j’ai souvent entendu dire qu’il était mal vu en Allemagne de montrer sa richesse ou son patrimoine aux yeux de tous , surtout pour un politique , est-ce vrai ?
Ils ont de plus belles voitures que les français ?
Il n’y a pas de culture allemande de l’argent. C’est régional.
En gros, il y a plusieurs Allemagnes du fric:
-
Le nord hanséatique: arrange-toi pour que tout le monde sache que tu es blindé sans montré un seul sou en public. A tel point que moins quelqu’un en montre, plus il y a de chance pour que ce soit un vrai riche. Mais le doute subsiste toujours. Voir Hambourg.
-
Le sud paysano-industrieux: choisis bien tes signes extérieurs de richesse et tiens-y toi en prétextant que c’est une passion. Mais construit grange/garage/piscine/etc. nettement plus grand que ce dont tu as vraiment besoin, les gens regardent même s’ils ne disent rien . Voir Munich.
-
L’ouest rhénan jouisseur: c’est pas l’argent qui compte, c’est le plaisir. Les plaisirs chers, c’est bien aussi, discrétion inutile car on ne fait que s’amuser, n’est-ce pas? Voir Düsseldorf.
-
L’est méfiant: avoir de l’argent, c’est en avoir gagné en 15 ans. Donc nouveau riche. Donc pas forcément honnête. Donc pas bon protestant rigoriste. Donc on se méfie. Voir Leipzig.
Il y a des nuances. Je considère la Saxe comme culturellement proche de la Bavière et le Mecklenburg est nettement hanséatique. La finance de Francfort, c’est un monde à part. Le reste des petites villes bien propres un peu partout dans le pays, c’est le règne du jardinet propret, de la voiture bien lavée et de la maison bien plus chère que la modeste façade ne le fait croire. Du standard, quoi.
Je trouve ton commentaire intéressant. Berlin est une exception, comme d’habitude. La ville cultive un rapport très ambigu à l’argent. Le vieil argent des quartiers bourgeois et le côté artiste fauché ou prolétaire de l’est sont généralement « acceptés », mais la ville a du mal à intégrer ses nouveaux bobos.
Pour que Berlin ait un rapport à l’argent, encore faudrait-il que les Berlinois en aient. Le vieil argent, c’est trois fois rien à Berlin comparé aux autres grandes villes allemandes. Berlin est avant tout une ville de pauvres. Parler de bobos, c’est aller un peu loin, je trouve. On est loin de la faune parisienne du genre. Il y a juste une nouvelle population du tertiaire qui trouve du travail dans le sillon du développement de la ville en tant que capitale. Mais c’est nouveau et c’est pas grand chose.
Bien sûr, Berlin est encore loin de Paris question gentrification et les familles de bourgeois sont moins nombreuses qu’à Hambourg ou Munich, mais Berlin est de moins en moins une ville de pauvres.
Tiens donc ! Je constate une paupérisation galopante à Berlin, c’est effrayant. Ces derniers temps, je me suis souvent rendu dans une ville portuaire de la Baltique (ZS, pour ceux qui connaissent), en passant par Berlin. C’est absolument déprimant. Surtout quand on voit une jeune génération qui ne saura jamais ce que c’est que le travail, et qui croit qu’il suffit de tendre un gobelet pour que les picaillons tombent.
Paupérisation à Berlin ?! Au contraire, le chômage régresse dans la ville. Je sens un certain mépris des jeunes dans ton commentaire… Pourquoi donc ? La majorité des gens veulent travailler.
Les jeunes qui veulent travailler, ils vont dans les villes et les régions où le travail est traditionnellement motivant et gratifiant. Berlin n’a plus les conditions d’une capitale, comme l’était Berlin-Est, où les salaires étaient plus élevés qu’en province, et le niveau de vie aussi (vitrine !). Quant à Berlin-Ouest, c’était carrément une poubelle, maintenue sous perfusion pour jouer son rôle politique. Berlin réunifiée n’a jamais eu les moyens de vivre en autarcie, avec un budget équilibré. C’était un non-sens de garder le statut de ville-Etat. Comparé à d’autres capitales, Berlin n’a pas les moyens de jouer un rôle phare, et ce rôle n’est d’ailleurs pas ancré dans les mentalités. Espoir déçu en ce qui me concerne. Le système de transports se dégrade de plus en plus, surtout le S-Bahn.
Mépris des jeunes ? C’est la réponse du berger à la bergère. Si les jeunes ne comprennent pas les anciens et leurs conditions de vie quand ils avaient leur âge, j’avoue pour ma part ne pas comprendre les jeunes. Ils ont des instruments d’information formidables à leur disposition pour apprendre et communiquer, mais ils sont trop fainéants pour s’en servir.
Je laisse de côté le débat sur Berlin-Est et Ouest, car ça risque de nous amener très loin du sujet.
La question se pose en effet : faut-il quitter la ville parce que les conditions d’embauche et de travail sont trop dures ? C’est oublier que beaucoup y ont des attaches, personnelles et familiales, aiment leur ville et veulent contribuer à la développer. Certains jettent l’éponge. Beaucoup font des sacrifices pour y rester : accepter des salaires moins élevés, une compétition très rude pour avoir un poste, etc. De plus en plus montent leur boîte. Il y a un vrai dynamisme. C’est vrai, les gens qui viennent d’ailleurs et choisissent d’y vivre ne viennent pas à Berlin pour y faire du fric comme à Francfort ou Düsseldorf. Qui va à Francfort pour la ville, pour s’y impliquer?
Je ne fais pas de généralité sur les générations plus âgées et je n’ai jamais fait de critiques à leur égard. Je souhaiterais seulement qu’on respecte les jeunes générations et qu’on leur fasse confiance.