaient les réformateurs.[/i]

courrierinternational.com/ar … -l-interim

Je tiens à vous rassurer : l’Allemagne n’a pas inventé le salarié jetable. :mouaif: