Ah, il faudra que je vois ça!
En effet, une branche de ma famille est d’origine allemande et alsacienne, et toute la période 1914-1945 a été mouvementée pour certains!
Ce n’est pas pour raconter ma vie, mais pour la petite histoire, mon arrière-arrière-grand-père faisait partie de la garde impériale allemande avant la Grande Guerre, mon arrière-grand-mère et certains de ses frères et soeurs sont nés en Alsace, à Rouffach (je crois), à l’époque où c’était encore en territoire allemand. Après la guerre, l’arrière-arrière-grand-père s’est retrouvé à travailler dans une mine de potasse et a appris le français en lisant… le catalogue Manufrance. Ce qui est bizarre, c’est que bien que nés allemands, une grande partie de la fratrie de mon arrière-grand-mère - elle comprise - a développé de forts sentiments antiallemands. Pendant l’entre-deux-guerres, mon arrière-grand-mère a fait la connaissance et s’est mariée avec mon arrière-grand-père, militaire, dont les parents vivaient dans l’Yonne. Pendant la seconde guerre mondiale, une des soeurs de mon arrière-grand-mère a été déportée (et a réussi à s’évader!!!), tandis que l’un de ses frères, incorporés de force dans l’armée allemande, a déserté. Sachant que la belle-famille de sa soeur vivait dans l’Yonne, il a voulu aller se cacher là-bas: seulement, il avait un uniforme allemand et a bien failli se faire canarder… par la personne qu’il cherchait, à savoir le père de mon arrière-grand-père. Quant à une autre soeur, elle a été tondue après la guerre pour « collaboration horizontale ».
Après la fin de la guerre, mes arrière-grand-parents, qui du fait du métier militaire de mon arrière-grand-père ont beaucoup voyagé (il faisait partie des troupes d’occupation française), se sont installés en Allemagne. Mon grand-père a donc fréquenté le lycée de Baden-Baden, ce qui n’était pas si loin du reste de la famille restée en Alsace.
Seulement, mon arrière-grand-mère a toujours refusé qu’on lui rappelle ses origines allemandes pourtant bien réelles, et parlait encore des « Boches ». C’est quelque chose qu’elle a constamment nié en bloc - je pense que les horreurs du nazisme, et les théories vaseuses sur la prédisposition des Allemands pour la violence, ne l’ont sûrement pas aidée à se réconcilier avec cette partie de son identité, bien qu’elle ait vécu en Allemagne. Pour elle, elle était toujours alsacienne - ce qui est également vrai. Je n’ai malheureusement jamais eu l’occasion de la questionner, étant plus grande et ayant acquis un peu plus de connaissances à ce sujet, sur sa relation à l’Allemagne. Et j’imagine qu’étant donné le caractère de la dame, cela l’aurait autant intéressée qu’irritée. Le plus paradoxal dans l’affaire, c’est que les dernières semaines de sa vie, à l’hôpital, personne ne la comprenait, car elle ne parlait plus un mot de français. Elle ne parlait pas Alsacien non-plus… mais Allemand. La preuve que malgré tout, elle avait une relation assez spéciale avec ce pays.
Cela m’intéresserait assez de savoir comment cette relation des Alsaciens à l’Allemagne a été traitée dans une fiction! Quoique je ne sais pas si cela peut être comparé avec ma famille, puisqu’en plus d’être Alsaciens, il étaient au moins de père Allemand.