Les Parisiens n’achètent pas de livres allemands à cause des attentats et de l’état d’urgence… mouaich…
Si on organisait une collecte AOX ?
Les Parisiens n’achètent pas de livres allemands à cause des attentats et de l’état d’urgence… mouaich…
Si on organisait une collecte AOX ?
Allez , Jeff Bezos , un petit effort…Une librairie allemande à Paris , ça ne te fera pas beaucoup d’ombre , tu te rattraperas sur la vente de papier toilette !
Oui, moi non plus je n’ai pas compris l’argumentaire, Mislep !
« aufgrund der (…) schwierigen politischen und gesellschaftlichen Entwicklungen »
On est en guerre civile en France ou j’ai raté un épisode?
Je pense aussi que des librairies du genre subissent de plein fouet la concurrence d’Amazon, notamment.
Je vis dans un pays francophone, et même malgré la proximité immédiate avec l’espace germanophone, je ne trouve que très peu de livres en allemand, la plupart étant des classiques ou des best-seller de qualité aléatoire (et à un prix exorbitant). Alors oui, si je veux acheter des livres en allemand, je n’ai guère le choix que de me servir en ligne…
Triste nouvelle
La librairie allemande a annoncé sa fermeture définitive pour le 14 juillet 2017.
J’arrive un peu après la bataille, ou disons « comme les carabiniers d’Offenbach » pour rester dans l’esprit franco-allemand, mais j’ai pas envie de bosser ce soir le sujet m’interpelle un peu… J’avais lu un article passionnant chépluzou il y a quelques temps, et puis quelques-uns ici savent que je suis un Bücherwum (échelles comprises).
Le secteur de la librairie est dans un goulot d’étranglement bien connu et qui concerne bien d’autres secteurs : dématérialisation, uberisation, disparition des intermédiaires. Et soyons honnêtes : nous y participons tous (qui n’a jamais commandé chez Amazon ?)… Comme à chaque « fragmentation » du marché (il y a eu l’épicerie il y a cinquante ans, les disquaires il y a vingt ans, les photographes peu après), seuls les extrêmes s’en sortent : le marché de masse d’un côté, le marché de niches de l’autre, mais à la fin seulement.
Valdok parlait de Lyon : en quinze ans, j’ai vu disparaître Privat-Bellecour, le Decitre langue, Virgin et la petite libraire de mon quartier, sans parler d’autres que je n’ai jamais connues. Le pire, ce sont les grosses librairies historiques des petites villes : Camponovo à Besançon est mort assassiné, Arthaud à Grenoble a failli y passer, et des dizaines d’autres.
Sonka a cité la FNAC, mais je crois que c’est un mauvais exemple : la FNAC a une tradition de polyvalence et de réactivité à la technologie. Ils ont pu se lancer dans d’autres secteurs, comme l’électro-ménager « de luxe ». De même, Decitre a laissé tomber la presse comme une branche pourrie pour se lancer dans la papèterie « fantaisie » et investir dans marché naissant des liseuses. Mais un librairie de quartier, sauf à se lancer dans le bobo-conceptuel (« librairie-café-chat-bio »), il n’a aucune chance.
Mais je l’ai dit, nous y participons tous… Si l’on prend le marché des langues vivantes, quels sont les segments ? D’une part la masse du scolaire/parascolaire au sens large (dictionnaires, méthodes) ; d’autre part les besoins des spécialistes ; enfin le petit monde des germanophiles flâneurs. Le premier résiste, mais il est grignoté par l’offre en ligne, y compris gratuite - c’est pratique d’avoir wikipedia pour s’en servir de facto de dictionnaire hyperspécialisé plutôt que d’acheter quatorze dictionnaires spécialisés, et là je pense à quelqu’un en particulier - et donc y compris un forum comme celui-ci… Le deuxième, c’est moi : il y quinze ans, la libraire surspécialisée et trilingue était très contente de me mettre en relation avec la Salzburger Verlag für Sprachwissenschaftsgeschichtsschreibung (si, ce mot existe ), et moins de sept semaines après, j’avais mon livre ! Mais là, Amazon est vainqueur par KO, « je » n’accepte plus d’attendre, parce que derrière « je », il y a d’autres cadres (l’université par exemple) qui n’acceptent plus d’attendre parce que le monde en général n’accepte plus d’attendre.
Quant au troisième segment, certes il y aura toujours des gens qui aimeront bummeln (j’ai appris ce verbe en cinquième…) au milieu des couvertures ; mais ils n’atteignent pas la « masse critique »… Même « avant », la librairie était un secteur en déséquilibre, comme tous les secteurs culturels : dans la sous-préfecture de mon enfance, le propriétaire du cinéma d’art & d’essai était aussi celui du cinéma porno : il finançait l’un par l’autre. Les « bouquins-du-fin-fond-du-catalogue-de-DTV » du Decitre langue « d’avant », comme le disait Valdok, ils ne pouvaient être là que parce que la maison vendait quarante Harraps et douze assimils dans la journée… Comme le Lexikon der Indogermanischen Verben qui a trôné cinq ans sur leurs rayons avant que JE décide de l’acheter après longtemps de contemplation (200 €…) Aujourd’hui, au prix du m² urbain, aucun vendeur ne peut se permettre de conserver cinq ans un livre sur ses rayonnages, ni se consacrer - sauf à avoir vraiment une très très très grosse passion et y aller de sa propre poche - à des secteurs structurellement déficitaires.
Donc, c’est une niche et une toute petite niche, et à ce titre, très exposé aux vents. En ce sens, je comprends un peu mieux que vous le « aufgrund der schlimmen Ereignisse » : il n’y a pas eu de guerre civile certes ; mais si la fréquentation des lieux de culture a baissé de 5% pendant deux mois à Paris (et là encore, qui n’y a pas pensé en prenant le métro au moins une fois ?, cela correspond au taux de marge maximum du secteur : la goutte d’eau qui fait déborder le vase, ou le tonneau [i)auf Deutsch[/i]. Quant au « aufgrund (…) und der schwierigen politischen und gesellschaftlichen Entwicklungen in den letzten zwei Jahren in Frankreich », avec mon oeil éduc-nat un rien parano, j’y verrais volontiers tout ce qu’on a dit de la réforme du collège (ou d’une façon moins ponctuel, du net recul sur vingt ans de la culture allemande en France). Qui n’a eu un tonton à table pour vous dire : « alors c’est vrai qu’on va supprimer l’allemand ? » - ce qui est faux et excessif bien sûr, mais mon banquier est le même que mon tonton, ou l’inverse : quel banquier-tonton irait prêter les 50.000 € dont une mini-librairie superspécialisée dans une langue réputée minoritaire tenue par une personne et son chat a besoin pour franchir un mauvais cap ?
Schade…