« Als die Soldaten kamen » , c’est le titre d’un ouvrage que vient de publier Miriam Gebhardt.
Elle est journaliste, historienne et enseigne également à l’université de Constance.
Fin de la seconde guerre mondiale ; l’armée russe occupe la partie est , les Américains , les Anglais et les Français , la partie ouest.
Durant cette période , selon des statistiques officielles , ce sont environ 860.000 femmes ( chiffres officiels , mais la réalité est malheureusement pire ) qui sont violées par la soldatesque , toutes nations occupantes confondues.
Aucune de ces victimes ne sera prise en compte par les services médicaux , ou les services sociaux. Les cyniques parleront de " dommages collatéraux".
Elles seront très rares , celles qui oseront s’exprimer sur leurs souffrances. J’ai un peu l’impression que , comme pour les déportés qui revenaient des camps, personne n’a envie de les écouter ; la guerre est finie , passons à autre chose.
J’ai eu l’occasion , il y a plus de 10 ans de voir des docus de SWR ( si j’ai bonne mémoire ) consacrées à ce sujet hautement douloureux. Je me souviens très bien qu’en Pays de Bade sud , dans une zone occupée par les Français , il était interdit aux habitants de fermer leurs portes de maisons , ce qui laissait , bien sûr, toute latitude aux exactions des violeurs et des pilleurs.
Merci à Miriam Gebhardt de donner la parole à ces femmes qui , pour la majorité d’entre elles , ont gardé le silence 70 années durant.
Poignant le témoignage d’Elfriede Seltenheim qui avait alors quatorze ans et fut violée régulièrement , durant plusieurs semaines par des soldats de l’armée rouge.
Je retiens de son témoignage ;" j’ai désappris le rire , ce n’est pas grave , on peut vivre sans rire , mais j’ai également désappris les pleurs …et ça , c’est beaucoup plus difficile à vivre ." Le livre de Miriam Gebhardt Le reportage de la première chaine allemande
Il y a eu aussi un livre et un film tiré de ce livre écrit par une inconnue à Berlin et qui a été à plusieurs reprises violées par les Russes fraîchement arrivés en libérateur … Le nom m’échappe mais je suis sûre que certains voient de quelle histoire je parle, je ne suis plus sûre que ce soit « Une femme à Berlin ».
Ce qui est « amusant » ( si on peut s’exprimer ainsi pour de telles circonstances tragiques) , c’est qu’à la fin de la guerre , les alliés de l’ouest affirmaient , avec un certain aplomb , que c’était les « Rotarmisten » ( les bolchéviks avec le couteau entre les dents) qui avaient commis ce genre de crimes …Ce n’est que bien plus tard (la guerre froide étant terminée) que la vérité a été révèlée.
Je me rappelle aussi d’un film magnifique italien La Paysanne aux pieds nus (La Ciociara) avec Sophia Lauren qui évoque le viol des femmes italiennes par les soldats des colonies françaises dans la région de la Ciociarie. Hélas de nombreux cas se sont produits, et cela a eu pour cause de véhiculer le racisme.
Il y a une question que je me pose à présent. Est-ce que les soldats allemands ont commis de telles exactions sous la France occupée ou alors est-ce que vraiment il y a eu peu de personnes pour prendre la peine d’en parler ??? Honnêtement, je n’ai jamais eu vent de tels récits .
Ah, si la guerre se limitait à une entrée triomphale de troupes sans coup férir, pour libérer, par exemple, les populations de Russie subcarpatique* « opprimées » par l’odieux régime de Prague et rétablir une souveraineté bafouée par des traités honteux, la fleur au fusil, avec distribution de vivres à gogo, et grandes embrassades avec les petits copains à la frontière (que l’on massacrera par la suite, quand la guerre sera vraiment la guerre, comme quoi amis, ennemis, ça va ça vient), comme le montrent ces extraits de film de propagande : youtube.com/watch?v=YbqNjaPzMuA
Les Polaks ne se sont pas gênés non plus pour prendre leur part du gâteau (« libération » des populations polonaises « opprimées ») : youtube.com/watch?v=STPEpPtzbwM
Ah, les joies de l’après-Munich, « la paix sauvée »…
Les dommages colatéraux ? Ah, ben oui, ils vont bien dans la suspension quant il s’agit de justifier une intervention. Mais c’est toujours les autres, hein… Nous, on libère et on donne à bouffer, et on réorganise … (Populations abandonnées, faites confiance au soldat allemand…).
C’est exactement la même chose à l’autre bout du pays pour les populations allemandes, la crise des Sudètes, Daladier, les Français connaissent. Mais ce qui c’est passé au centre et à l’est, c’est moins connu. Et ça a pas mal contribué à envenimer rapidement les choses, le partage d’un butin, ça crée des animosités…
Je ne sais pas si tu as déjà vu la série « Un village français », le sujet est abordé et montre bien que les Allemands aussi, surtout les puissants ont bien profiter de leur position.
Koelnerin, j’ai vu justement le passage où la pauvre petite institutrice se fait violer par le patron de la Gestapo Heinrich Müller parce qu’elle s’adresse à lui pour obtenir la libération du maître d’école.
C’était d’autant plus étrange que la jeune institutrice a par la suite un gentil soldat allemand francophile pour amant et que le « méchant » Müller prend pour maîtresse très consentante la femme du maire.
J’ai aimé l’aspect non manichéen de la série, et mon côté fleur bleue a apprécié l’histoire d’amour entre Kurt et Lucienne aux larmes.
Par contre sur le viol des femmes par les soldats allemands, j’ai trouvé cela très superficiel.
Est-ce de cela c’est de cela dont tu voulais parler ou autre chose ??
Excellente série… Car elle montre les côtés sombres de tout le monde… Les bons ou les méchants, les allemands, les juifs, les collabo, les résistants… Cette série montre l’homme tout simplement…
et pour répondre à Valdok : pourquoi les allemands sous la France occupée se seraient-ils « « privés » » de ce genre de choses ??..
Oui certes, mais pourquoi on n’en parle jamais?? Connais-tu un film, un livre, un documentaire, un programme télévisé en France à ce sujet?
J’ai peut-être eu un début de réponse en évoquant ce sujet avec mon mari.
Les soldats allemands stationnés en France étaient en nombres très limités, donc les autorités allemandes ne pouvaient se permettre de telles exactions de la part de leur troupe d’occupation. Cela aurait révolté toute la population et le but était d’arriver à une collaboration des Français. La priorité de l’Allemagne n’étant pas la France mais le front russe. Donc une attitude qui n’a rien d’humanitaire mais plutôt une stratégie bien pensée.
on en parle à Oradour sur Glane il me semble… Certaines n’ont vraiment pas eu de chance…
après… faire un film sur ce sujet… mouaih… plutôt difficile non ?
Loin de leur donner raison, aux soldats de tout bord, réalisant ce genre d’actes, je pense que c’est un acte que
malheureusement on retrouve dans toutes guerres… Passées ou actuelles…
mais on en parle aussi à mots couverts dans certains livres qu’ils soient autobiographiques ou romancés,
certains enfants nés pendant la 2ème guerre mondiale, ne sont pas tous les fruits d’un amour passionné
entre un allemand et une française (ou une allemande et un français… )…
Ne confondons pas mai 1940 et juin 1944, Kissou… Entre temps, les populations françaises ne sont plus abandonnées, et après le Débarquement, les troupes allemandes sont aux abois.
D’ailleurs, autant les relations consenties que non consenties entre Allemands et Françaises étaient formellement interdites (mais pas inexistantes) par la Wehrmacht, c’est peut être pour cela que des histoires de viols sont poins connues? J’en doute (surtout quand on voit le nombre de relations consenties franco-allemandes de l’époque, je doute qu’il n’y ait eu vraiment aucun ou très peu de viols).
Sinon, sur la débâcle d’avril 45 et la déferlante soviétique vu du point de vue français dans le Mecklembourg, la référence indispensable : Cavanna, « Les Ruskoffs ». On comprend qu’il ne s’en soit jamais remis.