On ne fait pas d’arbre de Pâques sans casser des œufs
L’entrée en vigueur de nouvelles normes européennes régissant l’élevage des poules pondeuses entraîne des difficultés d’approvisionnement dans plusieurs pays d’Europe. Or, en Allemagne, la « peinture sur œuf » est un sport national à l’approche de Pâques…
Outre-Rhin, l’œuf est à l’arbre de Pâques ce qu’est la guirlande au sapin. À deux semaines de la traditionnelle fête du mois d’avril, une rupture de stock est donc impensable. Et pourtant, « les œufs commencent à manquer », constatait il y a quelques jours la presse de Duisbourg (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). L’ensemble du territoire risque d’être touché si rien n’est fait pour endiguer la crise dans les pays voisins.
Le marché des œufs s’est crispé en Europe après l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2012, d’une directive européenne datant de 1999 sur le « bien-être » des poules pondeuses. Pointant du doigt le coût de la mise aux normes, les producteurs de 13 États membres de l’Union européenne (UE) (dont la France, l’Italie et la Pologne) ne s’y sont pas conformés à temps. Selon la Commission européenne, près de 47 millions d’œufs produits chaque jour dans l’UE sont donc désormais interdits à la vente. Particulièrement touché, le secteur industriel européen s’inquiète des retombées socio-économiques de la pénurie qui a entraîné une envolée des prix du marché.
Outre-Rhin, les petits consommateurs devraient être épargnés
En Allemagne, la directive européenne, transposée dès 2010, a entraîné une baisse de la production et, du même coup, une hausse des importations. Aujourd’hui, la filière allemande de l’œuf n’échappe donc pas à la crise : l’industrie souffre des difficultés d’approvisionnement, tandis que les producteurs, liés aux commerces de détail par des contrats à prix fixe conclus sur le long terme, sont contraints de vendre très en dessous du cours actuel.
Leur malheur devrait toutefois permettre aux particuliers de célébrer Pâques comme à l’accoutumée, et sans se ruiner. « Les consommateurs n’ont pas à craindre de se retrouver devant des rayons vides à Pâques », rassure ainsi la Fédération allemande de l’œuf (BDE). Le 20 mars à Bruxelles, la ministre fédérale de l’Agriculture, Ilse Aigner (CSU), a également démenti l’idée d’une pénurie et d’une augmentation des prix dans les deux semaines à venir.
Les médias rapportent tout de même des difficultés d’approvisionnement le long de la frontière avec la République Tchèque, où les discounters allemands, pris d’assaut depuis que les prix ont triplé du côté tchèque, ont dû fixer des contingents. « La pression pourrait s’accentuer si les gros consommateurs, en raison de l’envolée des prix dans le secteur industriel, décidaient de se rabattre sur les supermarchés, estime aussi le journal hessois Giessener Anzeiger. A l’évidence en tout cas, les familles qui s’y prendront au dernier moment risqueront de ne plus trouver d’œufs blancs à décorer. » Mais la couleur de la coquille importe-t-elle tant ?