Difficile de choisir… Pour moi, tout dépend dans quel pays je me trouve : en Allemagne, je redécouvre mon identité de Française, et en France, je me vois un peu comme une intermédiaire vers l’Allemagne, notamment grâce au métier que je vais bientôt commencer à exercer : celui de prof.
Vouloir les deux nationalités? Si on me le proposait, je ne cracherais pas dessus. Et quant à la « nationalité » européenne, je trouve très bien qu’on en reste à la citoyenneté européenne. Je suis une fevrente admiratrice et défenseuse de l’Europe, mais je tiens aussi à la sauvegarde de chaque identité nationale. Rappelez-vous… Aux débuts de l’Europe, ces identités paraissaient insurmontables, on ne s’alliait que par intérêt économique. Puis, petit à petit, chaque pays a prouvé sa bonne volonté, celle de faire de l’Europe plus qu’une alliance économique. Chacun a fini par s’approprier une nouvelle identité, celle d’un membre de l’Europe. Pour moi, le concept de « citoyenneté » véhicule bien plus que celui de nationalité. C’est toute la différence entre un citoyen, quelqu’un qui s’engage, et un ressortissant, en quelque sorte plus passif. C’est justement cet engagement pour l’Europe qui en fait sa beauté et le fait que des gens comme vous, comme moi et comme bien d’autres, font vivre l’Europe par l’amour qu’ils peuvent porter à un autre pays. Comme quoi, les frontières de nationalité sont vite dépassées.
Les abolir? Non, là, je serais contre. Pour moi, rien ne vaut la superposition d’identités. Je suis originaire de la Corrèze, qui reste une région que j’adore. Je me sens Corrézienne, évidemment. Puis, j’ai découvert Toulouse dont je suis tombée amoureuse et je me sens Toulousaine au même titre. J’ai baigné dans la culture occitane et je tiens à préserver une partie de ce patrimoine, ce qui s’exprime chez moi par ma passion pour les danses traditionnelles. Je me sens donc Occitane, et plus précisément, un mélange de Limousi et de Languedocienne. J’ai toujours adoré l’Allemagne et une longue histoire d’amour binationale m’a poussée à me sentir en partie Allemande. J’y ai aussi déjà vécu. Et au dessus de tout ça, l’identité qui chapeaute le tout, c’est l’identité européenne, à laquelle je me sens aussi très attachée. L’intolérance se nourrit de l’idée que l’on doit être « soit l’un soit l’autre », qu’il n’y a pas de compromis possible, ou alors qu’il est inapproprié de se sentir appartenant à plusieurs cultures. Alors, loin de sombrer dans la schizophrénie, je pense que cette superposition d’identités est très importante pour tout ce qu’elle nous apprend, à savoir : conjuguer mille et une choses et prouver que leur conjugaison est non seulement possible, mais en plus belle.