Recherche témoignages d'enfants accueillis en Suisse

"Plus de 10 000 enfants du Haut-Rhin furent accueillis dans des familles en Suisse entre 1945 et 1947. À partir de 1946, environ 44 000 enfants allemands bénéficièrent de la même hospitalité. Des relations amicales au-delà des frontières qui seront présentées dans la future exposition « Liebe deinen Nachbarn, aime ton voisin » de la Maison d’histoire du Bade-Wurtemberg. Des témoignages sur cet épisode ou d’autres sont recherchés.

L’exposition prévue à partir d’avril 2012 au musée des Augustins à Fribourg-en-Brisgau, à l’occasion du 60e anniversaire du Land de Bade-Wurtemberg, présentera des histoires personnelles, tissées malgré les frontières, entre Badois, Français et Suisses.

Une centaine de témoignages, provenant d’Allemands sexagénaires, ont déjà été transmis aux responsables de la Maison de l’histoire à Stuttgart. Avec des cartes postales, photos et lettres mais aussi des objets personnels : la montre en or qu’un gamin avait rapporté en cadeau de sa famille d’accueil, un album de chansons ou l’éléphant en peluche qu’une petite fille de Stuttgart, accueillie temporairement à Berne, avait gardé depuis plus de 60 ans…

Les enfants alsaciens hébergés en Suisse ont-ils gardé de telles reliques aussi ? La Maison de l’histoire du Bade-Wurtemberg le souhaite, tout comme elle espère recueillir des histoires personnelles d’amitié ou d’amour.

Certes, les histoires sentimentales franco-allemandes peuvent être tragiques. Comme celle de Hannelore, qui se tira en 1942 une balle dans la tête à Stuttgart, son amant Hugo, prisonnier de guerre français en faisant autant. Un couple piégé par un amour politiquement interdit. Mais d’autres histoires se terminent bien. Deux demi-frères, Francis et Rudy, se sont rencontrés à l’âge de la retraite : leur père, un Bade Wurtembergeois, avait été soldat en France occupée.

Plus romantique, l’histoire de Jérémie Risler, un siècle plus tôt. Né à Cernay, ce fils d’industriel tombe de cheval à Fribourg, en 1838, alors qu’il est avec son hôtelier. Et il finit par épouser sa fille. Désormais prénommé Jeremias et à la tête d’une prospère fabrique, il devint même député et président de la Chambre de commerce de la Fribourg.
« Il faut queles enfants partent »

Les premiers convois d’enfants français, organisés par la Croix-Rouge suisse, arrivent de Paris et du sud de la France dès 1940. Fin 1944, au milieu d’un hiver très rigoureux, alors que la fin de la Deuxième Guerre mondiale fait des ravages dans le secteur, que des habitants vivent dans des caves sans gaz ou électricité et sous la menace d’obus, le maire de Mulhouse, Auguste Wicky, se rend à Bâle pour demander le soutien de la Suisse et notamment l’accueil d’enfants.

Des affiches tricolores et bilingues avec des messages («Il faut que les enfants partent ») incitent les parents d’enfants entre 4 et 14 ans à confier leur progéniture aux soins de la Croix-Rouge suisse. Le 3 janvier 1945, un premier convoi de 294 enfants des quartiers Drouot et Wolf quitte Mulhouse pour la Suisse selon un itinéraire spécial. Le convoi le plus exceptionnel reste celui d’environ 1 000 enfants de Thann, parmi lesquels les pensionnaires de l’orphelinat Saint-Joseph. Chaque enfant avait reçu une fiche médicale, une étiquette d’identification avec l’adresse de ses parents -lorsqu’il y en a- et une lettre indiquant le canton suisse d’adoption. Les retours sont organisés à partir d’avril 1945.

Des enfants qui, parvenus aujourd’hui à l’âge de la retraite, ont certainement encore des souvenirs à partager de leur séjour de plusieurs mois en Suisse dans des familles qui leur ont ouvert leurs portes et leur coeur."

source Dernières Nouvelles d’Alsace 27/9/2011

Contacter la commissaire de l’exposition: Grit Keller, ?0049 711 2123997, Haus der Geschichte Baden-Württemberg, Urbansplatz 2, 70182 Stuttgart, Allemagne ; par e-mail : grit.keller@hdgbw.de