Quel jeune Français(e) au vocabulaire allemand encore limité n’a pas provoqué chez son interlocuteur allemand un reflexe d’incrédulité voir même d’hilarité en prononçant le mot « persil » pour désigner l’herbe aromatique utilisée en cuisine (Petersilie , en allemand.) La maman de mon corres avait disparu quelques secondes et était revenue avec un barril de lessive de marque « Persil » !
Ici , il est question de la marque qui pour beaucoup de gens en Allemagne , mais aussi ailleurs , est synonyme de « lessive industrielle ».
Imaginez le temps et l’énergie utilisés par nos arrières arrières grand-mères pour faire la lessive, la faire bouillir dans des chaudrons , la blanchir en l’étendant sur l’herbe , puis la sècher. Cela pouvait durer plusieurs jours.
Heureusement pour les ménagères , autour de 1900 , l’Allemand Friedrich ( Fritz) Karl Henkel fonda le consortium qui porte son nom , aujourd’hui encore et mit sur le marché la première lessive industrielle. Il voulut l’appeler « Persil » , ce qui , dans un premier temps , lui fut refusé par le bureau impérial des brevets , comme pouvant laisser croire (en raison du mot français) que l’herbe aromatique entrait dans la composition du produit.
En réalité « PERSIL » était le raccourici de NatriumPERborat (en français PERborate de sodium ), l’élément blanchissant et de NatriumSILikat ( SILicate de sodium ) , l’élément lavant. PER + SIL = PERSIL…CQFD)
Le produit devint très vite populaire. Henkel était aussi un excellent publicitaire ; il fut parmi les premiers à lâcher dans les rues des grandes villes des hommes-sandwich , tout de blanc vêtus portant des paquets de lessive. Il fit également coller de nombreuses affiches pour faire connaitre son produit.
En 1926 , des Berlinois n’en crurent pas leurs yeux ; dans le ciel , des avions traçaient le nom PERSIL .
En 1928 fut ouverte , toujours à Berlin, la première « Persil-Schule » dans laquelle on enseignait aux ménagères comment s’occuper de leur linge en particulier et de leur maison en général. Source;
PERSIL est part de la culture allemand comme SKIP en France. Nos grand-mères ont chanté (en l’honneur d’un réalisateur populaire des films dans les années 20): Harry Piel sitzt am Nil, wäscht die Füße mit Persil.
Mais manifestement la lessive Persil existe aussi en France, peut être moins connu.
Petite correction ; ce n’est pas Fritz Henkel qui est à l’origine de la marque , mais son fils Hugo , ingénieur chimiste.
Dans la vidéo qui suit ; vieux films publicitaires en noir et blanc , bien sûr.
Petite balade vers l’usine de Dusseldorf où le produit est toujours fabriqué.
Vers les trois quarts de la vidéo ; on voit Hugo Henkel avec le chancelier de l’époque , Ludwig Erhard : il est vrai que l’essor du produit est souvent associé au Wirtschftswunder ( miracle économique) de l’ère Erhard.
Plus tard d’autres marques , dont Ariel , dont les mérites sont vantés par la célèbre Klementine , viendront concurrencer Persil.
Klementine était d’ailleurs devenue tellement populaire que , quand la pub a cessé, des tas de gens ont protesté.
En matière de propreté c’est plutôt ce grand mec musclé souriant qui a marqué ma jeunesse : Monsieur Propre " même en l’absence de cadeau Bonux.
Cadeau dont les petits Allemands ne semblent pas avoir bénéficié. http://www.arte.tv/fr/l-objet-le-cadeau-bonux/1738722,CmC=1738724.html
Pour Monsieur Propre c’était amusant de voir qu’il y avait la même publicité en Allemagne. Meister Proper putzt so sauber, dass man sich drin « spiegeln » kann
Un petit clin d’oeil coquin à la pub anglaise pour les ménagères de moins de 50 ans dont je ne fais désormais plus partie Attention aux émotions fortes
Ces mots ne sont pas du tout de mon cru, mais des concepteurs de la pub en allemand, pour moi c’était basique et signifiait simplement que l’on peut se voir dedans comme dans un miroir. Après certain, toutes les interprétations sont possibles, car dans un miroir on voit son image à l’envers.