Mössingen , une exception historique ?

Janvier 1933, les nazis avec Hitler à leur tête, arrivent au pouvoir en Allemagne. A Mössingen, petite ville de 4000 habitants, située au pied du Jura souabe, il se passe, le 31 janvier 1933 un évènement exceptionnel ; les habitants organisent une grève générale pour protester contre la prise de pouvoir national-socialiste ; 800 à 1000 personnes descendent dans la rue avec le slogan :« Hitler= guerre », deux usines sont paralysées.
La police intervient et met fin aux agissements des manifestants.Il semble que cet évènement soit un fait unique sur le territoire allemand à cette époque.
Bernd Jürgen Warneken, professeur à l’université de Tübingen, vient de publier un livre sur cet évènement exceptionel.
Le lendemain de la prise de pouvoir d’Hitler, le parti communiste allemand (KPD) appelle à une grêve générale sur tout le territoire. Seul Mössingen suivra le mot d’ordre.« Ce fut la seule action politique d’une certaine importance, ce jour-là », remarque Warneken.
Qu’est-ce qui prédestinait cette petite ville à être la seule à l’époque à se soulever contre la prise de pouvoir des hitlériens ? Il semble qu’il n’existe pas de réponse claire à cette question.
Le parti communiste avait ,certes , pour lui, 30 % des voix des électeurs, toutefois, Wolf Schröter, qui vient , avec sa femme de publier la seconde édition de ce livre sur la grêve générale semble minimiser quelque peu le rôle du KPD dans cette affaire.Selon lui, depuis les années -20, -30, Mössingen semblait en avance sur l’époque et il régnait au sein de la jeunesse une volonté de renouveau.
Quoi qu’il en soit, le pouvoir nationalsocialiste fit tout pour que les manifestants d’alors ne passent pas pour des héros.
Même après la guerre, fait remarquer Warneken, dans cette région politiquement conservatrice , la grêve générale fut assimilée à l’idée de communisme et de stalinisme.Les habitants de Mössingen sont très partagés en ce qui concerne cette page du passé de leur ville.
La CDU et les Freie Wähler prennent leurs distances avec un projet de commémoration de cet évènement.Un projet de 20 manifestations théatrales du théatre Lindenhof devrait faire monter sur scènes environ 150 citoyens de la ville + des acteurs professionnels et un orchestre de 50 musiciens.Première le 11 mai 2013
En 2003, à l’occasion des 70 ans de cet évènement, une plaque commémorative avait été apposée (malgré l’opposition des membres conservateurs du conseil municipal.)
Un seul survivant de l’époque, Jakob Textor, (il avait alors dessiné l’affiche appelant à la grêve générale) avait assisté à la célébration.Il devait mourir en 2010, à l’âge de 102 ans.
Source :
http://www.badische-zeitung.de/nachrichten/suedwest/streik-gegen-hitler-nur-moessingen-machte-mit
Le théâtre Lindenhof répète :( Mössingen, ein Dorf im Widerstand.)
Theater Lindenhof: EIN DORF IM WIDERSTAND - Trailer - YouTube quelle filiation s’inscrit le mouvement actuel.
Mössinger Generalstreik

J’ignorais totalement cette histoire, merci michelmau!

Par contre, pourquoi est-ce que la CDU prend ses distances avec cette grève pourtant héroïque? On a souvent critiqué (à juste titre) l’inaction générale envers le gros danger que représentait l’élection d’Hitler, alors pourquoi ne pas honorer le peu de gens qui ont eu le courage de s’y opposer (c’est d’ailleurs bien ce que font les Allemands avec Sophie et Hans Scholl par exemple)?

Parce que dans leurs têtes, une grève communiste, c’est caca.

Pourquoi ai-je donc demandé, es lag ja auf der Hand :mrgreen:

C’est une honte d’occulter ainsi une facette de la résistance allemande, déjà pas très nombreuse, qu’elle soit en adéquation avec leur vision du monde, ou pas.

Petit complément d’information : le leader de la grève générale de 1933, Jakob Stotz, a été le premier à recevoir en 1974 la médaille d’honneur de la ville. Il est décédé en1975.En 1985, une plaque commémorative en son honneur a été dévoilée (on peut la voir sur le docu wikipédia + Generalstreik.) Une place de la ville porte son nom.
Sur Jakob Stotz :
http://www.moessingen.de/200