Le "CPE" à l'allemande fait débat

Source : Les Nouvelles d’Allemagne du 31.03.06 publiées par le CIDAL

Le « CPE » à l’allemande fait débat

En Allemagne comme en France, le projet d’instaurer une période d’essai de deux ans pour les nouvelles embauches ne va pas sans soulever de craintes. Après que le ministre du Travail Franz Müntefering a annoncé qu’il avait pour l’instant gelé la préparation de la mesure, inscrite dans l’accord de coalition, la chancelière Angela Merkel a appelé les opposants au projet au sein de la majorité à s’en tenir à ce qui a été convenu au mois de novembre, quitte à tirer un bilan dans deux ans.

L’accord de coalition qui lie le parti chrétien-démocrate (CDU) et le parti social-démocrate (SPD) prévoit d’autoriser les employeurs à imposer une période d’essai de 24 mois d’une nouvelle embauche, au lieu de six possibles actuellement. En contrepartie, les contrats à durée déterminée et licenciements sans motif seraient interdits. Contrairement au CPE français, la mesure concernerait toutes les nouvelles embauches, et non celles des seuls jeunes de moins de 26 ans. Et à la différence du CNE (contrat nouvelles embauches), elle ne s’appliqueraient pas non plus aux seules PME. En Allemagne, les entreprises de dix salariés ou moins bénéficient déjà depuis 2004 d’une mesure de souplesse pour les nouvelles embauches puisqu’elles ne sont pas soumises à la loi de protection contre les licenciements.

Observées de près en Allemagne, les manifestations anti-CPE ont sans doute ravivé des inquiétudes parallèles outre-Rhin. Il y a une dizaine de jours, le président de la Confédération allemande des syndicats (DGB), Michael Sommer demandait ainsi que la mesure prévue dans l’accord de coalition ne soit pas appliquée telle quelle en utilisant les mêmes arguments que les anti-CPE. Selon lui, le salarié « se trouvera dans une situation d’emploi précaire, et il n’aura accès ni au logement, ni au crédit ».

Pour une grande coalition composée de chrétiens-démocrates (CDU) et de sociaux-démocrates (SPD) aux conceptions sociales par nature différentes, le sujet était forcément périlleux, et l’accord sur un compromis salutaire. Dans le contexte actuel, certains parlementaires du SPD craignent cependant que le projet n’ouvre la porte au démantèlement du code du travail. « J’ai stoppé le projet de loi après qu’une partie des chrétiens-démocrates se sont éloignés pas à pas de l’accord de coalition », s’est expliqué le ministre de l’Emploi et des affaires sociales Franz Müntefering (SPD). « Nous devons d’abord mettre en ouvre ce que sur quoi nous nous sommes accordés », estime, pour sa part, la chancelière Angela Merkel.