Des photos noir et blanc, des cartes géographiques, des documents de voyage, mais aussi des chaussures, une poupée et d’autres objets de la vie courante laissés derrière soi, dans la précipitation : une exposition ouverte au public depuis le vendredi 11 août à Berlin cherche à présenter concrètement les expulsions forcées de populations qui ont eu lieu en Europe au cours du siècle passé. Parce que l’événement est commandité par la Fédération allemande des expulsés, qui veut sensibiliser à la cause des 14 millions d’Allemands de souche ayant dû fuir l’Europe orientale à la fin de la seconde guerre mondiale, des critiques n’ont pas tardé à s’élever de toute part, notamment en Pologne.
Cette exposition a le mérite d’exister, car ces expulsions massives de populations allemandes au lendemain de la 2eGM sont restées longtemps méconnues.
Il faut savoir que ces populations germanophones vivaient depuis le Moyen-âge dans ces régions des Sudètes, Silésie, de Prusse, et d’Europe centrale et ont subi en 1945-46 pogroms et expulsions brutales avec privation de tous leurs droits et biens.
Plus de 2 millions des Sudètes et près de 12 millions d’allemands au total en Europe seront expulsés vers les frontières de l’Allemagne d’aujourd’hui.
Il ne s’agit bien-sûr pas de minimiser les horreurs de l’Allemagne nazie et le fait qu’une partie de ses Allemands expulsés ont auparavant soutenu l’Anschluss et H*tler, mais plutôt de rendre compte des faits historiques et de reconnaître ce qui s’y est passé et ce qu’ils ont subi.
Il y a aussi derrière ces critiques de la Pologne et la Tchéquie, le conflit persistant avec les associations d’expulsés qui demandent justice, et réclament toujours des dédommagements (droit au retour, droit à la nationalité perdue, propriété).
A noter aussi le projet de création d’un Centre sur les expulsés allemands de 1945 à Berlin avec le soutien de la Chancelière Merckel.
Je trouve aussi qu’il est important de montrer ces expulsions, car c’est une conséquence de la guerre importante comme toutes les pertes et les souffrances qu’un conflit engendre.
Cela ne réduit en rien la responsabilité de l’Allemagne belligérante et cela ne remet pas en cause les expulsions qui ont suivi la fin de la guerre, cela ne minimise en rien les horreurs qu’ont subit les Polonais, les Juifs et toutes les victimes du nazisme, cela permet de voir que toutes les populations souffrent dans un conflit, qu’elles soient dans un camp ou dans l’autre.
Montrer tous les traumatismes que provoquent les guerres est nécessaire pour que nous nous souvenions des horreurs que provoque la bêtise humaine. Cela devrait nous faire réfléchir avant de s’engager dans un conflit…
Sur le site du futur Centre des expulsés d’europe de Berlin, on a de bonnes sources d’information et documentation: liste de minorités allemandes en Europe avec un historique pour chacune, tableau de l’ensemble des peuples expulsés en Europe durant le 20e siècle (nombre,origine,destination) et même un tableau du nombre et origine des expulsés allemands pour chaque Land allemand. Des cartes interactives expliquent bien la géographie de ses minorités allemandes en Europe.
J’aurais une question…pourquoi existait-il autant de minorités allemandes éparpillées en Europe de la Baltique à la Serbie, et des Sudètes à la Bulgarie, voir la Volga?
Je ne voudrais pas trop m’avancer mais il me semble que ces régions ont été dépeuplées à cause des conquêtes ottomanes du XVIIè siècle (ou bien elles n’étaient pas très peuplées de toutes façons et on a voulu y mettre du monde pour retenir un peu mieux les attaques futures). On a donc proposé aux paysans qui le désiraient de s’installer dans ces territoires, contre, sans doute, des exemptions d’impôts, des attributions de terres, etc.
Au fait, merci pour ces infos sur les populations expulsées. Je trouve aussi qu’on n’en parle pas assez.
EDIT : je viens de voir sur le site que tu citais, Tenzin, qu’on peut y lire l’histoire de chaque nation allemande… C’est ici
A propos, il y a des populations allemandes bien plus loin encore.
Pour autant que je sache (mais je ne suis pas spécialiste de la question), y’a dû avoir pas mal de flux migratoires volontaires (enfin je pense) vers la Russie à l’époque des tsars. Les Allemands étaient appréciés dans certaines professions et venaient donc tenter leur chance en Russie. Il y en avait de partout et surtout dans les grandes villes comme Moscou et Saint-Pétersbourg (je suppose).
Ensuite, Staline a massivement déplacé les populations dans tous les sens (pas que les Allemands d’ailleurs), donc on se retrouve avec des population allemandes plus localisées, avec notamment une énorme communauté au Kazakhstan et, dans une moindre mesure, en Ukraine. Peut-être à d’autres endroits que j’ignore, comme je l’ai dit je ne suis pas spécialiste.
Après l’exposition, les tensions germano-polonaises au sujet des revendications des expulsés allemands sont à nouveau vives suite au dépot de 22 plaintes devant la Cour européenne des Droits de l’Homme par l’association des expulsés allemands (Preussische Treuhand)
Il est vrai que les gouvernements allemands successifs même s’ils ont toujours refusé d’apporter leur soutien direct sur ses revendications, ils ont aussi « ménagé » ses millions d’expulsés électeurs…mais côté polonais, les politiques, surtout le gouvernement conservateur actuel des frères Caczynski, savent également bien jouer et manipuler le peuple sur ce sujet délicat pour mieux faire oublier les problèmes internes au pays…
On ne peut pas être insensible aux injustices et spoliations qu’ont subi les populations allemandes de Prusse, Silésie, Poméranie qui y vivaient depuis des siècles…Je peux comprendre la « peur » des polonais si ses revendications trouvaient écho au niveau européen, ça pourrait plonger le pays dans l’instabilité (34% du territoire polonais), et surtout pour quelles limites? compensations financières? aller jusqu’au droit de propriété? avec à l’avenir un risque de retour possible des expulsés?
34% du territoire polonais ??!! Wow je savais que la Prusse Orientale, la Silésie et la Poméranie prenaient autant de place en Pologne ! Je suis médusé !
Le Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski ravive les tensions avec l’Allemagne dans un entretien récent au quotidien « Dziennik » en accusant l’Allemagne de vouloir se « réapproprier » le tiers du territoire polonais perdu au lendemain de la 2e GM
Le gouvernement allemand laisse en effet agir l’association des expulsés allemands « Preussische Treuhand » spoliés de leurs terres et biens. Il semblerait que l’Allemagne n’ait toujours pas confirmé le « droit de propriété » des polonais sur ce tiers de territoire perdu…Il est également contre la création d’un lieu de mémoire des expulsés allemands d’Europe en projet.
Il affirme aussi que l’Allemagne « maltraite » sa minorité polonaise, et se méfie du projet de gazoduc passant sous la Baltique d’avec la Russie…
Bref, le premier ministre polonais, qui semble toujours marqué par les traces du passé, prend un malain plaisir à taper sur son voisin en ravivant les « haines » d’autrefois…histoire de trouver un coupable tout trouvé aux maux actuels de la Pologne? ou pour mieux les faire oublier?
A l’heure de l’Union Européenne, après tout ce chemin parcouru vers l’idée européenne de pacifisme, d’amitié entre pays…si seulement les relations germano-polonaises pouvaient suivre le la voix des relations franco-allemandes
Je trouve que Kaczynski ne se prive pas pour remuer le couteau dans la plaie pour envenimer les relations germano-polonaises . Que veut-ils vraiment celui-là ? Ou veut-il en venir avec toutes ces accusations (non fondées, a mon avis) ?
Je suis d’origine polonaise par ma grand mère maternelle, laquelle est arrivée en France (avec ses parents et soeurs) en 1924. Elle a acquis la nationalité française par mariage.
Je me souviens encore très bien des histoires racontées par mes arrières grands parents et ma grand mère: quand ils sont partis leur village natale était en Pologne, après la seconde guerre mondiale, il était en URSS. Ce qui veut dire concrètement que la Pologne a été « poussée » vers l’ouest.
Je ne cautionne en rien, ni ne prend parti dans ce type de « différend » mais je comprends les réactions polonaises dont le pays a été souvent disputé par ses voisins et notamment par les allemands avec le fameux couloir de Dantzig.
Les frontières actuelles sont établies comme telles avec les mouvements de populations de part et d’autres que cela a supposé pendant cette période de souffrance: je pense que ce serait bien d’avancer maintenant (ce n’est que mon humble avis)
J’en ai raz le bol de la mauvaise foi polonaise. La frontière a été reconnue et les autorité allemandes sont d’une patience infinie face à ces aboiements réguliers venus de l’est : les partis politiques allemands attendent que les survivants de cet exode meurent pour clamer tout le monde. Mais en fait, seuls les Polonais sont exités. Ils ont d’ailleurs décrétés en 1945 que les Kachoubes étaient simplement des Polonais de l’ouest, il s’en est pas fallu de beaucoup pour que les Sorabes connaissent le même sort. La manoeuvre antikachoube avait l’avantage de rendre magiquement polonaises des contrés kachoubes et Wendes alors que le premier Polonais à mettre les pieds à Stettin a montré le bout de son nez après l’entrée de l’armée rouge. Du coup, Stettin a été russe plus tôt que polonaise. Mais il suffit aux Polonais de ne pas être Allemand pour être mangé tout cru à la frontière. Ils ne s’embarassent pas de détails. Vaguement slave et hop! t’es Polonais. Les Sorabes ont été sauvés par le fleuve, sinon la Pologne s’arrêterait à Dresden.
Il y a erreur Stettin est bien devenue polonais après 1945 parce qu’à l’origine les russes voulaient donner Koenigsberg aux Polonais mais finalement ils l’on gardé pour eux.
La Seconde Guerre mondiale a détruit 65 % de la ville et le 26 avril 1945 les Soviétiques sont entrés dans la ville. La conférence de Yalta, qui s’était tenue deux mois auparavant, laissa Stettin à l’Allemagne, car la nouvelle frontière de Pologne devait être située près de la ville de Kolberg, aujourd’hui Ko?obrzeg, 75 kilomètres au nord-est de Stettin et les Polonais devaient recevoir Koenigsberg, l’actuelle Kaliningrad. Cependant, Staline changea d’avis, car il avait besoin d’un port sur la Baltique qu’il puisse utiliser tout au long de l’année, y compris en hiver. Il donna donc Stettin à la Pologne et la ville prit le nom polonais de Szczecin, tandis que les Allemands majoritaires depuis sept siècles, étaient expulsés et remplacés par des Polonais venus surtout des territoires de l’Ukraine.
C’est ce que je dis, à ma facon, et pas vraiment dans le calme, je vous l’accorde.
Les Russes ont pris Stettin. Haut lieu de la réforme alors n’allez pas me dire que les Polonais connaissaient la ville avant que les Russes la leur donne.