L'unité et l'identité allemandes

Je pense que c’est en premier lieu le ciment de la langue.
Moi qui ne vis pas en Allemagne, mais dans une région de langue allemande, je dis couramment, à l’instar des germanophones, « la communauté linguistique allemande », « l’école allemande », alors que nous avons une carte d’identité italienne en poche.
Il ne faut pas oublier que le terme « Allemagne »/« Deutschland » s’applique à une entité étatique relativement récente (1871) constituée d’Etats de tailles diverses, depuis de grands royaumes comme la Prusse et la Bavière aux petites principautés d’opérette issues du morcèlement de la Saxe et constituant les Etats de Thuringe.
Il n’y a pas eu de volonté centralisatrice en Allemagne telle qu’elle s’est manifestée très tôt en France. Les pays allemands ont toujours constitué un ensemble disparate et assez lâche, sous la houlette d’un empereur qui n’avait pratiquement autorité que sur les pays autrichiens. Pendant les guerres napoléoniennes, certains pays ont choisi leur camp, les uns, anti-napoléoniens comme la Prusse, furent démembrés (annexion de la rive gauche du Rhin, formation du royaume de Westphalie), d’autres s’allièrent à Napoléon comme la Saxe et la Bavière (annexion du Tyrol et résistance d’Andreas Hofer). Au Congrès de Vienne, la Prusse châtia durement la Saxe en l’amputant d’une grande partie de ses territoires qui formèrent la province prussienne de Saxe (Erfurt, en Thuringe, appartint à la Prusse jusqu’en 1945, par exemple). Puis ce fut la guerre de sécession pour virer l’Autriche de la communauté des pays allemands, en 1866. Mais pour constituer une véritable communauté de destin de pays déjà unis par une union douanière, et supprimer les barrières douanières et politiques qui bloquaient les marchés et la construction de voies ferrées dans un pays en pleine industrialisation, il fallait réunir les pays de la « Petite Allemagne » (sans l’Autriche et sans son empereur germanique) dans une guerre commune contre un ennemi extérieur commun, qui était la France. Guerre facilitée par le fait que les deux plus grands pays allemands, la Prusse et la Bavière (le Palatinat appartint à la Bavière jusqu’en 1945), avaient une frontière commune avec la France. On entrait donc en Lorraine et en Alsace comme dans du beurre. La suite, on la connaît.
L’empire allemand était donc plus une confédération qu’un pays centralisé, aux particularismes très marqués, mais qui avaient en commun l’usage d’une langue allemande unifiée. Particularismes qui ont subsisté après guerre avec le fédéralisme, il n’y a pas de contradiction à se proclamer Bavarois et Allemand, par exemple.

Tout comme j’ai énormément de mal à dire pourquoi je suis fier d’être français… je n’ai aucune idée pour nos amis teutons

Justement : les Autrichiens, les Suisses d’expression allemande partagent cette même langue, sans pour autant se dire Allemands.

On peut se sentir allemand par la langue et la culture sans être Allemand, autrement dit de citoyenneté allemande. C’est toute la différence entre « nationalité » au sens d’ethnie et « citoyenneté » au sens de ressortissant d’un pays.
En France, le citoyen français est automatiquement de nationalité française.
La France est le concept clé de l’Etat-nation.
Personnellement, je me définirais comme citoyen italien de « nationalité » allemande, dont la langue usuelle dans la vie quotidienne, dans les médias, dans l’administration, devant la justice est l’allemand.

Andergassen tu as résumé mon cours de Civilisation en quelques lignes! :stuck_out_tongue:

Je pense que cette volonté d’être une nation unie et d’avoir un sentiment national évolue avec le temps mais reste toujours aussi forte… Prenons la révolution de 1848 et la réunification 1990… Ils voulaient être un peuple, une nation… Bon pas pour les mêmes raisons mais il y avait toujours cette idée de ne faire qu’un et d’appartenir à quelque chose!