La plateforme de démocratie participative lancée sur Internet par la chancelière Angela Merkel fait recette. Dix jours après son lancement, elle avait déjà recueilli, vendredi, plus de 4 000 propositions de mesures ou de réformes à mener au cours des cinq ou dix années à venir. La chancelière a posé à ses concitoyens trois questions majeures : « Comment entendons-nous vivre ensemble ? », « De quoi entendons-nous vivre ? » et « Comment entendons-nous apprendre ? ». Un groupe de 120 experts suit les débats et élabore parallèment sa propre réflexion.
Succès de la plateforme participative du gouvernement fédéral
L’interêt des citoyens s’est manifesté dès le premier jour. Au bout de vingt-quatre heures, la plateforme du « Dialogue sur l’avenir » avait reçu la visite de plus de 22 000 internautes et enregistré plus de 1,75 million de « pages vues ». Le lendemain, ce chiffre grimpait à 2,3 millions. « À travers ce dialogue avec des citoyens et des experts, nous nous lançons dans quelque chose de nouveau . L’écho important que rencontre cette plateforme nous encourage à continuer », a commenté Mme Merkel.
La chancelière revendique cette première expérience de démocratie participative comme une « expérimentation ». Il s’agit, explique-t-elle dans un entretien diffusé en ligne, de penser la politique au-delà du quotidien en supprimant les œillières qu’imposerait le recours aux seuls experts. Place à l’imagination face aux grands défis qui s’annoncent (le vieillissement, la diversification de la société, des structures familiales, les défis économiques, etc.) ! « Plus il y aura de participants, mieux ce sera », affirme la chancelière.
La plateforme du « Dialogue sur l’avenir » n’est pas, pour autant, un fourre-tout. Les internautes peuvent évaluer mutuellement leurs idées. Les experts feront également leur propre tri. Les personnes dont les propositions auront recueilli le plus de soutien ou suscité le plus d’intérêt seront invitées à en discuter avec la chancelière en personne à l’automne prochain. Le gouvernement décidera alors de ce qui est réalisable ou non.
Des idées pour agir
Car l’objectif est bien l’action. La chancelière l’a dit d’emblée : « Ce dialogue citoyen n’est pas un débat philosophique ». Selon Mme Merkel, « les bonnes idées pourront déboucher sur un projet pilote. Les bons exemples tirés de la pratique pourront faire école, par exemple en ce qui concerne la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale ». La chancelière souhaite d’ailleurs que l’initiative débouche sur des mesures « que nous ne souhaitions pas réaliser jusqu’à présent ».
Assistera-t-on donc bientôt à la légalisation du cannabis ? À la relance du débat sur l’islam ? À la création d’une allocation universelle ? Voire à la promotion du végétarisme ? En effet, telles sont, pour l’heure, quelques-unes des propositions les plus commentées par les internautes. La critique ne s’est pas fait attendre : d’aucuns ont reproché à l’expérimentation gouvernementale d’offrir une tribune à des groupes de pression en tout genre. La chancelière a cependant prévenu : le gouvernement ne sélectionnera que les idées « réalisables ».