Dans la série Geschichten aus der Business Class, il me semble qu’il s’agit en tout de trois ou quatre livres, le dernier en date est aussi le dernier tout court : Das Bonus-Geheimnis. Suter est une star du journalisme commentato-littéraire suisse, et franchement, il se la pète un peu beaucoup. Il vaut mieux le lire que l’entendre en interview.
Ceci dit, il a eu une sacrée bonne idée : Recueil de textes courts dans les milieux de la grande finance et du pouvoir économico-financier, une chronique des grands patrons et des cadres supérieurs. Chaque histoire fait entre 500 et 550 mots, un rêve pour un prof… mes chers élèves, si vous me lisez, vous savez ce qui vous attend en mai…
Suter manie les subtilités du double sens et de l’ambiguité, le double langage des cadres supérieurs, leurs petites et grandes lâchetés, entre eux et avec leur hiérarchie. Il termine chaque récit par une chute aussi surprenante que révélatrice. Suter est un maître de la chute, de ces fins lapidaires qui révèlent le fond de l’histoire, en général aussi surprenantes que finement pensées. Il y a matière à analyse des thèmes même du propos comme au plaisir de la langue soignée mais limpide. On parle beaucoup de cette classe autoproclamée supérieure économiquement et socialement, et Suter nous la montre sans fard, tellement petitement humaine et dérisoire, tragique si ce n’était pas aussi amusant.
Lecture recommandée.