Un peu comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, je me suis aperçu que je traversais plusieurs fois par mois l’isoglosse parlers romans (welsches) / parlers germaniques (alsaciens).Il passe précisément entre deux villages distants de 3 kilomètres l’un de l’autre.J’ai assisté à plusieurs reprises à des « tables de patois welsche » toujours très interessantes, bien que dans mon coin, le welsche ne soit plus qu’un souvenir et que très peu de personnes soient encore capables de le parler couramment.
J’ai été très amusé de savoir que le « leck mich am A… » a son pendent en welsche dans l’expression :« bach mo ki =m-à-m baise mon c… ! » Je suis toujours frappé de constater que certains « h » sont aspirés comme en allemand, p-e dans des expressions comme là-haut, ou en-haut.
Ici, un extrait d’un article dont je donne en lien la version complète.
« Beaucoup d’autres verbes d’origine germanique ont été adoptés dans notre patois et sont souvent passés dans notre français actuel. En voici quelques-uns (j’ai mis un accent sur certain « à » dans les mots pour marquer un son qui n’existe ni en français ni en allemand - par contre en alsacien -, son intermédiaire entre le a et le è): hacker (piocher), schtroubler (travail mal fait), gràbler (creuser), ahàxer (ensorceler), pàttler (mendier - t’as encore été pàttler des bonbons), treppler (trépigner - quand la vache va vêler, elle treppelle) , schlàcker (sucer), kraouer (grimper), hleifer (traîner), schmerer (barbouiller), bikler (sarcler), se stàrner (se faire une bosse), hkeuper (cracher), schpretzer (asperger), houper (appeler en criant), vergonner (rouspéter méchamment), schlouker (avaler), hifler (buter les pommes de terre), ràtscher (bavarder), schtonpfer (bourrer), etc.
Beaucoup d’autres mots germaniques sont passés dans notre langue. En voici toute une liste qui n’est pas limitative et que je cite dans le désordre: î boha (un hêtre), lon kébli (le cuvelier), î herna (un frelon), î schnàck (un escargot), î stàck (un bâton), î spatz (un moineau), enne schlouk (une gorgée), lon firia (un boeuf rouge), î bouchkebl (un puisoir à purin), î vergonnà (mauvais rouspéteur), lè benne ou lon benné (parler du grenier), î ré (un talus), enne hacke (une pioche), enne biklatte (sarcloir), lon staye (une étable), lon htrain (de la paille), li spannhebl ou sperrattes (levier pour serrer la charge de foin), enne haxe (une sorcière), î pàttl (un mendiant), ouett (laid, ou aussi avare et gourmand - on dit d’un gourmand: C’a i ouett su son mousé), dicht et hot (gauche et droite en parlant aux boeufs), plont (nu), lè gerjonte (choucroute - du verbe allemand gären qui veut dire fermenter et le nom patois jonte qui signifie choux), î schnonk (moustique), lon ronhue (fumoir), î hoblebank (un établi), lon schàréschlif (le rémouleur), enne kaïs (une chèvre), enne scheit (coin métallique pour fendre le bois), î ràmesse (une serpette), enne kàmratte (chambrette), enne schnetze (une tranche de pomme ou de poire séchée), lî brontlais (pommes de terre cuites sous la cendre), lon tràck (de la saleté), î kàbr (hanneton), enne keib (une rosse), lè àbe (le pignon), lon pàretràck (du [sic] réglisse), tonterwàtt (juron: Donnerwetter), lon koklehof (un kougelhof), enne falle (un piège), li knepf (quenelles), î htock (souche), firobe (fin de travail), enne kbuck (poule couveuse), enne weck (petit pain au lait), enne schlonfkappe (bonnet de nuit), lè bouchtrie (petit récipient pour mettre la pierre à aiguiser la faux), lon tringeld (pourboire), faire des steckles (de mauvais tours), le kreschkind (l’enfant Jésus) qui désigne à la fois le Père Noël (lequel apporte des cadeaux le soir de Noël) et aussi le cadeau lui-même (mon parrain m’a apporté mon kreschkind)6.
On retrouve aussi l’influence germanique dans le fait de placer par exemple l’adjectif de couleur devant le nom, comme cette bonne femme qui avait mis son bleu tablier par dessus son noir moire jupon, ou cette autre qui offrait à ses hôtes des rouges betteraves.
De même, quand on parle de la pierre d’eau (l’évier), à Belmont on dit la Wasserstein, et quand il y a un courant d’air, on dit que ça tire! »
Source:
http://juillot.home.cern.ch/juillot/ban_de_la_roche.html