Mädchen in Uniform (1931)

Alors que Sonka signalait la diffusion de Anders als die Anderen à Toulouse, je ne crois pas que le forum ai déjà parlé de Mädchen in Uniform, qui connaîtra une autre version en 1958 avec Romy Schneider.

Deux ans avant l’avènement du 3è Reich voici un film qui met en scène le duo amoureux d’une élève et son enseignante en contrepoint du militarisme régnant. Une distribution exclusivement féminine, sous la direction de Leontine Sagan, installera l’érotisme du huis-clos. Deux actrices de même âge, Herta Thiele et Dorothea Wieck, se partagent les rôles principaux.

Avant la Première Guerre mondiale Manuela von Meinhardis est envoyée dans une institution de Potsdam. Un pensionnat aux allures de caserne, usine à former des mères de soldats, seul horizon imaginable et autorisé. A l’exception de la jeune Mlle von Bernburg, professeur usant de compréhension et de douceur auprès des élèves, adolescentes qui en retour se disputent sa préférence. Mais pour Manuela celle-ci deviendra plus qu’une mère de substitution. La fameuse scène du Baiser au coucher en est la révélation et le symbole…

Mädchen in Uniform (1931)
Réalisateurs : Leontine Sagan et Carl Froelich
Scénario : F.D. Adam, Christa Winsloe, d’après sa pièce Gestern und Heute
Photo : Reimar Kuntze, Frantz Weihmayr
Décors : Fritz Maurischat, Frederick Winckler-Tannenberg
Musique : Hansom Milde-Meissner
Durée : 96 minutes

Emilia Hunda : la directrice
Dorothea Wieck : Mlle von Bernburg
Herta Thiele : Manuela von Meinhardis
Hedwig Schlichter : Mlle von Kesten
Ellen Schwanneke : Ilsa von Westhager

Intéressant ! Le sujet devait être assez en avance sur son temps… Et rien qu’une réalisaTRICE, à cette époque, ça devait pas être très courant non ?

En 1929 Georg Wilhelm Pabst a réalisé Loulou (Die Büchse der Pandora) dans lequel la Comtesse Anna Geschwitz (interprétée par Alice Roberts) serait le premier personnage lesbien de l’histoire du cinéma. Mais de cette époque je ne connais que Mädchen in Uniform qui utilise l’éclosion (tragique) des sentiments comme sujet exclusif. Plus que l’homosexualité c’est peut-être ce rôle moteur qui devait surprendre ?

Surprenant également la place d’une femme à la réalisation. L’époque ne favorisait ni l’expérience ni l’autonomie des femmes dans cet art. Deux plans que la présence de Carl Froelich palliait peut-être (une sorte de « garantie » envers les producteurs). Wikipédia donne des précisions intéressantes :

Le livre de Amy L. Unterburger : Women Filmmakers & Their Films (1998) nous en dirait plus. C’est bien possible que la bibliothèque de la Cinémathèque Française en possède un exemplaire.