Les films germanophones sont à nouveau bien représentés au 60ème Festival de Cannes. Deux ans après Wim Wenders et son film « Don’t come knocking », c’est au tour du jeune réalisateur allemand d’origine turque Fatih Akin de faire partie de la sélection officielle, avec un long métrage intitulé "Auf der anderen Seite " (litt : De l’autre côté).
Akin, âgé de seulement 33 ans, mais lauréat en 2004 de l’Ours d’or de la Berlinale, du Prix du film allemand et du Prix du film européen pour « Head-on », était déjà présent l’an dernier sur la Croisette, mais en tant que membre du jury. Il a exprimé une joie « immense » en apprenant sa nomination à concourir cette année pour la Palme d’or.
Le réalisateur de Hambourg présentera une oeuvre dont il a écrit lui-même le scénario. « Auf der anderen Seite » aborde « sous diverses facettes ce qui reste lorsque des êtres sont obligés de se séparer à jamais », explique-t-il. C’est l’histoire de six personnages aux vies entrelacées par le destin. Charlotte Staub (Patrycia Ziolkovka), une étudiante choyée, cherche le sens de l’existence. Au grand dam de sa mère Susanne (interprétée par Hanna Schygulla, l’ancienne muse de Rainer Werner Fassbinder), elle s’éprend d’une activiste politique, Ayten Öztürk (Nurgül Yesilcay), qui réside illégalement en Allemagne.
De son côté, Nejat Aksu (Baki Davrak) est un professeur de littérature allemande d’ascendance turque, qui n’a plus beaucoup de choses en commun avec son père Ali (Tuncel Kurtiz). Sa vie va basculer lorsqu’il rencontre Yeter (Nursel Köse), la compagne de ce dernier, qui se prostitue en Allemagne pour financer les études de sa fille, qui vit à Istanbul. Le film a été tourné dans des lieux familiers du réalisateur : Hambourg, Brême, Lübeck, mais aussi Istanbul et la Mer Noire.
La compétition officielle verra s’affronter à Cannes 22 films, sous l’oeil attentif d’un jury présidé par le Britannique Stephen Frears. Outre Fatih Akin, on notera la présence du réalisateur autrichien Ulrich Seidl, avec son long métrage « Import-Export », et celle du film « The man from London », une coproduction franco-germano-hongroise de Béla Tarr.
Par ailleurs, la série « Un certain regard » présentera en avant-première mondiale le deuxième film de Robert Thalheim, « Am Ende kommen Touristen » (litt : à la fin des touristes arrivent). A 32 ans, le réalisateur berlinois de « Netto » retrace l’histoire d’un jeune Allemand qui effectue son service civil dans l’ancien camp de concentration d’Auschwitz. Dans la série « Cinéfondation », un étudiant en cinéma de Berlin, Nicolas Wackerbarth, présentera le court métrage « Halbe Stunden » (litt : demi-heures). Enfin, dans une présentation extraordinaire, on retrouvera Volker Schlöndorff. Le réalisateur allemand offrira au public son dernier-né, « Ulzhan », une coproduction franco-germano-kazakh, en partie tournée au Kazakhstan.
Nouvelle génération
Dans un entretien accordé à l’agence de presse allemande dpa, le président du Festival, Gilles Jacob, salue l’évolution positive que connaît le cinéma allemand, après plusieurs difficiles années d’absence à Cannes. « Le cinéma allemand rencontrait un très grand succès dans les années 1970 et 1980. Il comptait près de dix grands réalisateurs, dont certains ont été primés à Cannes, comme Wim Wenders ou Volker Schlöndorff », se souvient-il. Mais le succès a ses avantages et ses inconvénients. « Ce genre d’époque est souvent suivi d’une période de ‹ déclin › », confie-t-il. Heureusement, aujourd’hui de nouveaux réalisateurs pleins de talents sont apparus. Depuis quelques années, des films comme « Good Bye, Lenin! » (de Wolfgang Becker) et « La vie des autres » (de Florian Henckel von Donnersmarck) ont été de véritables « succès populaires qui auraient tout à fait pu être sélectionnés à Cannes », juge Gilles Jacob. « Nous avons cette année plusieurs films de langue allemande et nous espérons rattraper ainsi notre retard », ajoute-t-il.
Plus d’informations :
www.festival-cannes.org