Les cabaniers de l'asile

En hommage aux victimes

de politiciens incultes

Lorsque j’étais petit, je n’étais pas grand. Cette réalité, qui ne m’a pas autrement marqué, je l’ai acceptée d’emblée comme inéluctable, avec la certitude précoce que ça ne durerait pas. Je dois avouer une certaine prédisposition naturelle à l’acceptation des êtres et des choses imposées, avec une sorte de lâcheté méprisante pour la fatalité qui ne m’a guère quitté depuis. Je n’étais donc pas du style à m’exclamer devant une mère qui d’ailleurs avait autre chose à faire qu’à s’extasier à nos premiers mots d’enfants : « Un jour je s’ras grand comme toi, dis maman ? » Surtout que je n’ai jamais été pressé de progresser dans une vie enrichie pourtant par autant de victoires que de défaites. Cette résignation ne m’a d’ailleurs pas valu plus de désagréments que les autres.

Lorsque j’étais petit, donc, maman m’avait mis à l’Asile. Ne faites pas ces yeux ronds, attendez les explications avant de vous alarmer ! On appelait « Asile », dans notre petite commune d’Ernée, l’école maternelle libre, c’est-à-dire catholique, et non « privée » comme on dit aujourd’hui chez les transfuges fourestiers bornés et chez les snobs bobos intellos qui la singent. Elle était mixte à la façon de ce temps-là : la cour de récréation était partagée en deux parties, l’une réservée aux filles, l’autre aux garçons, les deux communautés séparées par un mur. Il faut croire que depuis la guerre, la civilisation moderne a trouvé un grand intérêt à l’usage de ces élévations artificielles : l’Atlantique, Berlin, Gaza, nettement moins inhumaines, sans doute – l’essentiel est d’y croire – que les barbelés électrifiés. J’étais dans la classe de Mademoiselle Courtade, une très vieille dame adorée qui, à ma grande surprise, a survécu pendant des décennies à son déjà grand âge.
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jean luc :wink:

Un peu d´humanité dans un monde de brutes