« Dans un pays de tous les temps / vit la plus belle des abeilles / que l’on ait vu depuis longtemps / s’envoler à travers le ciel »… Qui a oublié la chanson ? C’est celle de Maya l’abeille, bien sûr ! La petite butineuse intrépide née de l’imagination de l’écrivain allemand Waldemar Bonsel (1880-1952) fête cette année ses cent ans. Maya était à l’origine un personnage de roman. Puis elle s’est essayée avec bonheur au cinéma et à la radio. Pour enfin rencontrer un succès international à la télévision avec le concours de nouveaux compagnons : Willy et Flip la sauterelle.
Tout a commencé au début du XXe siècle dans une localité située non loin de Munich. Waldemar Bonsel, jusqu’ici un obscur écrivain, écrit pour ses enfants un roman, Die Biene Maja und ihre Abenteuer (Maya l’abeille et ses aventures). L’ouvrage paraît à la fin de l’été 1912, et rencontre vite le succès : à la fin de la Première Guerre mondiale, il s’en est déjà vendu à 90 000 exemplaires. Waldemar Bonsel s’enrichit. Et ce n’est qu’un début : deux ans après sa mort, le 31 juillet 1952, sera franchi le cap du millionième exemplaire.
Maya, reine du roman, du cinéma et de la télévision
Intrépide et généreuse, toujours en mouvement, la petite abeille aux yeux malicieux et aux frisettes blondes ne conquiert pas seulement les lecteurs. Dès 1926, elle est adaptée au cinéma par Wolfram Junghans. Ce dernier transpose ses aventures dans un film muet, tourné avec de vrais animaux. Près de quatre-vingts ans plus tard, des extraits en seront retrouvés dans les archives finlandaises. Ils permettront de reconstituer une version courte du film, qui sera présentée en 2005, lors d’un festival de cinéma, à Hambourg.
Maya, Willy, Flip… Le jardin merveilleux
Entre-temps, Maya l’abeille a établi sa réputation sur tous les supports. Au début des années 1960, Kurt Vethake en fait un disque. Mais c’est dans les années 1970 que Maya devient une vedette internationale de la télévision, avec la série Maya, l’abeille, diffusée bien au-delà des frontières allemandes. À cette occasion, de nouveaux personnages, et non des moindres, sont créés qui redonneront un nouvel élan au récit de Waldemar Bonsel : le paresseux, timoré et toujours affamé Willy, qui devient le meilleur ami de Maya, et la drôle et élegante sauterelle Flip, coiffée de son éternel haut-de-forme rouge.
En Allemagne, la série est diffusée entre 1976 et 1980. Elle comprend deux volets de 52 épisodes chacun. Ici, Maya et Willy doivent accourir pour délivrer Flip des griffes d’odieuses plantes carnivores. Là, ils doivent se défendre contre l’effroyable araignée Thekla, quand ce n’est pas contre une armée de frelons. Les bambins en redemandent. Une chanson à la fois douce et entraînante les convie à entrer dans cet univers magique. Composée par Karel Svoboda, elle est enregistrée en une demi-heure par un jeune Tchèque, Karel Gott. Elle devient tout de suite « culte ». Tous les enfants d’Allemagne, jusqu’à aujourd’hui, la fredonnent avec le fort accent tchèque avec lequel la chanta son interprète vedette…
L’engouement est tel que les produits dérivés se multiplient : au bout de dix ans, on en recense près de 200. La série passe les frontières. En 1990, elle est aussi adaptée à la radio, sous la forme d’un feuilleton en trois parties.
Aujourd’hui encore, le succès est au rendez-vous. Maya est une centenaire en pleine forme ! Pour ne pas dire accro aux technologies dernier cri. La chaîne publique allemande ZDF prépare ainsi une série de 78 nouveaux épisodes qui sont tournés en trois dimensions. Elle devrait être diffusée à partir de 2013.