Petite explication pour les jeunes générations
A l’école primaire , il y a très longtemps de cela , on avait des « cahiers de récitation » : l’instit écrivait au tableau un poëme qu’on devait recopier dans ledit cahier , et ce poëme , il fallait l’illustrer et l’apprendre par coeur. Parmi les disciplines scolaires variées ; calcul , français , leçon de choses , dessin…et conduite , figurait également , dans les carnets de notes , la rubrique récitation.
Je me souviens qu’en collège et même en lycée…peut_être jusqu’à la seconde (je ne l’affirmerais pas ) il existait une « composition trimestrielle de récitation » , notée.Je ne me souviens plus s’il elle rentrait dans la moyenne scolaire.
A ce propos , petite anecdote réelle dont je me souviens toujours avec amusement. Ce devait être en classe de troisième . On avait , à l'époque , dans ma classe pas mal de copains ivoiriens.
Je me souviens d’une composition de récitation au premier trimestre ; on devait préparer un poëme dont on nous avait laissé le choix ; on montait sur l’estrade et on le récitait le plus expressivement possible devant toute la classe; et c’était noté.
Le prof de français appelle donc un de mes copains ivoiriens , appelons-le Léonard , et lui pose la question rituelle :« Alors , Léonard , qu’as-tu choisi de nous réciter ? »
Et Léonard :
" Le chêne et le roseau " de Lafontaine , Monsieur !"
Et voilà Léonard qui commence à réciter en y mettant le ton du mieux qu’il pouvait , puis arrive le moment de la fable ou la tempête approche :
« Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L’Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.
Et là , Léonard , qui comme beaucoup d’Africains , roulait les « r » , les fait retentir avec encore plus de vigueur et on assiste à un véritable crescendo ; il est lui-même la tempête.
Quelques secondes de silence pour les élèves médusés , puis l’un d’entre eux , se met à applaudir , immédiatement suivi du reste de la classe. Le prof , lui aussi, affichant un large sourire de satisfaction applaudit aussi , puis , s’addressanr à la classe : » Alors , quelle note on lui met ? Et tout le monde , comme un seul homme ;« 20 , M’sieur »
Alors le prof : « 20 , non , 20 c’est la perfection et la perfection n’est pas de ce monde. Je lui mets donc 19. » On aurait pu en rester là , mais , c’est là où l’histoire devient amusante ;
Composition de récitation du 2ème trimestre ; arrive le tour de Léonard.
Et le prof pose la même question ; « alors , Léonard , que vas-tu nous réciter cette fois-ci ? » et Léonard , sans doute grisé par son succès du premier trimestre :
-"Le chêne et le roseau " de Lafontaine , Monsieur.
Mais là , le prof n’a pas été d’accord et mon copain a été forcé de se rabattre sur un autre poëme , moins percutant.