Ils l’ont eue, Kissou. Ils avaient la liberté d’élire quelqu’un qui leur promettait, justement, de vivre dans la liberté contextuelle de l’époque, à savoir effacer la honte de Versailles, revenir la tête haute dans le concert des nations. Quand on vous promet ça, quand vous êtes dans la mouise, on ne regarde pas au prix… Après, quand vous êtes dans la nasse, c’est une autre chanson… Mais vous avez du travail, un salaire, et on vous organise vos loisirs… On cherche pas plus loin.
C’est comme aujourd’hui. Les Allemands de l’Est ont obtenu la liberté de voyager, mais qu’est-ce que la liberté si on n’a pas de travail et d’argent pour en profiter? On est toujours prisonnier de quelque chose…
Je ne peux qu’abonder dans ce sens.
Que préfères-tu, celui qui veut te priver de pain au nom de la liberté ou celui qui veut t’enlever ta liberté pour assurer ton pain ?
Albert Camus
Le deuxième. Parce que sans pain, je ne peux subsister. Tant que je me nourris, je peux subsister, et si la liberté m’a été retirée, il me reste néanmoins la possibilité de la récupérer. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Die Hoffnung stirbt zuletzt.
« Les hommes n’ont jamais l’air si heureux que le jour où ils abdiquent leur liberté. »
Charles Nodier
« Quand on a vu ce qu’on a vu et qu’on sait ce qu’on sait, on a raison de penser ce qu’on pense! »
(Haribald von Löwenstein.)
Comme tu écris si doctement.
Et j’ajouterais :
« Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. »