La présidence de la confédération est en fait exercée collégialement par le Conseil Fédéral, mais l’un de ses membres est cependant élu Président pour une année. Cette année, c’est une femme, Micheline Calmy-Rey. C’est la deuxième femme présidente de l’histoire de la Confédération. Elle est originaire du Valais francophone, mais elle passée sa vie et a fait toute sa carrière politique cantonale à Genève. Elle n’y a pas laissé que des amis, d’ailleurs. Elle s’est ensuite fait un nom dans les médias en tant que conseillère fédérale chargée des relations extérieures. C’est un post très délicat puisqu’il s’agit d’appliquer le principe de neutralité tout en faisant de la politique. Calmy-Rey a montré un culot incroyable en imposant sa propre version de neutralité active, ce qui lui vaut la haine d’une bonne partie du monde politique hélvétique et l’amour d’une autre partie. Dans le peuple, elle est surtout connue pour sa coiffure bicolore.
Il faut tout de même remarquer qu’elle a élé élue avec le nombre de suffrage le plus bas de l’histoire. La politique suisse est très compliquée car elle est traversée de lignes de fronts dans tous les sens, et pas uniquement un clivage droite-gauche. La relative impopularité de Calmy-Rey est due à une série de règlements de comptes à tiroir. Mais son sens aigu de la stratégie politique et de la communication sont reconnus de tous. Elle parle un haut-allemand correct, mais avec un accent de francophone.
Ca m’a l’air compliqué les institutions suisses ! Moi je n’y connais rien en matière d’institutions suisses, j’ai déjà du mal avec les institutions belges, alors bon…mais merci tout de même de ces informations intéressante !!! Une question me vient à l’esprit : « Comment est élu le Conseil Fédéral ? Par élection populaire, par référendum,… »
Et moi aussi une question : c’est quoi-comment, la neutralité active
C’est le parlement au complet (Chambres réunies) qui élit les conseillers fédéraux, et le Président. Certains reviennent plusieurs fois, d’ailleurs, comme celui de 2006, l’increvable Leuenberger, sorte de fils naturel de Lang et Delanoë.
admin.ch/br/themen/brw/index.html?lang=fr
La neutralité active est un concept élastique. Chacun en fait ce qu’il veut, ça permet de faire passer un agenda international en faisant semblant de rester neutre. A l’origine, la Suisse tentait de se faire médiatrice un peu partout (par ex.: ce sont les Suisses qui représentent Cuba à Washington et les Etats-Unis à La Havanne, la pratique étant nettement moins neutre que la théorie).
Calmy-Ray s’est illustrée lors des guerres civiles yougoslaves, faisant de la Suisse le plus obéissant petit soldat de l’OTAN. Vision très particulière de la neutralité quand on s’amuse à désigner publiquement les bons et les méchants. Elle a appelé ça la neutralité active, sans s’étouffer d’un fou rire. Avouez qu’elle est douée.
Et le peuple, il a quelque chose à dire dans l’election du Conseil Fédéral ?
Le peuple élit le parlement, qui tente de se mettre d’accord sur un conseil fédéral. Mais au bout du compte, c’est le parlement qui gouverne, le conseil fédéral est uniquement là pour avoir des gens qui coordinnent le travail et donner forme aux propositions de loi, c’est un travail très procédurier. Et en plus, le parlement est tributaire de l’accord du peuple dans les cas où un référendum est nécessaire ou demandé par pétition. Il ne faut pas exagérer le pouvoir du conseil fédéral.
Merci pour ces infos ! Je suis un peu plus éclairé sur le système institutionnel suisse…
Juste pour info : Je crois qu’on dit plutôt « coordonnent » que « coordinnent » en français…
Il faut aussi savoir que le scrutin parlementaire désignant les Conseillers fédéraux est soumis à un certain nombre de règles non écrites.
La plus célébre n’est aujourd’hui plus d’actualité : il s’agissait de la « formule magique », en vigueur entre 1959 et 2003, qui revenait à élire systématiquement deux Conseillers fédéraux socialistes, 2 PDC-CVP (démocrates-chrétiens), 2 PRD-FDP (radicaux = conservateurs+libéraux) et 1 UDC-SVP (populistes, avec une aile droitière dite « Zürichoise » et une aile centriste dite « Bernoise »). Elle a été abandonnée à la suite des dernières élections au Conseil national, remportées par l’UDC, qui a donc obtenu deux sièges, le PDC en perdant un.
Par ailleurs, d’autres clefs de répartition ont également cours. En principe, les non-germanophones occupent au moins deux sièges au Conseil Fédéral, et celui-ci ne devait pas jusqu’en 1999 comporter deux représentants d’un même canton (ou originaires d’un même canton, mais ce n’est plus le cas).
Enfin, ces dernières années, la question de la place réservée aux femmes au sein de cette instance a également été au centre des débats, en 1993 (le parlement choisit un homme socialiste au lieu de la femme candidate officielle du parti. Finalement, après la démission de l’intéressé, une autre femme sera choisie) puis en 2003 (le CF fédéral PDC « sorti » du Conseil Fédéral par le Parlement est une femme, tandis qu’au sein du PRD, la candidature d’un homme l’emporte sur celle de la candidate initialement pressentie).
Sinon, il faut savoir que si Moritz Leuenberger est « revenu » à plusieurs reprises à la Présidence du CF, c’est que celle-ci ne s’obtient pour un nouveau venu qu’une fois que celui-ci a servi sous la présidence de TOUS les autres membres élus avant lui… D’ailleurs, le cas Leuenberger n’est pas isolé. Ces vingt dernières années, Jean-Pascal Delamuraz, Adolf Ogi ou Flavio Cotti ont exercé à deux reprises cette fonction (essentiellement de représentation).
Enfin, en 2009, l’élection du Président pourrait faire couler beaucoup d’encre, puisque cette charge devrait en principe (si le modèle classique décrit ci-dessus n’est pas remis en cause) revenir à Christoph Blocher, leader de la droite « dure » de l’UDC « zürichoise »… Or, celui-ci ayant contribué à casser la tradition de la « formule magique » en 2003, il n’est pas impossible que le Parlement lui renvoie l’ascenseur en 2009.
Wahou, très intéressant !
Je dirai même plus…super intéressant !!