J’ai une question concernant le Konjunktiv I, et plus particulièrement le Konjunktiv I Vergangenheit mit Modalverb.
Si j’ai bien compris, il se construit de la façon suivante : haben/sein au Konjunktiv I + infinitif du verbe + Modalverb à l’infinitif.
Or, je ne comprends pas pourquoi ce ne serait pas plutôt : haben/sein au Konjunktiv I + Partizip II du verbe + Modalverb à l’infinitif, dans la mesure où on est au passé.
Michelmau: elle veut savoir le comment du pourquoi du double infinitif.
Ma chère, je ne suis pas sûr que tu aies vraiment envie de savoir la vraie raison… c’est une histoire de particule aspectuelle au haut-moyen-âge et de normalisation grammaticale à la cour des rois saxons des siècles plus tard.
Version hypercourte: le ge- du participe passé n’a pas toujours été réservé au participe passé. Tout verbe avait des variantes aspectuelles, comme dans les langues slaves aujourd’hui. Mais les Germains ont fait le ménage et inventé les génialissimes verbes à particule séparables ou non-séparables qui s’émancipent totalement de leur verbe « père ».
Donc, pour des raisons qui sont restées au moyen-âge, les verbes de modalité et quelques autres n’avaient pas de version aspectuelle (perfective) en ge- (à l’époque, c’était ga-, mais bon, je sens que vous allez me lâcher) et donc les passés sont restés sans ge- y compris lors du passage à la forme composée que l’on appelle maintenant le Parfait. Les formes en ge- actuelles sont formées a posteriori pour que le système soit logique. Mais dans la séquence avec un infinitif avant, le cette forme sans ge- s’est figée, et a été reprise par la langue de la chancèlerie saxonne. D’autres dialectes ne l’avaient pas gardée, comme le domaine bavarois ou alémanique, mais ce ne sont pas eux qui ont jeté les bases de l’allemand moderne. Les grammairiens du XVIIIe et XIXe ont entériné cette structure et elle est connue maintenant sous le nom de double infinitif.
Il y a donc toute une époque où le ge- se mettait aussi bien sur le prétérite que sur l’infinitif ou le présent. Il en reste des verbes en ge- aujourd’hui, et on dit aux élèves que c’est juste pas de chance si ces ge- là restent (gehören, gehorchen etc.)
De plus aussi, à une certaine époque, on avait des participes passés ambigus sur la forme, avec des worden sans ge-, mais aussi wesen voire weest au lieu de gewesen et geweest. Le worden sans ge- est d’ailleurs resté au passif parfait.
Elie a été sympa… moi j’aurai eu tendance à te dire que c’est comme ça… parce que c’est comme ça en Allemand… inutile d’en chercher la raison… c’est comme ça (parfois il ne faut surtout pas comparer avec le français, juste retenir qu’en allemand on le dit de CETTE façon )
Petite question à Elie:
Er kann nicht kommen.
Preterit:
Er konnte nicht kommen.
Perfekt:
Er hatnicht kommen können: il n’a pas pu venir.
La question que je me suis toujours posée est celle de la place de l’auxiliaire de temps dans la subordonnée:
Er ist nicht da, weil er nicht hat kommen können.
Y-a-t-il une explication à la position du hat ?
Alors ça, c’est encore pire. La sérialisation (l’ordre dans lequels ils apparaisent dans la phrase) des éléments du groupe verbal final est une chose bien floue.
Aucun dialect en Allemagne n’a l’auxiliaire à la fin dans tous les cas. Les seuls, se sont les frisons, et c’est leur langue, c’est pas de l’Allemand. Il y a une étude dans le grand atlas du XIXe siècle. On trouvait souvent « hat müssen kommen » au lieu de l’actuel « hat kommen müssen » au XVIe et XVIIe. L’ordre actuel a été établi car paraissant le plus apte à ne pas trop contrarier trop de monde. Le néerlandais a choisi un ordre inverse à celui allemand actuel, conformément à ce qui se pratiquait vers l’ouest. Ce double infinitif avec auxiliaire premier est une relique qui est restée dans les grammaires et que personne n’ose plus changer depuis 200 ans.
En effet, le mode du verbe ne change rien au problème, c’est totalement mécanique avec l’infinitif en plus du verbe en question.
En classe, j’avoue que je me retrouvais souvent à parler de double infinitif à la suite du Konj.1 ; en effet, il n’y a pas de prétérit au Konj.1, donc on doit reformuler au parfait, ce qui fait apparaitre automatiquement ces doubles infinitifs, alors qu’à l’indicatif, sourtout à l’écrit, le prétérit (Imperfektum) ne conduit pas à un double infinitif.
Ce cher Sick indique qu’on attend le double infinitif avec les verbes de modalité ou de semi-modalité suivants: müssen, können, dürfen, lassen, wollen, sollen, mögen, brauchen, sehen und hören.
L’absence de zu dans la construction infinitive avec brauchen est un débat en soi, c’est aussi passionant mais pas directement lié au thème de ce fil.