Nos mères, nos pères / Unsere Mütter , unsere Väter

Très étonné que personne n’en ait parlé ici. Il s’agit d’un téléfilm en trois parties diffusé sur la deuxième chaine allemande.Il a été vu par presque 8 millions d’Allemands.

Article

https://www.youtube.com/watch?v=SI_N7-iehws Les personnages du film

Qui, mieux que Guido Knopp (une référence en la matière) pouvait parler de ce film , à l’occasion du prix spécial 2013 / Bayerischer Fernehpreis /)

Comme il le dit :« Unsere Mütter , unsere Väter hat die Nation bewegt ».Excellente analyse de Knopp.
Le film , projeté en Pologne, a provoqué certaines réactions négatives , dans la mesure où il évoque l’antisémitisme de certains membres de la résistance polonaise.

La diffusion en France, quel bonheur, cette fois ci n’aura pas tardé! Elle a été diffusée sur Canal Plus fin août: peut être les abonnés entre nous pourront la visionner.
Les bandes annonce en français: canalplus.fr/c-series/c-news … urope.html

(Gros coup de gueule par contre pour le titre, profondément débile… même si « Nos mères, nos pères » pour parler de l’Allemagne n’est pas idéal non plus, l’anglais était-il indispensable?)

J’aimerais vous parler de ce téléfilm en trois parties produit par la ZDF :
http://umuv.zdf.de/unsere-muetter-unsere-vaeter/unsere-muetter-unsere-vaeter-26223848.html
Je peux me tromper et l’espère mais je crains que cette série télé n’atteigne l’espace francophone. Cependant j’aimerais en parler ici.
Il s’agit de l’histoire de cinq jeunes allemands du début à la fin de la seconde Guerre mondiale. Et le regard qui est posé à leur situation et totalement allemand, certes une histoire fictive comme tant d’autres. Mais l’intérêt que j’ai vraiment vu c’est ce regard dont on n’a forcément pas l’habitude de voir au cinéma lorsque l’on est Français.

Tout d’abord parce que les champs de bataille et les territoires occupés sont la Pologne et la Russie.

On y voit toute l’horreur d’une guerre, des jeunes soldats horriblement défigurés, des jeunes soldats déserteurs, des réglements de compte entre-eux.

On y voit Greta, un portrait digne de Fassbinder, celui d’une jeune fille rêvant de devenir actrice, aimant le swing et vivant une relation passionné avec Viktor, son petit ami de confession israélite.
Le père du jeune homme ancien soldat allemand de la Première Guerre continue de se fermer les yeux sur la cruelle métamorphose de son pays, alors que Viktor lui se révolte, veut quitter l’Allemagne pour les Etats-Unis. Et elle, la jeune fille croit naïvement qu’en acceptant les avances d’un officier nazi devenir une actrice célèbre et permettre à son amoureux de fuire cette Allemagne irrespirable : Erreur fatale comme on pourrait s’en douter.

Puis il y a aussi les deux frères, l’un officier de la Wehrmacht, Wilhelm qui remplit de fierté le père et l’autre,Friedhelm le canard boiteux (joué par Tom Schilling) qui pourtant finira par se sacrifier sans doute plus pour se montrer digne de son père que pour le Troisième Reich.

Et encore cette jeune fille, Charlotte, fiancée du grand-frère officier qui s’engagera comme infirmière sur le front russe. De l’idéal de jeune fille allemande servant son pays en soignant les soldats, elle en viendra à transgresser ce but illusoire.

Les situations deviennent très vite inattendus:
Viktor échappe aux camps de la mort pour devenir résistant auprès des résistants polonais en servant d’appât en tant que prisonnier allemand.
Wilhelm passe de brillant officier à l’avenir prometteur à déserteur, dégradé et envoyé dans un régiment disciplinaire
Greta devient de chanteuse adulée par les soldats et maîtresse d’un dignitaire nazi emprisonnée pour atteinte au morale des troupes.

====Et à Berlin à la fin de la guerre seront uniquement présents trois de ces cinq jeunes gens.

Je suis désolée si j’en ai trop dévoilé de cette série que j’ai trouvé émouvante et passionnante. Mais c’est uniquement parce que je crainds qu’elle reste longtemps inaccessible au public francophone. Une petite consolation, pour les Germanistes faux débutants, le CD est disponible avec les sous-titres en allemand pour non-entendants.
(Modération : fusionné avec fil déjà existant.)

Generation War… :smiling_imp: Bon, glissons… :unamused: (Ben oui, c’était sur Canal+, et ça ne méritait pas otchoz, en fin de compte…)

Je l’ai regardé avec mon père (berlinois et combattant en 44/45). En début d’année.
On a aimé.
5 jeunes gens s’engagent dans leur période ou essayent de survivre.
Série produite avec des moyens, pas d’incohérence flagrante du scénario.
Tous ne sont pas des méchants nazis, ni des résistants dormants,
il y a beaucoup de désenchantement et de moments glauques.
Le point de vue est plutôt nouveau (un peu comme dans « la chute ») et didactique (un peu comme « Sophie Scholl »).
Ceux qui ont regardé attiré par le rutilant titre « Generation War » ont dû être déçus,
ce n’est pas une série familiale et distrayante.

Ah oui : les spoilers c’est pas cool.

Bon, vous vous êtes rendus compte que j’étais pas au courant de la version Canal+. A vrai dire, je n’ai pas l’abonnement et je n’aime pas l’idée de payer pour regarder un film à la télé. Le titre choisi en français, c’est vrai c’est plutôt un mauvais choix.

Le titre en allemand lui a son sens. Si l’on repense aux parents des personnages : les parents aussi bien ceux de Viktor que ceux de Friedhelm et Wilhelm. D’ailleurs le film commence ainsi, le père et la mère des deux garçons qui demande à leur fils d’accomplir leur devoir et c’est aussi pour son père que Friedhelm retourne sur le front alors que sa mère en larme essaie de le retenir.

Après, c’est vrai que j’ai été assez frappée par le portrait franchement antisémite que l’on fait des résistants polonais (Viktor est obligé de se faire passer pour un allemand non juif, quelle ironie du sort!!!) et la violence barbare des soldats russes. Mais après tout, l’antisémitisme en Pologne, même chez les résistants cela a existé comme le viol des femmes allemandes par les soldats russes. D’ailleurs il est à noté que dans le film c’est justement une femme officier russe qui sauve la jeune infirmière de ces cruautés. Il me semble juste de s’intéresser à un point de vue allemand, sans vouloir faire de procès d’intention aux scénaristes de la série.

Par contre Wilfried, je ne partage pas ton point de vue sur l’aspect pédagogique de ce feuilleton car les personnages sont quand-même fortement romancés. Je ne comprends pas non plus le parallèle que tu fais entre Hans et Sophie Scholl et les jeunes gens de ce téléfilm. Sinon, tout comme toi, j’ai bien aimé et partage ton avis sur le reste de ton analyse. :wink:

Pour la partie partisans polonais mais antisémites dans les bois,
j’ai pensé aussitôt au roman « Maintenant ou jamais » de Primo Levi,
roman optimiste que je conseillerai comme bouquin de plages.
Mais avec des luttes entres partisans sionistes et nationalistes.

La série comme le film « La chute » ? Oui, des personnages sont présentés sans manichéisme.Et c’est nouveau.
Je n’ai pas d’exemples par dizaine mais assez pour que je crois à une nouvelle présentation des personnages (donc une nouvelle vision de la guerre, par les scénaristes allemands)

  • Dans la Chute, le vilain SS Mohnke (acteur André Hennicke) chargé de la défense de la citadelle « Bis zum letzten Mann » vient plaider auprès de Goebbels
    pour que les civils du Volkssturm soient retirés du combat (contre vérité historique, je me demande toujours pourquoi …)
  • Dans la Chute, Hitler aime son chien (et on a reproché au film son côté bienveillant).
    Même la secrétaire Traudl Junge est sympathique et les dernières secondes du film rappellent sa vision de la situation des juifs pendant la guerre
    dès fois qu’on la trouverait trop sympathique …
  • dans la série Wilhelm le vétéran qui veut la victoire de l’Allemagne et réussit toutes ses missions va déserter (on n’a pas vu cela souvent dans un film)
  • et son frère le pleutre va devenir un soldat fanatique froid et exterminateur (jamais vu, merci de me démontrer le contraire)
  • et la petite amie du tailleur (plutôt chic fille) qui va devenir une arriviste (totalement insupportable et à baffer)

Je pense par ailleurs que la série, comme le film « Sophie Scholl », a été scénarisé dans un but d’éducation.

  • dans Sophie Scholl, le commissaire de la Gestapo démarre une sorte de duel psychologique avec la malheureuse Sophie,
    duel improbable par rapport à la vérité historique, impensable dans un film de guerre « classique » (en général un commissaire de la Gestapo, cela torture)
    mais qui permet au film d’expliquer le contexte sociologique et les motivations des jeunes résistants
  • dans la série, les héros … parlent trop. Ils veulent rappeler le contexte, parlent de leur sentiments,
    ce n’est pas naturel mais cela passe très bien … cela a été scénarisé pour que le spectateur comprenne bien la situation
    et les motivations des héros

Merci pour ta présentation du film. Cependant, on avait déjà parlé de ce film mais sous son titre allemand « Unsere Väter, unsere Mütter »… Peut-être pourrait-on regrouper les deux sujets ?

C’est fait . :smiley:

Il était passé sur la RTS mais c’était le 3ème épisode donc je vais essayer de trouver les premiers et m’y mettre vraiment, il n’y a eu que des échos élogieux à ce sujet…

bonjour , désolé d’avoir fait un doublon , je ne savais pas qu’il était également sorti sur ce titre en allemand , je me suis acheté le DVD , j’ai commencé à le regardé , par contre je trouve que le doublage en français est très mal fait pas vous ? Je ne sais pas ça enlève du charisme au film , mieux vaut le regarder en allemand sous titré j’ai l’impression

PS : je compte être un peu plus présent ici que ces derniers temps , des projets personnels m’ont éloigné du forum :wink:

Bof, un film allemand qui sort en français sous le titre « Generation War », on ne peut pas s’attendre à des merveilles côté doublage… :unamused: Rappelez-vous les doublages français insipides des ouesternes ou des séries B amerloques. :mrgreen:

Je rappelle que le titre est rarement voire jamais choisi par les traducteurs qui s’occupent du doublage et/ou du sous-titrage. C’est plutôt l’affaire du diffuseur.

Tu m’ôtes les mots de la bouche :laughing:

Cette précision apportée par Schockolena est bien sûr la bienvenue!!!
Et je rajouterais idem pour les traductions des titres de livres d’ailleurs.
Pour ce qui est de ce téléfilm, en choisissant d’enlever l’insistance sur la spécificité allemande, il devient sans doute plus accrocheur pour la vente à l’étranger, notamment aux États-Unis. Mais plus vendeur parce que cela ne signifie plus rien :mrgreen:

L’angliche, c’est vendeur, faut croire… :unamused:

J’ai regardé deux épisodes sur trois, verdict: à regarder d’urgence. C’est brillant, bien joué, passionnant et très juste… mais je reviendrai après avoir fini la série pour continuer les louanges.

Évidemment Dresden, même si sans crier au chef d’œuvre, j’ai apprécié ce film que j’ai vu dans son intégralité je ne peux que me joindre à ton avis. Mais, excuse-moi, de te demander ce qui justifie ton point de vue.
OK, j’attends AU MOINS que tu aies vu tous les épisodes avant. C’est toujours intéressant de savoir le pourquoi du comment, et j’espère ne pas t’ennuyer :wink: .

Je viens de terminer le dernier épisode et je persiste et signe: un petit chef d’oeuvre.
Pour valdok et tous les autres: une série de ce type est inédite. On nous présente cinq amis très différents qui ont des trais de caractères bien définis, si bien que nous sommes poussés à deviner qui deviendra quoi - et c’est là que nous nous trompons.
ATTENTION SPOILER
Le « romantique » de la bande, convaincu de l’absurdité des évènements, devient une vraie machine de guerre sans scrupules ni discernement. Son frère au contraire, obsédé par l’idée de faire honneur à sa famille et à son uniforme, comprend bien vite dans quelle usine de la mort il s’est volontairement incorporé. De même pour Charlotte qui aura dû voir l’horreur nazie de ses propres yeux (et d’y avoir été confrontée indirectement en perdant une amie) pour changer d’avis.
Finalement, la seule vraie personnalité forte des cinq, c’est bien Greta, qui aura tout fait pour sauver son grand amour.
FIN SPOILER

Cette série nous montre alors dans quels mécanismes de si jeunes gens ont pu vivre et que la guerre ne fait pas forcément de nous, ce que nous pensons. De plus, la justice ne triomphe pas toujours: pour preuve cet ancien de la Gestapo qui ne sera jamais inquiété par les Américains… (allusion à la Entnazifizierung qui n’aura jamais été complète, tant d’anciens nazis ont passé entre les filets, sans que grand monde ne s’en indigne)

En bref je suis époustouflée par cette série de qualité qui révolutionne la façon de voir le nazisme par les Allemands eux même. Rien à dire si ce n’est: chapeau.