Le parti Pirate

Les Piraten sont encore dans la petite enfance politique. Il est hors de question de définir ce qu’ils sont, car ils sont en devenir. Pas sûr qu’ils soient demain ce qu’ils sont aujourd’hui. Ceci dit, je vois chez Schlömer la découverte de l’est par un petit Wessi, et ça le dépasse un peu. Donc, les jeux sont ouverts.

En passant de Hamburg à Berlin, Schlömer fait surtout la découverte du foisonnement contestataire ou alternatif de la nébuleuse orientale post-réunification. Le NPD en est une composante et les Piraten sont en concurrence directe avec eux dans l’esprit d’une population qui s’intéresse à la politique pour se faire entendre et pas forcément pour agir. On appelle cela la contestation, le vote contestataire ou autre, mais l’essentiel pour moi est de ne pas réduire cet intérêt politique à la critique et au racisme. Les Piraten ne peuvent pas se permettre de diaboliser toute personne ayant flirté avec le NPD ou n’importe quel autre forum d’expression afin de ne pas se condamner à réduire les Piraten à l’expression politique des Anti-Fa. Venant de la culture estudiantine des sciences sociales, Schlömer doit y être particulièrement sensible. Les Piraten doivent inclure pour se construire, ils n’ont pas le choix. Se démarquer pour ne pas disparaitre dans des nébuleuses chaotiques existantes, oui - mais pas au risque d’exclure l’émergence d’un point de gravité compatible avec le monde politique parlementaire tout en s’en distinguant.

Je ne sais pas si Schlömer a sous-estimé le potentiel d’adhésion racisto-nationaliste dans les régions sinistrées ou isolées, ce qui est quand même une question essentielle quand on voit le monde de Berlin, mais il me semble que sa longue hésitation à condamner les déclarations clairement xénophobes de certains prouve simplement qu’il n’est pas encore vraiment un chef de parti, juste un tribun. C’est un peu la figure d’autorité sans le pouvoir de sanction. C’est la réaction médiatique qui ne met dos au mur. Peut-être avait-il espoir que ces sympathisants des idées du NPD ne soient pas idéologiquement racistes, s’appuyant sur le fait que les Piraten n’ont pas du tout développé cette piste d’engagement, ce qui tendrait à prouver que ceux qui s’intéressent à ce nouveau mouvement ne placent pas la xénophobie au centre de leur raisonnement politique et de leur analyse sociale. Ce serait donc des esprits récupérables, pas encore perdus. Si c’est l’idée de Schlömer, il est culturellement plus à gauche qu’il ne semble le penser lui-même. :laughing:

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Que deviennent les Pirates ?

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