La scène se passe dans un collège de Weißenburg en Bavière.
Vendredi dernier , à l’occasion du dernier jour d’école avant les vacances de carnaval , une compétition de Mausefallenrennen - YouTube Mausefallerennen est organisée par les élèves des septièmes et huitièmes classes ( en gros , si je ne me trompe pas , nos cinquièmes et quatrièmes.)
Pour encourager les élèves , la directrice , âgée de 43 ans , au lieu de prononcer le traditionnel :« viel Glück = bonne chance " leur lance un « Sieg Heil ».
On imagine , à juste titre ’ la stupéfaction et l’indignation des élèves , des profs et des parents d’élèves.
Même le conseiller CSU du coin réagit vigoureusement : " Cela est complétement déplacé , surtout devant des élèves ! »
Le ministère de l’éducation du land compte bien réagir.
La directrice incriminée sera-t-elle suspendue de ses fonctions ? A suivre.
Elle a déjà présenté des excuses , disant qu’il s’agissait d’un dérapage verbal qu’elle regrettait.
On se demande ce qui se passe dans la tête de certains gens. Incroyable. Apparemment, elle a le cerveau fêlé, cette directrice, j’espère qu’elle sera suspendue.
Je crains que ce genre de dérapage ne soit pas spécifique à l’Allemagne , Miriam. On assiste , en effet , en France également et sans doute dans d’autres pays européens à une banalisation de ce genre de propos d’extrème-droite. Jugement qui , bien sûr , n’engage que moi.
Évidemment, Michel, je suis à 100% d’accord avec toi et ce n’est pas ce que je voulais dire (que ce soit un phénomène spécifique à l’Allemagne).
D’accord, en Allemagne on a par exemple cette expression désinvolte de “innerer Reichsparteitag” qui me derange à chaque fois que je l’entends dire. Je ne veux pas passer pour dépourvue d’humour mais il y a tant d’autres choses dont on peut rire. Certaines parodies d’Hitler pourraient effectivement être comiques mais au fond je n’aime pas en rire, le rire reste coincé dans la gorge.
Et en effet, c’est également dans d’autres pays que ce sujet est abordé avec une insouciance croissante; les Anglais sont bien connus pour ne rater aucune occasion pour évoquer ce sujet, s’en moquer etc., comme s’il s’en émanait une fascination morbide.
(je passe en vitesse… grand V… )
d’accord avec vous sur le terme employé et le fait que cette expression ne devrait plus être prononcée…
mais pour que je me couche moins bête ce soir… Que signifie exactement « Sieg Heil » ??
cette expression a-t-elle le même sens que « Viel Glück », ou bien la directrice a-t-elle voulu faire
passer une sorte de « message subliminal » ?
Mot à mot ; « salut à la victoire ».
Oui, cet épisode m’inspirait la même question que Kissou. C’est donc une expression qui était d’usage courant (et non connoté) avant le IIIe Reich ?
C’est vrai qu’on peut se demander comment ça se retrouve dans la bouche d’une femme de 43 ans : est-ce donc forcément signe de sympathiques peu sympathiques ?
Et sous l’Empire, c’était quoi l’hymne national ? « Heil Dir im Siegerkranz… » (sur l’air de « God shave the Queen »). En Bavière : « Heil unserm König, Heil ! » Sans parler des « Berg Heil », « Waidmannsheil », « Petri Heil »… Un « Heil » donc bien enraciné dans la conscience populaire, surtout d’ailleurs dans l’ouest de l’Autriche, où « Heil » était employé à l’instar de « Servus », entre amis et collègues (« salut ! »). « Heil Hitler » et « Heil Sieg » passaient dès lors très bien dans la suspension.
Dans le cas de notre directrice d’école qui s’était oubliée, « Sieg Heil » voulait sans doute dire « Que le meilleur gagne » !
En plus , c’était en situation vis-à-vis de jeunes. ( Je déconne , vous l’aurez compris !)
Pour rappel le chant de la jeunesse hitlérienne :« die Jugeng marschiert » , se termine par un percutant « Sieg heil ! »
EDIT ; la directrice mise en cause dans cette lamentable histoire , dit , pour sa défense , que , politiquement , elle est plutôt de sensibilité verte.
Le chant précité est d’ailleurs tout à fait dans cette mouvance, « Nous marchons gaiement à travers vertes forêts et prairies, attaquons gaillardement les pentes ! » Ah, la jeunesse au grand air !
c’est comme si nous on faisait chanter " Maréchal nous voila"
en classe , pas korect
HS : a noter que la photo du Maréchal Pétain, à bien été enlevé à la Mairie de Gonneville sur Mer (calvados)
même si elle n’était que dans une représentation en photo de tous les présidents de la République Française,
suite à une plainte de Mariés qui jugé cela de mauvais gout
qu’on se le dise
Ils avaient bien raison de protester, le Maréchal Pétain n’a jamais été président de la République.
Par contre, je me souviens que jusqu’à l’instauration du nouveau franc en 1960, les pièces de l’Etat français frappées de la francisque et arborant la devise « Travail, famille, patrie » avaient toujours cours légal. C’était mon enfance.
(comme en RDA les pièces de 2 DM jusqu’en 1979)
Très étrange en effet…ça doit lui venir de très loin pour que ça soit sorti comme ça, naturellement. Il faudrait savoir sur quel ton elle a lancé son « Sieg Heil ». En admettant qu’elle l’ait dit sur un ton enjoué et sans claquer les talons, on peut imaginer qu’elle entendait ça dans sa famille quand elle était petite et qu’elle jouait aux petits chevaux…un Sieg Heil d’avant le III ème Reich en somme.
Enfin, je souhaite vivement que ce ne soit pas volontaire…
Ben, tout le monde sait très bien ce que cela signifie. Il n’y a pas d’excuses là, à mon avis.
Oui tu dois avoir raison. Mais j’essaye de comprendre comment on peut être proche des verts et lancer un Sieg Heil à des enfants…
(merci pour ceux qui ont comblé mon ignorance en me donnant la traduction exacte de cette expression)
sauf que… X-ray… on te dit que l’instit a 48 ans… elle n’a donc pas pu connaître l’expression « avant guerre »…
et pour une directrice d’école…franchement… ça fout mal quand même !
Je ne comprends pas non plus. Soit elle a véritablement des affinités allant vers l’extrême droite ce qui paraît étrange si elle est politiquement proche des Verts.
Soit elle l’a dit par manque d’attention (assez inconcevable pour moi aussi), soit pour attirer l’attention, pour faire “cool”, pour montrer d’avoir une attitude décontractée vis-à-vis de l’époque nazie, genre “On est bien loin de cette époque-là, on peut bien se permettre de dire une chose pareille” ; que sais-je.
Inadmissible en tout cas, surtout devant des jeunes.
@ Kissou,
Oui, j’ai bien compris. Mais même si l’on fait sortir une expression du domaine public, ce n’est pas pour autant qu’elle n’est plus utilisée dans l’univers privé. Elle est née en 1966. Elle a donc probablement connu sa grand-mère qui a grandi avant guerre et qui pouvait encore utiliser la formule comme on le faisait dans son enfance, c’est à dire sans connotation nazie.
Je ne tente pas de défendre la dame, mais je me demande comment, en supposant qu’elle ne l’ait pas fait volontairement, elle a pu sortir une telle expression.
Elle est directrice d’école, donc elle a une certaine culture qui l’empêche d’ignorer les risques qu’elle encourrait en lançant son SH. Elle se dit proche des Verts, donc, a priori, elle n’avait pas d’intention provocatrice. Donc, en lui laissant le bénéfice du doute, je me dit qu’elle a un passé familial où l’expression était encore utilisée dans son enfance, sans peut-être qu’elle n’en ait mesuré la connotation dans son jeune âge…
Je n’apprends rien à personne, surtout ici, en disant que les expressions que nous entendons dans l’enfance marquent à jamais la manière dont nous nous exprimons, en particulier lorsque nous fonctionnons dans le sentiment. Le jour du jeu scolaire, elle est joyeuse comme quand elle jouait à 6 ans avec sa grand-mère et ses cousines, cette grand-mère qui leur lançait un Sieg Heil pour les motiver, comme probablement sa propre mère avant elle, bien avant que les nazis ne fassent main basse sur l’expression.
Andergassen nous a bien expliqué l’importance du « Heil » en Bavière et en Autriche avant la triste période. C’est ce qui m’a conduit à me poser la question de ce que Bourdieu appelait l’habitus. Peut-être, je dis bien peut-être, a-elle utilisé cette expression car elle est enfouie en elle, dans son éducation, et qu’elle ne l’utilise jamais par simple contrôle. Et là, la barrière est tombée dans un moment « sentimental », un moment où l’on a tous tendance à revenir à ce qu’il y a de plus loin en nous…
Je me dis qu’on peut parfois ne pas hurler avec les loups, et chercher à comprendre en tenant compte de la présomption d’innocence…
Enfin, c’est quand même gros comme bourde. Et j’ai peut-être totalement tord avec mes présomptions…Dans ce cas l’autre explication est très simple : la connerie humaine !!
je pencherai plus vers cette solution là…