À l’occasion du 120e anniversaire du peintre allemand Otto Dix (1891-1969), sa ville natale, Gera (Thuringe), lui consacre une vaste rétrospective. Jusqu’au 18 mars 2012, quelque 240 œuvres, dont une centaine de tableaux, aquarelles, dessins et gravures, retracent la carrière du maître de l’expressionnisme et de la Nouvelle objectivité. L’exposition s’intéresse aussi aux « œuvres disparues » d’Otto Dix, classé par les nazis parmi les représentants de « l’art dégénéré » dans les années 1930.
Les travaux présentés proviennent de musées et de collections privées de toute l’Allemagne et de Suisse. Ils déclinent toutes les phases de création du peintre, déployant dans toute sa diversité une œuvre rythmée par les mouvements de l’Histoire.
Vie marquée par les tourments de l’Histoire
Né le 2 décembre 1891 dans une famille ouvrière, Otto Dix est encouragé dans son intérêt pour l’art par sa mère, amatrice de musique et de peinture. Après une formation de décorateur, il étudie à l’École des arts appliqués de Dresde au début des années 1910. En 1914, il s’engage ensuite comme volontaire dans l’artillerie allemande, et participe à la Première Guerre mondiale sur les fronts français et russe. Sa peinture, dans les années 1920, se fait l’écho des horreurs de la guerre.
À partir de 1927, Otto Dix enseigne à l’Académie des beaux-arts de Dresde. Mais il est vite rattrapé une nouvelle fois par l’Histoire : dès 1933, il est démis de son poste par les nazis, qui le stigmatisent comme « artiste dégénéré » à partir de 1937 et brûlent certaines de ses œuvres. Otto Dix s’installe alors près du Lac de Constance et entame une « émigration intérieure ». Contraint de participer à la Seconde Guerre mondiale, il sera prisonnier en France. À la fin du conflit, il retrouve sa patrie d’élection. Il y peindra notamment des paysages et des tableaux à motifs religieux.
Diversité des thèmes et des styles
Bien que certaines œuvres importantes manquent, l’exposition illustre la variété des thèmes et des styles abordés par Otto Dix au cours de sa carrière. Du portrait au paysage, en passant par les thèmes de l’amour et de la mort, de la guerre et de la violence, sans parler de la critique sociale, elle dévoile une œuvre riche et plurielle, aujourd’hui considérée comme l’une des plus importantes de l’histoire de la peinture allemande du XXe siècle. Dans l’après-guerre, Otto Dix fut d’ailleurs l’un des premiers artistes à être honoré aussi bien en République fédérale (RFA) qu’en République démocratique allemande (RDA).
L’exposition est présentée à l’Orangerie et dans la maison natale de l’artiste à Gera. Elle est le fruit d’un projet beaucoup plus ambitieux de maison d’art qui devait voir le jour à l’occasion du 120e anniversaire du peintre. Les contraintes financières en ont cependant décidé autrement. Le projet a été reporté à plus tard.