[i] L’encyclique Mit brennender Sorge (Avec une brûlante inquiétude) fut publiée le 10 mars 1937.
Adressée aux évêques allemands, et exceptionnellement rédigée en langue allemand pour faciliter sa diffusion et être lue dans les églises de ce pays, l’encyclique traite de la « situation religieuse dans le Reich allemand ». Elle déplore les violations du concordat du 20 juillet 1933 et condamne la divinisation de la race.
Signée par Pie XI, l’encyclique a été préparée en secret par le futur pape Pie XII.
Distribuée par courriers spéciaux aux évêques puis aux prêtres des paroisses qui la reçurent souvent le matin même du jour prévu pour sa lecture, le dimanche des Rameaux (fête qui, une semaine avant Pâques fait mémoire de l’entrée du Christ à Jérusalem peu avant sa Passion), le 21 mars 1937. Les choses furent organisées avec assez de secret et d’efficacité pour que la Gestapo n’aie pas connaissance de la diffusion de l’encyclique. Elle ne réussit à intercepter que quelques plis.
Elle constate le non-respect par la partie allemande du concordat de 1933 et les persécutions dont souffrent les catholiques allemands.
Elle souligne :
- le néo-paganisme imposé à l’Allemagne,
- Le rejet imposé de l’Ancien Testament,
- Le mythe du « Sang et de la Race » et le culte du chef,
- Le danger d’une Église nationale,
- Le non-respect des droits,
- La propagande antichrétienne
L’encyclique enfin invite à la résistance.
Elle suscite une vive réaction du gouvernement, qui s’estime attaqué. les exemplaires de l’encyclique sont saisis, les entreprises qui ont, secrètement, participé à son impression sont fermées et une partie de leur personnel est arrêté. Le 23 mars, Hans Kerl, ministre des affaires religieuses écrit aux évêques allemands que « l’encyclique contient de sérieuses attaques contre les intérêts de la nation allemande. Elle essaie de diminuer l’autorité du Reich, de nuire aux intérêts de l’Allemagne à l’étranger et avant tout met en danger la paix de la communauté par un appel direct aux catholiques ».
Les persécutions anti-catholiques se poursuivent en Allemagne. En mai 1937, Hitler ordonne que les procès contre les congrégations religieuses reprennent. L’activité de l’Église est soumise à des vexations et interdictions de plus en plus fortes. Des fidèles en subissent, personnellement, les conséquences. Des perquisitions sont opérées dans plusieurs évêchés et des documents comportant des informations confidentiels sur des fidèles sont saisis. En décembre 1937, 82 établissements catholiques d’enseignements sont interdits d’activité.
En 1937, 1 100 prêtres et religieux sont jetés en prison. 304 prêtres sont ensuite déportés à Dachau en 1938. Enfin, les organisations catholiques sont dissoutes, et l’école confessionnelle interdite, les évêchés de Munich, Fribourg et Rottenburg sont saccagés par la Gestapo.
Plusieurs historiens relèvent la force du langage employé qui y voient l’une des dénonciations les plus virulentes contre un régime national jamais prononcée par le Vatican. Son langage vigoureux contraste avec le ton habituellement employé dans la rédaction de ce type de documents. Elle critique directement le Führer, « aspirant à la divinité », « se plaçant au même niveau que le Christ » ; « un prophète de néant ».[/i]
fr.wikipedia.org/wiki/Mit_brennender_Sorge
Vous la lirez comme j’ai pris le temps de le faire ici :
lesbonstextes.ifastnet.com/pximi … rsorge.htm
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VÉNÉRABLES FRÈRES, SALUT ET BÉNÉDICTION APOSTOLIQUE.
C’est avec une vive inquiétude et un étonnement croissant que depuis longtemps Nous suivons des yeux les douloureuses épreuves de l’Église et les vexations de plus en plus graves dont souffrent ceux et celles qui lui restent fidèles par le coeur et la conduite, au milieu du pays et du peuple auxquels saint Boniface a porté autrefois le lumineux message, la bonne nouvelle du Christ et du Royaume de Dieu.
Cette inquiétude n’a pas été diminuée par ce que les représentants du vénérable Épiscopat, venus Nous visiter à Notre chevet de malade, Nous ont fait connaître, conformément à la vérité et comme c’était leur devoir. À des nouvelles bien consolantes et édifiantes sur la lutte pour la foi que mènent leurs fidèles, ils n’ont pu s’empêcher, malgré tout l’amour qu’ils portent à leur peuple et à leur patrie, malgré toute leur application à juger avec mesure, d’en mêler une infinité d’autres, bien dures et bien mauvaises. Après avoir entendu leur exposé, Nous pûmes, dans un élan de vive reconnaissance envers Dieu, Nous écrier avec l’Apôtre de l’Amour : " Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité " (III Jean, IV). Mais la franchise qui convient à Notre charge apostolique, si pleine de responsabilités, et la décision de mettre sous vos yeux et sous les yeux de tout l’univers chrétien la réalité dans toute sa gravité Nous obligent d’ajouter : " Il n’est pas de plus grand chagrin, ni de douleur plus amère à Notre cœur de Pasteur, que d’apprendre que beaucoup abandonnent le chemin de la vérité." (Cf. II Pierre, II, 2).
Lorsqu’en été 1933, Vénérables Frères, Nous acceptâmes la négociation d’un Concordat, que le gouvernement du Reich, reprenant un projet vieux de plusieurs années, Nous proposait, et quand, à votre universel contentement, Nous la terminâmes par un accord solennel, Nous étions guidé par le souci, que Notre devoir Nous impose, d’assurer en Allemagne la liberté de la mission bienfaisante de l’Église et le salut des âmes qui lui sont confiées, mais encore par le désir sincère de rendre au peuple allemand un service essentiel pour son développement pacifique et sa prospérité.
C’est pourquoi, en dépit de nombreuses et graves considérations, Nous Nous sommes alors décidé à ne pas lui refuser Notre consentement. Nous voulions épargner à Nos fidèles fils et filles d’Allemagne, dans la mesure des possibilités humaines, les angoisses et les souffrances que dans l’autre hypothèse les circonstances du temps faisaient prévoir avec pleine certitude. Nous voulions prouver à tous par des actes que, cherchant uniquement le Christ et les intérêts du Christ, Nous ne refusions pas de tendre la main pacifique et maternelle de l’Église à quiconque ne la repousse pas.
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