Bon je l’avoue ce n’est pas le sujet le plus gai de ce forum…
Mais c’est le sujet que je me suis choisi pour mémoire de master 2 " les femmes allemandes et françaises victimes de la seconde guerre mondiale par l’objectivation de leur corps’
Dans ce cadre, je suis tombée sur une émission russe « Questions de l’histoire » à mettre dans le cadre des relations germano-russe , puisque ce reportage est sous-titré en allemand (si on est intéressé, pas besoin d’être bilingue pour comprendre, un vrai B1 en compréhension écrite suffit )…
J’ai été intéressée par les explications de l’historienne 'Elena Spartakowna Sinjawskaja - Еле́на Спарта́ковна Сеня́вская et l’ironie d’un des commentaires d=du journaliste russe m’a assez sidérée, " selon ces chiffres les Russes n’auraient eu rien d’autre à faire que violer des femmes".
Mais ils ont moins le mérite de reposer la question, ces 2 M de femmes violées sont-ils réels ???. Je dois dire que pour moi aussi 2 M de femmes violées en Allemagne par l’armée rouge me semble un chiffre exhorbitant… d’autant plus que les militaires devaient respecter une réglementation sévère, et que les éléments incontrôlées devaient ne pas être si nombreux arrêtés, vu la rigueur du réglement imposé…
Dans le contexte du rideau de fer, il était commode à l’Ouest de grossièrement dire les Russes violaient tandis que les Américains donnaient les bas nylons et le chocolat,et l’image bienveillante des soldats des armées occidentales a été propagée… A l’Est au contraire on taisait les crimes soviétiques… Depuis la chute du mur est encore plus depuis les années 2000, certains historiens allemands et Etasuniens - du moins des plus connus - s’efforcent de refaire jaillir ce questionnement avec plus de subjectivité. Une subjectivité qui d’ailleurs n’exclut pas les soldats français -non issus des troupes coloniales.
Je ne sais malheureusement pas de quand date cette émission présentée… Mais j’aurais pensé entre 2000 et 2005 vu l’apparence d’Elena Spartakowna Sinjawskaja née en 1965. Et mon estimation est totalement dûe à une subjectivité féminine
L’émission date de 2012.
Quant aux 2 M de femmes violées, il est clairement dit que ce chiffre ne repose que sur des spéculations arithmétiques qui ne correspondent en rien à la réalité.
(Bon, j’ai la chance de comprendre les deux langues).
Il y a aussi le fait que ce qui pouvait être au départ considéré comme « normal », compte tenu des circonstances, et de l’impasse fait sur les exactions des troupes soviétiques et alliées, notamment en RDA, ne l’est plus aujourd’hui, dans le cadre du « politiquement correct ». Voir le phénomène #Metoo.
Comme le disait Churchill : " Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai falsifiées moi-même."
Merci, Andergassen entre autre, pour la précision de la date, le 2012 m’avait échappé, mon russe est encore très frais .
Le livre auquel Madame Elena Spartakowna fait allusion « Befreiter, Befreite » est dû aux historiennes Helke Sander et Barbara Johr; En fait il s’agit d’enquêtes et de recueil de témoignages provenant essentiellement de ces deux femmes. L’enquête remise en question par l’historienne russe est celle de Barbara Johr « die Ereignisse in Zahlen ». Il faut aussi noter que le livre ne parle pas uniquement des viols et de ceux commis de l’armée rouge mais qu’il traite aussi des viols commis par les forces alliées de l’ouest, ainsi que les femmes allemandes tombées amoureuses de l’occupant de l’Ouest ou de l’Est. Il mentionne aussi la propagande de Goebbels et le racisme pour ce qui est de désigner les (potentiels) violeurs dans l’esprit de ces femmes nourries par cette propagande.Il y a aussi des témoignages d’enfants auxquels on a rien dit mais qui se sont doutés et sont à la recherche du père russe
Par contre, je n’ai pas pu voir le film.
L’historienne Miriam Gebhardt de l’université de Constance a traité de ce sujet côté américains , brits et français dans son livre :« als die Soldaten kamen ».
Je me souviens très bien de reportages ( vraisemblablement de SWR) qui traitaient de la question et d’avoir entendu des témoignages de femmes victimes en Haute-Bavière , comme le raporte Miriam Gebhardt et aussi en Forêt Noire ( par des Français.)
Merci Michelmau de rappeler le nom de Miriam Gebhardt cette historienne de référence, les explications et le récit qu’elle rapporte lors de cette émission sont très poignant.
Dans son livre « als die Soldaten kamen », elle rappelle combien il est difficile de se rapprocher du réel nombre de crimes réellement commis et fait part de variation dans les chiffres. Selon le sociologue américain Robert Lilly, 11 000 cas de viols commis par les GI auraient été répertoriés, pour Helke Sanders de 2 jusqu’à 2,5 M de viols par les soldats sovietiques pendant la fuite ou le déplacement des populations (Ingeborg Jacobs). Rien que lors des combats à Berlin auraient été violées de 2 000 à 100 000 femmes ou fillettes. Elle note aussi les travaux de l’historien Marc Hillel (l’occupation française en Allemagne 1945 - 1949) sur les viols commis par l’armée française, selon les recherches du quel 385 cas de viols auraient été recensés à Constance, 600 à Bruchsal et 500 à Freudenstadt. L’archevéché de Munich-Freising et l’échévé de Fribourg auraient fait état de 100 cas. En fait ce qui m’a frappée dans les témoignages recueillis, c’est que ce sont souvent les soldats des troupes coloniales qui sont incriminés pour les Français ou les soldats afro-américains pour les GIs ou les soldats asiatiques des troupes soviétiques.
En fait j’aurais dû élargir ce fil aux femmes allemandes violées pendant la seconde guerre mondiale par les troupes alliées…
Tout à fait d’accord avec toi sur ce plan. L’Amérique segrégationiste envoyait ses noirs et ses chicanos en première ligne et la France raciste , ses ressortissants d’origine africaine ou maghrebine.