Musée juif de Berlin - toute la vérité

Je comprends en fait la démarche, mais elle ne fonctionne pas sur moi. Je vois la même chose avec mes élèves : sans un élément émotionnel déclencheur, c’est encéphalogramme plat quel que soit le sujet. Pour ma génération, il suffisait de nous raconter l’histoire pour comprendre. Les mots suffisaient, quelques images pour fixer dans la mémoire et le tour était joué. Même mes élèves, certes pas des génies mais pas mauvais, ont besoin de ce rapport personnel, émotionnel, subjectif et presque empathique pour sortir le nez de leur iPhone. La raison disparait assez rapidement du discours public pour faire une large place à des rhétoriques plus ou moins honnêtes qui visent à émouvoir et impressionner, parfois simplement divertir ou même frapper les esprits juste un instant. Et c’est tout.

Il reste des élèves et des gens qui n’ont pas besoin de toute une mise en scène pour que leur cerveau se mette en marche, je vous rassure. Mais la culture médiatique de la « story » est en train de s’imposer. Pour le musée qui nous occupe ici, je crains malheureusement que ce soit une terrible alternative : c’est ça ou le négationisme à plus ou moins long terme.

qui m’énerve le plus c’est cette eternelle auto-flagellation en allemagne… :mm:
en plus,quelques « artistes » se remplisent les poches et tout le monde pense,c’est cool.
:unamused: :unamused:

Tu sais Edwin, c’est difficile à comprendre ce genre de choses. J’ai vu le cas dans mon entourage très proche ou certaines découvertes ont changé pas mal de choses, comme si un lien diffus et contradictoire avant les victimes et avec les vieux nazis de la famille rendait impossible toute vision claire. Un lien se crée avec les familles, justement par incompréhension pour ces aïeux et retrouver le seul socle dont on soit sûr: la victime, pas de toute sur la victime. C’est moins clair pour les coupables, à se demander même ce qu’est la culpabilité car quelque part, on sait bien que la vieille tante dit clairement encore aujourd’hui son admiration pour le Führer surtout par nostalgie pour sa jeunesse où tout avait été fait pour que ces yeux brilles, beaux blonds en uniforme compris. Et pourtant, le malaise reste, sans trop savoir quoi en faire. Alors oui, on se tourne encore et encore vers les victimes, parce que c’est la seule chose qu’on comprenne clairement, dont on soit sûr.

Il me semble qu’elle n’a pas été naturalisée, à la fin du journal, peu avant son arrestation, elle exprimait son choix d’être naturalisée après la guerre (donc elle ne l’était pas encore)… à moins que c’était à titre posthume dans ce cas.

elie,comme tu sais je suis allemand.né dans les anées 60 à berlin (west),je connais un bout d’histoire de tout ça.aussi depuis je suis en france ,je rencontre des survivants de la shoa et je eu la chance de visiter celui-ci :
fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9mo … Yad_Vashem

et franchement,je pense pas on peut étre un citoyen responsable,de toujours porter ce fardeau de cupabilité des nos grand-parents.
et cette sorte de « expo » inspire QUE ça.
:wink:

tu as eu la chance de voir le Yad Vashem Edwin ???
C’est un des endroits que j’aimerai voir dans ma vie…

pas pour la culpabilité que tu ressens en tant qu’allemand…

le Yad Vaschem c’est pour moi, juste voir… qu’il y a aussi des gens JUSTES sur la planète (dans les deux
sens du terme ! ) …

Le mémorial de l’Holocauste à Berlin permet de penser à ceux qui ont disparu, à cause de la barbarie idéologique nazi…

Le Yad Vashem permet de penser à tout ceux qui ont osé braver cette idéologie… Au nom d’une idéologie qui restera
toujours la plus forte … La race Humaine…

Yad Vashem c’est exellent,j’ai bien parlé de l’ expo a berlin… :wink:
(attention j’exagére !!! : )
ou tu vois des français marcher sur des tétes metaliques des africains de nord…???

C’est vrai, je comprends très bien. Je dis simplement que parfois, garder la tête froide s’avère bizarrement assez difficile, j’ai vu le phénomène chez des gens qui étaient historiens, politologues, pédagogues ou profs. Mais sur le fond, nous sommes d’accord, je dis juste que c’est pas toujours évident et que ce genre de présentation de musée n’aide pas vraiment à dépassionner le sujet. Je l’ai justement déploré dans mon message weiter oben.

Je fais un petit hors sujet puisqu’il ne s’agit pas du Musée juif de Berlin, mais il s’agit tout de même de la mémoire des déportés. Lors du colloque sur la République de Weimar organisé par le centre allemand d’histoire de l’art dans le cadre de l’exposition De l’Allemagne, la vidéaste et installatrice israélienne
Esther Shalev-Gerz a montré le travail qu’elle avait réalisé autour des déportés du camp de Buchenwald. Son travail rentre dans une tentative de répondre à la question

=== Titre que j’interpréterais de cette manière, sans rentrer dans la polémique engendrée par le terme de « imagination historique » : comment garder à l’interprétation historique une véracité, alors que le nombre de survivants des camps nazis pouvant témoigner se rarifient?

Je pense qu’il s’agit là d’un travail intelligent car il s’agit aussi de montrer que les personnes déportées voulaient donner à leur vie dans les camps un peu d’humanité à travers l’art : des fils de fer barbelé transformé en bijoux, etc. Des personnes qui ne veulent pas renoncer à l’humanité.

Des objets des camps de concentration, je n’en connaissais que ceux d’une atroce laideur inhumaine comme ceux présentés dans le film Nacht und Nebel par ex, les Nazis faisant des couvertures avec la chevelure de femmes. Par contre je ne savais pas aussi que les déportés avaient aussi tenté de transformer la laideur en beauté. Je pense que cela aussi est important pour témoigner de la souffrance des déportés juifs certes, mais aussi de tous les déportés dans les camps

Je vous donne ce lien qui explique un peu la démarche de l’artiste, mais encore une fois, il est en allemand :frowning: . Je n’ai jusqu’ici rien trouver de valable en français pour parler de l’entreprise de travail de mémoire de l’holocauste à Buchenwald.

Je n’aimerais pas marcher sur ces visages métalliques non plus. J’ai beaucoup lu, entendu et vu à ce sujet; de toute façon, les horreurs nazies sont insaisissables, cela ne va pas être plus concevables par des visages qui “émettent” des cris.

Un article de la « Gazette de Berlin » très mitigé sur cette expo :
http://www.lagazettedeberlin.de/8640.html

Cette expo pourrait bien me convaincre d’aller faire un tour à Berlin. J’adore l’idée de départ. Mais dans un musée, il faut toujours se demander comment être sûr de ne pas surestimer l’intelligence de son public, tout en éviter de la sous-estimer. L’équilibre me semble un échec programmé qu’il faut accepter pour sa fragilité et savoir défendre ce que l’on a envie de défendre et laisser aux autres la liberté de garder leur scepticisme.
La difficulté quand on veut mettre à nu l’absurdité des préconceptions des visiteurs (ou des élèves quand on est prof), c’est qu’on a pas le droit à l’échec. Pour que ça marche, il faut réussir son coup. Sinon, les préjugés risquent de s’en trouver renforcer si les visiteurs ne saisissent pas l’autodérision voulue. Or qui exigerait une telle réussite parfaite avant toute ouverture d’expo? Restons raisonnables et continuons le dialogue dans la vraie vie, expliquons à ceux qui n’ont pas compris le sens de la démarche.