"Le miracle allemand, c'est aussi son management"

"Dans le torrent de déclarations politiques et d’articles récents sur les excellentes performances allemandes et la nécessité de les imiter, un paramètre est bizarrement absent : le management.
On peut invoquer les réformes fiscales, la restructuration de la protection sociale, les positionnements sur des secteurs technologiques porteurs, certes. On peut aussi rappeler que la croissance forte en 2010 succéda à un sacré plongeon en 2009 (ceux qui vivent régulièrement en Allemagne avaient pu le constater douloureusement à l’époque) ou que l’Allemagne est devant une crise démographique majeure. Il est évident que ces dimensions macroéconomiques ont un réel impact. Mais dans la performance d’un collectif, le niveau micro est aussi souvent essentiel.

Partons d’un paradoxe frappant la plupart des cadres amenés à travailler avec ou au sein d’entreprises allemandes : « En fait, ils ne travaillent pas plus que nous, souvent ils sont même beaucoup plus relax, mais finalement ils obtiennent de bonnes performances ! » C’est assez énervant en fait. Quand on fait cours à des étudiants ou en formation permanente, on constate le même phénomène : on n’a pas que des prix Nobel de physique en face de soi, mais in fine les travaux rendus sont souvent de grande qualité.
Alors quelques exemples de pratiques managériales que beaucoup reconnaîtront rapidement : tout d’abord dans une réunion en Allemagne, on écoute les autres quand ils parlent. Là, il y a un vrai miracle allemand pour les Français habitués à des réunions sans agenda, sans conclusion, avec des discussions qui vont dans tous les sens et un chef plus ou moins compétent, qui parle souvent dans le vide, sans vraiment considérer comme une priorité essentielle le fait de susciter une adhésion sincère à ses vues. L’adhésion, ça coûte cher, implique beaucoup de palabres, mais surtout ça a une grande valeur pour la performance, en particulier dans les industries « compliquées » où un détail raté peut coûter très cher."

suite article:
Les Echos.fr