« Un travail de pionniers ». Ainsi Wolfgang Mayrhuber, le PDG de Lufthansa, a-t-il qualifié la nouvelle étape, en matière de développement durable, que la prestigieuse compagnie aérienne allemande s’apprête à franchir, en étant la première à tester le biocarburant sur des vols commerciaux réguliers. Lors d’une conférence de presse, lundi 29 novembre, Lufthansa a ainsi annoncé le lancement, en avril 2011, d’une expérimentation qui se révèle également sans précédent par sa durée : elle doit en effet s’étendre sur six mois. Si d’autres compagnies aériennes, telles que Japan Air Lines et Air New Zealand, avaient déjà effectué des vols tests avec des biocarburants, aucune n’avait à ce jour osé programmer son utilisation dans son exploitation commerciale… En partenariat avec le Centre aéronautique et spatial allemand (DLR), et avec le soutien du gouvernement fédéral, Lufthansa va donc tenter l’aventure.
Concrètement, pendant six mois, l’un des réacteurs d’un Airbus A321 de la compagnie nationale assurant quatre fois par jour la navette Francfort-Hambourg, sera alimenté à 50 % par du carburant biosynthétique à base d’huiles végétales, et à 50 % par du kérosène. Durant cette période d’essai, quelque 1500 tonnes de dioxyde de carbone seront économisées (par rapport à un vol classique avec du kérosène pur)… en attendant que Lufthansa parvienne à concrétiser son ambition majeure : à l’horizon 2020, alimenter tous ses vols avec du biocarburant (à hauteur de 5 à 10 %).
« Le recours au biocarburant sur des vols réguliers est un pas majeur dans la stratégie de développement durable que Lufthansa a commencé de mettre en œuvre depuis de nombreuses années », a déclaré Wolfgang Mayrhuber. S’il ne s’agit que d’une étape dans une stratégie en quatre temps destinée à réduire la pollution engendrée par le trafic aérien, cette étape est décisive : « Elle offre la possibilité d’atteindre nos objectifs ambitieux de protection du climat à l’horizon 2020, et, parallèlement, de préserver la compétitivité technologique de l’industrie spatiale allemande », a déclaré Peter Hintze, le secrétaire parlementaire auprès du ministère fédéral de l’Économie et de la Technologie.
Le PDG de Lufthansa a toutefois tenu à le préciser : « Aucune forêt de ce globe ne sera détruite pour nous approvisionner en biocarburant. L’élaboration de celui-ci doit reposer sur des matières premières et des procédés de fabrication respectueux de l’environnement. Notre fournisseur a d’ailleurs l’obligation de nous en apporter la preuve. » En l’occurrence, il s’agit de la société finlandaise Neste Oil, avec laquelle Lufthansa collabore depuis de nombreuses années déjà.
Pour Lufthansa, cette expérimentation a évidemment un coût -surtout si l’on sait que le biocarburant fourni par Neste Oil « est entre trois et cinq fois plus cher que le kérosène », comme l’a indiqué Joachim Buse, coordinateur du projet au sein de la compagnie. Lufthansa prévoit ainsi un coût global s’élevant à 6,6 millions d’euros, pour cette seule période d’essai de 6 mois. Le gouvernement fédéral la finance quant à lui à hauteur de 2,5 millions d’euros, dans le cadre de son programme de recherche sur l’avion du futur (FAIR, Future Aircraft Research).