Les soldats de la honte

[i]Sévèrement ébranlé par son séjour aux tranchées, un boulanger mobilisé qui se croit général prend la plume afin de s’adresser à l’empereur d’Allemagne :

« Sire, seriez-vous assez aimable de nous remettre l’Alsace et la Lorraine, les milliards de 1870 et de faire remettre le tout en l’état comme c’était. […] Dans l’espoir d’une bonne réponse, recevez, sire Guillaume, mes meilleurs sentiments. »

Malheureusement, Guillaume II n’a jamais reçu cette lettre qui l’aurait peut-être convaincu de cesser la guerre, les médecins soignant le pauvre soldat l’ayant censurée. Confrontés à un déferlement de troubles mentaux qu’ils ont du mal à reconnaître comme le fruit de la guerre, les médecins sont dans un premier temps interloqués et hésitent à formuler le diagnostic de l’hystérie qui, pour eux, relève avant tout de la nature féminine.

Comment de valeureux soldats peuvent-ils présenter les troubles caractéristiques des constitutions débiles et efféminées ? Le neurologue Max Nonne, qui officie à Hambourg et croit à la virilité de la race allemande, est désarçonné par l’afflux de blessés de cette étrange catégorie : « Ce genre de choses n’arrive que chez les Français, en Allemagne il n’y a pas d’hystérie masculine. » Le Dr Charles Myers, qui examine les premiers soldats anglais frappés de déséquilibre mental, identifie lui aussi l’hystérie mais il se refuse à poser un diagnostic, préférant évoquer le choc physique du déplacement d’air provoqué par l’explosion des obus. Les préjugés sociaux et nationaux empêchent tout simplement les praticiens de reconnaître que la guerre rend fou. Il faudra pourtant se faire une raison.[/i]

Les soldats de la honte, un livre du docteur en histoire, professeur en classes préparatoires et auteurs de documentaires Jean-Yves Le Naour.

Il y avait eu un excellent film de Dino Risi, « Le fou de guerre », avec un Coluche totalement déjanté (et très inquiétant, puisqu’apparemment normal. Un grand numéro d’acteur!)

Désolé mais de film de Coluche je ne connais que « La soupe aux choux. » :mouaif:

La Soupe aux choux n’est pas avec Coluche. Tu penses peut-être à l’Aile et la Cuisse? :wink:
Dommage pour toi et pour le capitaine Oscar Pilli, c’est un cas! :mrgreen:

Dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, l´Allemagne nazie capitule à Berlin. Si en France ce jour est férié il n’en est pas de même en Allemagne, où, plus de 65 ans après les faits, la question de la commémoration est toujours délicate.

Défaite militaire ou libération du fascisme?

Le IIIe Reich capitula en premier lieu à Reims, le 7 mai 1945, mais la date retenue fut celle de capitulation sans condition signée à Berlin le lendemain, le 8 mai à 23h01 (heure de Paris), par les représentants du haut commandement allemand. Si en France ce jour est férié, il ne l’est pas en Allemagne. Le tabou concerne l’objet de la célébration: fête-t-on la libération du nazisme ou la défaite allemande et ses millions de morts? En 1985, le président allemand Richard von Weizsäcker avait qualifié l’évènement de « libération ». Le chancelier de l’époque, Helmut Kohl, avait été plus ambigu, parlant d’une libération « de la peur ». Cette ambigüité est sans doute liée à un problème générationnel: les Allemands ayant vécu cet épisode tragique de l’Histoire seraient personnellement trop concernés pour faire preuve d’un recul suffisant face aux événements. Pour l’anecdote, en 1994 Helmut Kohl avait officieusement demandé à François Mitterrand à ne pas être invité pour la commémoration du 50ème anniversaire du débarquement, cela afin de ne pas avoir à refuser: son frère était en effet tombé sur le front de Normandie.
lagazettedeberlin.de/index.php?id=6577

jean luc :wink:*

[edit modo : fusion avec le sujet existant]