La critique n’est pas mauvaise. Mais c’est une comédie controversée qui sera présentée ce soir en avant-première à Essen. Un an après le grand succès de son film " Monsieur Zucker joue son va-tout « , le réalisateur suisse Dani Levy s’est attaqué à un sujet difficile : porter à l’écran Adolf Hitler sous l’angle de la parodie. Son film " Mein Führer - Die wirklich wahrste Wahrheit über Adolf Hitler " ( » Mon Führer - La vérité vraiment la plus vraie sur Adolf Hitler "), suscite le débat à la veille de sa sortie en salles, jeudi 11 janvier.
L’argument du film débute au Nouvel An 1945. Adolf Hitler (Helge Schneider) doit s’adresser à son peuple et, plus que jamais, il lui faut le galvaniser dans la perspective de l’ultime offensive. Mais voilà : le dictateur est un être malade et dépressif. Dani Levy en fait un petit homme gauche au regard incertain, un toxicomane que son père n’a pas assez aimé. Le chef de la propagande nazie, Josef Goebbels (Sylvester Groth), va alors faire appel à l’ancien professeur de théâtre et de rhétorique du Führer (joué par Ulrich Mühe), un juif nommé Adolf Grünbaum, qu’il arrache pour les besoins de la cause au camp de concentration de Sachsenhausen. Grünbaum (Ulrich Mühe) a cinq jours pour remettre le Führer sur pied.
Mettre Hitler en scène sous les traits de la satire n’a, certes, rien d’inédit. Dans les années 1940, Charlie Chaplin et Ernst Lubitsch ont laissé deux films à la postérité, " Le Dictateur " (1940) et " Jeux dangereux " (1942), qui ont pour point commun de présenter Hitler sous les traits de l’exagération. Mais la même chose est-elle possible pour un Allemand (non-émigré) ? Peut-on rire d’Hitler en Allemagne ? C’est à cette question que Dani Lévy, qui vit à Berlin, a voulu répondre oui, sans toutefois convaincre chacun.
Le débat est né d’un commentaire du principal interprète du film, le cabarettiste Helge Schneider, qui a regretté dans un entretien que le film ait largement perdu sa dimension comique lors du montage. " C’est sûr, le film n’est pas mauvais. Mais je n’ai pas été emballé. Je suis désolé, je ne l’ai pas trouvé si drôle que cela ", a-t-il déclaré. Ce fut assez pour soulever des questions. La publiciste Lea Rosh, connue pour son rôle moteur dans la création à Berlin du Mémorial de l’Holocauste, a reproché au film de " minimiser l’horreur ", par exemple en présentant Hitler en train de jouer dans sa baignoire avec un navire de guerre. Selon elle, il n’est pas possible de ridiculiser Hitler, " à moins d’être un génie comme Charlie Chaplin ". Les avis sont partagés. Pour Christoph Schlingensief, le réalisateur en 1988 du film " 100 ans d’Adolf Hitler - Les dernières heures dans le bunker du Führer ", il s’agit d’une " discussion artificielle ".
Quant à Dani Levy, il s’est expliqué sur ses intentions. Il a exposé qu’il avait eu à coeur " de raconter quelque chose de substantiel, et d’allumer de nouveau ici, en Allemagne, une bombe capable de libérer une autre discussion sur ce que l’on a, ou non, le droit de faire ".
Source: www.amb-allemagne.fr
Titre original: Une comédie sur Hitler suscite le débat à la veille de sa sortie en salle