Le sport fut une dimension à part entière de la Guerre froide. Une exposition au Zeitgeschichtliches Forum de Leipzig explore jusqu’au 5 avril 2010 l’évolution du sport en RDA et en RFA, et le rôle des compétitions sportives dans la rivalité entre les deux Allemagne. À travers plus de 1.100 objets, elle illustre l’intemporel pouvoir de fascination du sport et rappelle aux Allemands de grands moments de ferveur collective de part et d’autre du Rideau de fer.
Grands moments
Personne, outre-Rhin, n’a oublié ces grands moments. Le but de Jürgen Sparwasser, qui signa la victoire de la RDA sur la RFA en Coupe du monde de football, en 1974. La finale légendaire du 100 mètres féminin aux Jeux olympiques de Munich entre l’Allemande de l’Est Renate Stecher et l’Allemande de l’Ouest, Heide Rosendhal. Ni la victoire ouest-allemande en Coupe du monde de football en 1954 - le « miracle de Bern », qui signa symboliquement le retour de l’Allemagne dans la communauté des nations.
L’histoire du sport, en Allemagne, se fait l’écho de la politique. Les relations sportives entre les deux Allemagne reflétaient au plus haut point cette rivalité politique et symbolique entre deux systèmes que tout opposait. Elles étaient empreintes d’une grande méfiance. Mais, des deux côtés, on s’employait à souligner les vertus des échanges.
À partir du milieu des années 1960, la RDA mit de plus en plus en valeur le sport de haut niveau pour gagner en prestige et en reconnaissance. Les talents étaient repérés dès le plus jeune âge, entraînés avec des méthodes nouvelles et choyés par l’innovation technologique. La RDA devint le « pays merveilleux du sport ». Dans les années 1980, surtout, ses athlètes enchaînèrent les succès et les records. Vitrine du pays, ils se virent accorder quelques privilèges. Mais le prix à payer était élevé : le dopage était obligatoire et organisé par l’État.
Au même moment, la RFA chercha elle aussi à mieux promouvoir ses sportifs. Elle voulait, d’abord, faire bonne figure aux Jeux olympiques de 1972, qui se déroulaient à Munich. Mais, au sein de la société, la signification du sport n’était pas la même qu’en RDA. Tandis qu’à l’Est, le sport devait soutenir la construction d’une société nouvelle et l’identification de la population au régime, les fédérations sportives ouest-allemandes étaient très attachées à leur indépendance et à leur organisation démocratique.